[CRITIQUE] : Histoires de la bonne vallée
Réalisateur : José Luis Guerin
Acteurs : -
Distributeur : Shellac
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 2h02min
Synopsis :
En marge de Barcelone, Vallbona est une enclave entourée par une rivière, des voies ferrées et une autoroute. Antonio, fils d'ouvriers catalans, y cultive des fleurs depuis près de 90 ans. Il est rejoint par Makome, Norma, Tatiana, venus de tous horizons… Au rythme de la musique, des baignades interdites et des amours naissants, une forme poétique de résistance émerge face aux conflits urbains, sociaux et identitaires du monde.
L'avantage, autant que les inconvénients, de l'offre proprement démesurée de sorties débarquant à la fois en salles et sur les plateformes de streaming depuis trois, quatre bonnes années maintenant, fait que nous n'avons parfois (en vrai, tout le temps, soyons honnête deux minutes avec toi, cher lecteur adoré) pas le temps d'en découvrir ne serait-ce que la moitié - excepté lorsque l'on hiberne, volontairement, dans nos salles obscures favorites.
Une réalité qui est, dans un sens, assez grisante puisque l'on a toujours quelque chose à voir (contrairement aux " cinéphiles " ayant tout vu, lu où analysé dès les premières secondes d'une bande annonce... shame on you all), mais aussi furieusement frustrante tant on est obligé de faire des choix et de laisser énormément de séances de côté, d'autant plus lorsque l'on a même pas connaissance de leur sortie - petite crotte de nez pleine d'amour pour toi, Prime Vidéo.
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| Copyright Shellac |
Condamné à être écrasé par le très (trop) imposant Avatar : De Feu et de Cendres de James Cameron, Histoires de la bonne vallée de José Luis Guerin incarne pourtant l'une des propositions les plus intéressantes de la semaine, cartographie d'une précarité urbaine à la familiarité de plus en plus alarmante, flanqué dans le quartier nord de Vallbona, à la périphérie d'une Barcelone dont il devient rattaché de toute part, où chaque intervenant sert de moelle épinière vibrante, de mosaïque lucide et texturée d'une mémoire rurale et agricole (qui, comme les corps, à un temps limité sur cette terre) victime d'une migration comme d'une gentrification galopante, d'une dégradation constante de la qualité de vie sous l'argument sentencieux d'un progrès " nécessaire ".
Portrait merveilleusement authentique, humaniste et spontané, d'un véritable havre de paix laminé par la modernité, dont le moindre petit acte de préservation/conservation d'identité à tout d'une résistance à la fois douloureusement vaine mais essentielle, Histoires de la bonne vallée se fait une oeuvre douce, poétique et rythmée comme un bon flamenco, et vaut chèrement son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier







