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[CRITIQUE] : Jone sometimes


Réalisatrice : Sara Fantova Barrena
Acteurs : Olaia Aguayo, Josean Bengoetxea, Ainhoa Artetxe, Elorri Arrizabalaga,...
Distributeur : La Fidèle Studio
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h20min

Synopsis :
Bilbao, août. Jone, 20 ans, vit son premier amour alors que la maladie de Parkinson de son père s’aggrave, deux événements qui coïncident en pleine Semana Grande de Bilbao. Ces expériences marquent un été décisif, au cours duquel Jone prend conscience de son passage de l’adolescence à l’âge adulte.






La magie du coming-of-age movie, quand bien même le genre a tellement été poncé jusqu'à la moelle qu'il ne semble plus grand chose à avoir à offrir à son auditoire (même si deux, trois surprises pointent le bout de leur nez chaque décennie), tient souvent à peu de choses : un où une héroïne furieusement empathique (et les chouettes seconds couteaux qui gravitent autour, dans le meilleur des cas), un cadre qui titille soit savamment notre nostalgie, soit notre désir de découverte, voire même une ambiance gentiment réconfortante (avec une bande originale savamment complice, évidemment).

À la différence de beaucoup de genres (quasiment tous, où pas loin), c'est donc souvent par la familiarité, plus ou moins assumée, qu'il convoque, à partir de laquelle on dissout quelques bribes d'une vision personnelle (qui tend - où non - vers l'universel), qu'un film qui l'aborde peut pleinement faire mouche.
En ce sens, et quand bien même elle s'avère, peut-être, l'une des séances les plus perfectibles de ce mercredi méchamment chargé, difficile de ne pas avoir envie de jeter un vrai coup de projecteur à un projet aussi frais et énergique que Jone Sometimes, premier long-métrage en solo de Sara Fantova Barrena.

Une oeuvre qui se pense plus comme un condensé d'instantanés qu'un coming-of-age movie narrativement bien charpenté (un minimalisme qui la sert autant qu'il la dessert), dans la volonté qu'à la cinéaste basque de faire se télescoper l'enthousiasme d'une jeunesse pleine d'espoir et de liberté, en pleine découverte de soi et du monde, et la dureté comme la vulnérabilité d'un âge adulte où les responsabilités/vérités sont souvent plus durs à porter/encaisser.

Au plus près de la jeune Jone, qui se laisse emporter par l'effervescence de l'amour comme de la Semana Grande de Bilbao, tout en étant brutalement rattraper par la réalité (un père dont elle tentait de s'émanciper, au moment où elle découvre qu'il est atteint de la maladie de Parkinson), Fantova saisit avec justesse et sensibilité le parcours intime, entre sororité, affirmation et réappropriation de soi, d'une figure émotionnellement troublée et tout en contradictions mais infiniment empathique et solaire (une fantastique Olaia Aguayo, dont c'est le premier rôle au cinéma), qui s'offre une parenthèse estivale (presque) enchantée

Tendre et sensuel, émouvant et pudique, Jone Sometimes aurait mérité une écriture plus charnue (notamment du côté de des personnages, taillés à la serpe), voire une mise en scène un poil plus assurée (malgré quelques plans caméra à l'épaule plutôt convaincant), pour pleinement marquer, mais rares sont les efforts à tromper les familiarités inhérentes au genre, avec autant de panache et d'authenticité.
Un joli moment de cinéma.


Jonathan Chevrier