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[CRITIQUE] : Butcher's Crossing


Réalisateur : Gabe Polsky
Avec : Nicolas CageFred HechingerJeremy BobbXander Berkeley,…
Distributeur : MyCanal
Budget : -
Genre : Drame, Western.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min

Synopsis :
Un diplômé de l'université d'Harvard s'installe à Butcher's Crossing, dans les plaines du Kansas pour chasser un buffle légendaire.



Critique :


Ce n'est pas parce qu'il est désormais acquis que ce bon vieux Nicolas Cage se soit (plus ou moins) gentiment sorti de la mélasse des DTV de luxe difficilement défendables, que le bonhomme ne peut pas s'autoriser - volontairement où non - de figurer à l'occasion, au casting de quelques panouilles uniquement où presque bâties sur son propre nom, d'autant qu'il ne cesse d'annoncer que son temps dans le septième art, est compté.

Après tout, ça met encore un petit peu plus du beurre dans les épinards et force est d'admettre qu'il s'entiche suffisamment de projets alléchants, pour que la balance ne soit pas aussi déséquilibrée qu'elle le fut durant toute la dernière décennie.

Michael C.B. Stevens/Saban Films

Huit mois d'écart séparent ses deux incursions les plus récentes au sein du sacro-saint western purement américain, et c'est tout un monde à la vision à la fois de The Old Way de Brett Donowho, et du plus récent Butcher's Crossing de Gabe Polsky.
Si le premier était un western à l'ancienne sauce 50s/60s (cela dit sans le bol de spaghetti et/où la savoureuse odeur de poudre et de sang qui va avec), paresseusement écrit et réalisé/monté avec apathie, le second lui, se fait un morceau de cinéma définitivement plus sombre et rugueux, plus proche du western révisionniste des 70s/80s cher à Clint Eastwood.

Adaptation du roman éponyme de John E. Williams, faussement vendu comme un The Revenant bis mais vrai survival minimaliste qui culmine à un étonnant dernier virage voguant vers l'horreur psychologique - et l'inévitable affrontement entre les personnages, éprouvés par une nature impitoyable et revancharde -, le film, dont le pitch est savamment taillé à la serpe (une initiation à la dure d'un jeune diplômé d'Harvard en quête d'aventure, à la noirceur de l'humanité, alors qu'il se lance dans la chasse/traque d'un buffle légendaire aux côtés d'un vétéran farouchement intimidant), se fait autant un récit édifiant sur l'éradication du bison d'Amérique (le cinéaste n'épargne ni la violence, ni l'horreur de leur chasse à l'écran), qu'une parabole rugueuse sur l'avidité, l'arrogance et la folie de l'homme, toujours plus assoiffé par le sang et le Dieu dollars.

Saban Films

Alors certes, si l'on pourra sans doute taper un brin sur son rythme inégal et une écriture parfois assez manichéenne (même si sournoisement efficace dans ses thèmes essentiels), malgré de jolies références littéraires (Moby-Dick en tête) comme cinématographiques (le chef-d'œuvre Le Trésor de la Sierra Madre de John Huston), impossible de bouder son plaisir devant cette odyssée psychologique sombre et brutale, embaumé dans la superbe photographie de David Gallego, qui sublime les paysages somptueux du Montana (la réserve Blackfeet Nation, même si le film est censé poser ses caméras au Kansas).

Et que dire de la performance féroce et magnétique d'un Nic Cage se transformant en Achab des hautes plaines, bouffé par son orgueil et sa folie obsessionnel, diamant noir d'une séance définitivement plus recommandable qu'elle n'en a l'air.


Jonathan Chevrier


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