[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #179. Deal of The Century
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#179. Le Coup du Siècle de William Friedkin (1983)
Il y a, définitivement, des lundis qui vous claquent la gueule plus que les autres, qu'on se lève du mauvais pied, qu'on manque un métro où qu'un collègue, un client, un patient titille plus que de raison votre patience : il y a des lundis de merde, et des lundis vraiment merdeux.
Celui du 7 août 2023 se pose bien-là, car au-delà de tout événement personnel, le cinéphile est en deuil : l'immense William Friedkin n'est plus, orfèvre d'exception, véritable poil à gratter magique et provocateur d'un cinéma ricain qui n'aurait décemment pas été pareil sans lui, le papa de To Live and Die and L.A. n'est plus et ça, c'est une nouvelle à te foutre en l'air ton lundi, et pas qu'un peu.
Il est désormais le temps, si ce n'était pas déjà le cas, à l'occasion, de se pencher avec nostalgie sur sa foisonnante carrière, et si beaucoup tendront à célébrer ses plus hauts faits (et c'est tout à fait normal et légitime), il est tout aussi plaisant de se pencher sur des œuvres si ce n'est plus mineures - en comparaison avec ses chefs-d'œuvres -, au minimum injustement oubliées, voire injustement conspuées.
Clairement de cette pellicule-là, Deal of The Century, sympathique comédie noire et satirique anti-etablishment, dont le constat de sa production près de quatre décennies plus tard, laisse savoureusement penser qu'elle n'était pas tant si volontairement ridicule et absurde, que profondément prémonitoire (le scandale politico-militaire Iran-Contra, qui explosera quelques années plus tard) dans sa manière de célébrer aussi bien les dérives du capitalisme et de notre société de (sur)consommation, que l'amour obsessionnel et patriotique de l'Amérique, pour sa propre puissance de feu et son interventionnisme abusif (pour " neutraliser des conflits " qu'ils disaient déjà, à l'époque).
Vissé sur les atermoiements romantico-professionnels de trois revendeurs d'armes de guerre apolitiques et sans scrupules, capable de tout pour un Dieu dollar qu'il vénère aveuglément (fantastique trio Chevy Chase, Sigourney Weaver et feu le regretté Gregory Hines), le film, catapulté en pleine Guerre Froide (où comment trouver le cadre le plus pertinent qui soit, pour traiter du complexe militaro-industriel ricain) et mettant en scène un super-drone furtif et destructeur (qui a dit Firefox ?), peine peut-être un brin dans son humour, avec un Friedkin qui aurait pu y aller plus franco - à tous les niveaux -, mais vaut clairement son pesant de pop-corn, et encore plus aujourd'hui.
Pas mémorable donc, mais furieusement sympathique et ne méritant en aucun cas l'opprobre.
Jonathan Chevrier
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#179. Le Coup du Siècle de William Friedkin (1983)
Il y a, définitivement, des lundis qui vous claquent la gueule plus que les autres, qu'on se lève du mauvais pied, qu'on manque un métro où qu'un collègue, un client, un patient titille plus que de raison votre patience : il y a des lundis de merde, et des lundis vraiment merdeux.
Celui du 7 août 2023 se pose bien-là, car au-delà de tout événement personnel, le cinéphile est en deuil : l'immense William Friedkin n'est plus, orfèvre d'exception, véritable poil à gratter magique et provocateur d'un cinéma ricain qui n'aurait décemment pas été pareil sans lui, le papa de To Live and Die and L.A. n'est plus et ça, c'est une nouvelle à te foutre en l'air ton lundi, et pas qu'un peu.
Il est désormais le temps, si ce n'était pas déjà le cas, à l'occasion, de se pencher avec nostalgie sur sa foisonnante carrière, et si beaucoup tendront à célébrer ses plus hauts faits (et c'est tout à fait normal et légitime), il est tout aussi plaisant de se pencher sur des œuvres si ce n'est plus mineures - en comparaison avec ses chefs-d'œuvres -, au minimum injustement oubliées, voire injustement conspuées.
© 1983 - Warner Bros. Pictures. All Rights Reserved. |
Clairement de cette pellicule-là, Deal of The Century, sympathique comédie noire et satirique anti-etablishment, dont le constat de sa production près de quatre décennies plus tard, laisse savoureusement penser qu'elle n'était pas tant si volontairement ridicule et absurde, que profondément prémonitoire (le scandale politico-militaire Iran-Contra, qui explosera quelques années plus tard) dans sa manière de célébrer aussi bien les dérives du capitalisme et de notre société de (sur)consommation, que l'amour obsessionnel et patriotique de l'Amérique, pour sa propre puissance de feu et son interventionnisme abusif (pour " neutraliser des conflits " qu'ils disaient déjà, à l'époque).
Vissé sur les atermoiements romantico-professionnels de trois revendeurs d'armes de guerre apolitiques et sans scrupules, capable de tout pour un Dieu dollar qu'il vénère aveuglément (fantastique trio Chevy Chase, Sigourney Weaver et feu le regretté Gregory Hines), le film, catapulté en pleine Guerre Froide (où comment trouver le cadre le plus pertinent qui soit, pour traiter du complexe militaro-industriel ricain) et mettant en scène un super-drone furtif et destructeur (qui a dit Firefox ?), peine peut-être un brin dans son humour, avec un Friedkin qui aurait pu y aller plus franco - à tous les niveaux -, mais vaut clairement son pesant de pop-corn, et encore plus aujourd'hui.
Pas mémorable donc, mais furieusement sympathique et ne méritant en aucun cas l'opprobre.
Jonathan Chevrier