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[CRITIQUE] : Blackbird, Blackberry


Réalisatrice : Elene Naveriani
Avec : Eka ChavleishviliTeimuraz ChinchinadzeLia AbuladzeRezi Karosanidze,…
Distributeur : Capricci Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Géorgien, Suisse.
Durée : 1h50min

Synopsis :
Ethéro tient une épicerie dans un petit village reculé en Géorgie. À 48 ans, cette femme indépendante et solitaire découvre tardivement l’amour et sa sexualité. Alors que cette passion nouvelle change sa façon d’envisager son avenir, elle doit faire face aux commérages des femmes de sa communauté et aux fantômes des figures patriarcales de sa famille. 



Critique :


Si l'amour n'est pas censé avoir d'âge (mais avec des nuances, ne partons pas dans les extrêmes), l'union des corps elle, paradoxalement, semble avoir une date de péremption, un âge ou elle devient étrangement tabou - où caca, pour les plus fragiles -, fruit de conventions peroxydées gangrénant une société contemporaine aux multiples visages, où tout où presque est constamment sexualisé (avant tout et surtout, le corps des femmes), mais où la sexualité n'a pas forcément sa place dans les discussions.

L'ouroboros, tout ça, tout ça.

Copyright Alva Film / Takes Film

Ses conventions, la cinéaste géorgienne Elene Naveriani les combats d'une manière aussi astucieuse que vibrante, à travers son troisième long-métrage, Blackbird, Blackberry, drame intime et féministe adapté du roman Blackbird Blackbird Blackberry de Tamta Melashvili, vissé sur l'éveil sensuel et sexuel tardif d'une femme à l'aube de la cinquantaine, au cœur d'une petite communauté - pas si - unie de la campagne géorgienne.
Soit Etero, que l'on découvre littéralement au bord de la mort (et d'un ravin), alors qu'elle cueillait des mûres - elle se verra d'ailleurs mourir dans une vision où la foule se rassemble autour de son cadavre.
Un évènement loin d'être banal, qui aiguisera sa reconnaissance aiguë de la banalité de son existence.

Considéré comme une " vieille fille ", elle gère seule autant son existence que l'épicerie locale, joyeusement détachée et contenté (son manque de sociabilité est autant une caparace qu'un acte de lucidité vu son entourage) par son statut social : elle est une âme chaleureuse et appréciée de tous (même si un brin austère aussi, la faute à un passé familial qui a forgé son existence), quand bien même on se moque d'elle le dos tourné.
Tout bascule lorsqu'elle expérimente les effets transformateurs et liberateurs d'une rencontre sexuelle impromptue avec Mourmane - un homme qui lui livre des marchandises -, qu'elle goûte aux joies de la passion au point de repenser un avenir qu'elle croyait gravé dans le marbre de la solitude...

Copyright Alva Film / Takes Film

Dépeignant avec une vérité délicate la réalité d'une Géorgie rurale dont elle remet totalement en question l'ombre patriarcale hétéronormative écrasante, à travers l'émancipation tardive d'une figure féminine inspirante et campée avec force sur ses positions - même si ouverte aux aléas du hasard -, Elene Naveriani fait de Blackbird, Blackberry autant une belle odyssée intime qu'un magnifique portrait de femme enfermée par les conventions, mais qui s'ouvre peu à peu au monde dans une renaissance à la fois inespérée et salutaire.

Un drame authentique et sans filtre, par une cinéaste qui l'est tout autant.


Jonathan Chevrier


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