[CRITIQUE] : Les Trois Mousquetaires : Milady
Réalisateur : Martin Bourboulon
Avec : François Civil, Eva Green, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Lyna Khoudri, Louis Garrel, Vicky Krieps, Oliver Jackson-Cohen,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Aventure, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h55min
Synopsis :
Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
Critique :
Dans une optique bigger & larger,#LesTroisMousquetairesMilady se jette dans les bras de l’action et met de côté toute intrigue dramatique. En résulte une suite indigeste dans ses péripéties, qui ne sait pas mettre en avant ses atouts ni sa relecture contemporaine (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/EZkVAG3W36
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 12, 2023
Plus qu’un énorme pavé à lire obligatoirement lors de nos années lycée, Les Trois Mousquetaires est une fierté nationale, dont il était de bon ton d’effacer le souvenir douloureux mais vivace de la vision hollywoodienne de Paul W.S Anderson avec une adaptation bien de chez nous. Il n’y a qu’à voir le casting où quatre des plus bankable acteurs français se rejoignent sous les traits des mousquetaires (François Civil, Pio Marmaï, Romain Duris et Vincent Cassel), ainsi que les actrices, avec des noms prestigieux (Eva Green, Vicky Krieps) et l’étoile montante Lyna Khoudri. Découpé en deux parties, Les Trois Mousquetaires version Bourboulon a eu son petit succès en avril dernier. Que vaut cette deuxième partie, intitulée Milady ?
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Nous avions laissé D’Artagnan gisant sur les pavés, quand sa bien-aimée Constance est enlevée sous ses yeux. Et c’est sur ces mêmes pavés que nous le retrouvons, après un résumé complet de la première partie, le film assumant son côté feuilleton du samedi soir. Il n’est plus question de collier perdu et de petits complots. Cette fois, la guerre est déclarée et devient la trame principale. Quelle personne Constance a-t-elle vue pour qu’elle soit enlevée ? Qui est derrière l’attaque de la cathédrale ? Ne vous inquiétez pas, le film ne vous laissera pas repartir sans vous donner les réponses.
C’est comment le film les dévoile que gît le problème. Il est bien simple, Milady n’a pas de temps à perdre. Les séquences s’enchaînent à une vitesse folle et envoient les personnages à Londres, à La Rochelle (enfin à Saint-Malo, les plus bretons d’entre nous ne se laisseront pas berner de cette façon), dans le sud, dans le nord, sur un champ de bataille, sans même essayer de souffler un peu. Si D’Artagnan posait l’univers, sa suite se recentre sur l’action pure. Bombardement, combat à l’épée, arme à feu, attaque nocturne, rien ne nous est épargné. Dans une photographie moins marronâtre (étalonnée de façon à combattre les plaintes suite à la première partie), Martin Bourboulon ne se départit pas de sa shaky-cam et de ses plans séquences dans une mise en scène rythmée à défaut d’être lisible. Le film continue également dans la même veine humoristique, le curseur peut-être un peu plus appuyé sur la bouffonade. Il n’est pas rare de voir Aramis et Porthos enchaîner les répliques comme s’ils jouaient un sketch, jusqu’à transformer certaines scènes en véritable sketch (une rencontre pleine de verve avec Alexis Michalik). Louis Garrel, seul acteur à tirer son épingle du jeu dans l’humour du film, incarne avec perfection un roi qui est aussi son propre bouffon.
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Suivant l’indication du titre, le personnage de Milady est au cœur du récit. Il faut s’en réjouir car elle est le seul personnage féminin à ne pas évoluer en faire-valoir ou en plante verte (Lyna Khoudri et Vicky Krieps). Martin Bourboulon propose une relecture dans l’air du temps, avec un personnage conscient de ses propres limites, conscient du patriarcat qui régit son monde. De femme fatale, elle devient une héroïne à part entière, victime du joug des hommes, obligée à trahir et à mentir pour sa survie. Il est alors dommage de synthétiser toute cette problématique par un dialogue expéditif, seul moment où le personnage se met à nu, avant de se replonger dans les tourments de D’Artagnan. S’il était évident que ce dernier serait également au cœur de l’intrigue, la caméra semble aimer un peu trop son évolution pour laisser de la place aux autres, les trois autres mousquetaires compris.
Dans une optique larger & bigger, Les Trois Mousquetaires : Milady se jette dans les bras de l’action et met de côté toute intrigue dramatique. En résulte une suite bien indigeste dans ses péripéties qui n’a pas su mettre en avant ses atouts, notamment la solide relecture contemporaine du personnage de Milady.
Laura Enjolvy