[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #146. Another 48hrs
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#146. 48 Heures de Plus de Walter Hill (1990)
Maître étalon du genre, et considéré plus ou moins à tort comme la première pierre moderne de son édifice (on oublie un peu vite Les Anges Gardiens de Richard Rush, avec Alan Arkin et James Caan), 48 Heures du roi Walter Hill, est de ces pépites du buddy movie qui fonctionnent avant tout et surtout par la force de sa dynamique des contraires absolument savoureuse.
Dite dynamique qui incarnera un mantra qui sera repris un nombre incalculable de fois au court des deux décennies suivantes : deux types croqués juste ce qu'il faut (pas besoin d'en savoir plus que ce que l'on voit), totalement différents l'un de l'autre et qui se détestent copieusement, contraints de faire équipe pour mener à bien une enquête à l'issue incertaine, au coeur d'un cadre urbain inhospitalier et méchamment violent.
Petit miracle en soit (une production heel qui dura un bon moment, lui qui était au départ voulu pour l'alléchant tandem Richard Pryor/Clint Eastwood), Joel " Silver-ien " jusqu'au bout de la pellicule, capté par la caméra en or massive d'un cinéaste qui n'a pas son pareil pour glorifier la camaraderie virile au sein d'une atmosphère un brin nihiliste, 48 Heures pose les bases de ce que Shane Black, Richard Donner et John McTiernan sublimeront quelques temps plus tard, et se savoure avec un plaisir à peine égratigné par l'accumulation des années sur sa bobine.
Un poil inférieur, la faute à un montage tronqué (la Paramount a raccourci le cut de Hill, qui plafonnait à 2h25, plombant le développement de l'Ange Bleu, campé par feu le génial Brion James), et extension d'une histoire certes réglée comme du papier à musique, mais appelée à être éculée dès le générique de fin enclenché, 48 Heures de Plus (tout est dans le titre) vaut néanmoins gentiment son pesant de pop-corn, quand bien même il raccroche tous les wagons avec la finesse d'un hippopotame en rut (comme cette machination de " l'Ange bleu ", qui rallonge de plusieurs années la peine de Reggie Hammond, censé sortir quelques mois après sa collaboration avec Cates, et qui serait le détenteur du magot que lui et Ganz auraient dérobé en amont du premier opus).
Plus riche en brutalité et en éclats de castagnes (symbole encore plus criant d'une Amérique à la violence décomplexée), sans pour autant laisser de côté son humour sec et jouissif, et encore moins ses contours de western urbain (la " Hill's touch " so Peckinpah, même si le bonhomme fait le strict minimum derrière la caméra), cette suite recycle sans remords la même structure que son illustre aîné (en plus confus, car il n'est jamais réellement question d'une histoire se déroulant dans l'urgence des 48h, unité de temps qui indiquait la permission de sortie de Reggie dans 48Hrs), même dans l'écriture sommaire de ses personnages qui n'ont pas où presque, évolués (Cates boit moins et à perdu sa femme... c'est tout), tout comme l'amitié entre les deux héros, qui se résume à la même redite baston/vannes/dialogues sans profondeur.
Et pourtant, même s'il n'a réellement existé que pour relancer la carrière de Murphy après le four (injuste) de son Harlem Nights, Another 48hrs, encore pleinement dans un jus 80s, incarne un divertissement hargneux porté par des trognes géniales, qui ne sont pas tant des symboles d'un american dream désabusé que des hommes humains, vulnérables et touchants dans leurs (gros) défauts.
Nostalgie quand tu nous tiens...
Jonathan Chevrier
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#146. 48 Heures de Plus de Walter Hill (1990)
Maître étalon du genre, et considéré plus ou moins à tort comme la première pierre moderne de son édifice (on oublie un peu vite Les Anges Gardiens de Richard Rush, avec Alan Arkin et James Caan), 48 Heures du roi Walter Hill, est de ces pépites du buddy movie qui fonctionnent avant tout et surtout par la force de sa dynamique des contraires absolument savoureuse.
Dite dynamique qui incarnera un mantra qui sera repris un nombre incalculable de fois au court des deux décennies suivantes : deux types croqués juste ce qu'il faut (pas besoin d'en savoir plus que ce que l'on voit), totalement différents l'un de l'autre et qui se détestent copieusement, contraints de faire équipe pour mener à bien une enquête à l'issue incertaine, au coeur d'un cadre urbain inhospitalier et méchamment violent.
© 1990 - Paramount Pictures. All Rights Reserved |
Petit miracle en soit (une production heel qui dura un bon moment, lui qui était au départ voulu pour l'alléchant tandem Richard Pryor/Clint Eastwood), Joel " Silver-ien " jusqu'au bout de la pellicule, capté par la caméra en or massive d'un cinéaste qui n'a pas son pareil pour glorifier la camaraderie virile au sein d'une atmosphère un brin nihiliste, 48 Heures pose les bases de ce que Shane Black, Richard Donner et John McTiernan sublimeront quelques temps plus tard, et se savoure avec un plaisir à peine égratigné par l'accumulation des années sur sa bobine.
Un poil inférieur, la faute à un montage tronqué (la Paramount a raccourci le cut de Hill, qui plafonnait à 2h25, plombant le développement de l'Ange Bleu, campé par feu le génial Brion James), et extension d'une histoire certes réglée comme du papier à musique, mais appelée à être éculée dès le générique de fin enclenché, 48 Heures de Plus (tout est dans le titre) vaut néanmoins gentiment son pesant de pop-corn, quand bien même il raccroche tous les wagons avec la finesse d'un hippopotame en rut (comme cette machination de " l'Ange bleu ", qui rallonge de plusieurs années la peine de Reggie Hammond, censé sortir quelques mois après sa collaboration avec Cates, et qui serait le détenteur du magot que lui et Ganz auraient dérobé en amont du premier opus).
© 1990 - Paramount Pictures. All Rights Reserved |
Plus riche en brutalité et en éclats de castagnes (symbole encore plus criant d'une Amérique à la violence décomplexée), sans pour autant laisser de côté son humour sec et jouissif, et encore moins ses contours de western urbain (la " Hill's touch " so Peckinpah, même si le bonhomme fait le strict minimum derrière la caméra), cette suite recycle sans remords la même structure que son illustre aîné (en plus confus, car il n'est jamais réellement question d'une histoire se déroulant dans l'urgence des 48h, unité de temps qui indiquait la permission de sortie de Reggie dans 48Hrs), même dans l'écriture sommaire de ses personnages qui n'ont pas où presque, évolués (Cates boit moins et à perdu sa femme... c'est tout), tout comme l'amitié entre les deux héros, qui se résume à la même redite baston/vannes/dialogues sans profondeur.
Et pourtant, même s'il n'a réellement existé que pour relancer la carrière de Murphy après le four (injuste) de son Harlem Nights, Another 48hrs, encore pleinement dans un jus 80s, incarne un divertissement hargneux porté par des trognes géniales, qui ne sont pas tant des symboles d'un american dream désabusé que des hommes humains, vulnérables et touchants dans leurs (gros) défauts.
Nostalgie quand tu nous tiens...
Jonathan Chevrier