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[CRITIQUE] : Super-Bourrés


Réalisateur : Bastien Milheau
Avec : Pierre Gommé, Nina Poletto, Barbara Schulz, Vincent Moscato, Jason Chicandier, Jean Lasalle,...
Distributeur : Zinc Film
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h19min

Synopsis :
Dernière journée avant la fin du lycée. Janus et Sam doivent apporter à boire pour participer à la fête de fin d'année. Alors qu’ils fouillent dans la cave du père de Janus à la recherche de bouteilles, ils font la découverte d'une étrange machine...



Critique :


Au-delà des évasions légères de Cédric Klapisch (Le Péril Jeune fait d'ailleurs peau neuve en salles, depuis le début du mois), on ne peut pas réellement dire que le septième art hexagonal c'était montré sensiblement habile dans ses incursions au cœur d'une comédie adolescente/teen movie, dominée de la tête et des épaules par nos camarades de l'autre côté de la Manche et de l'Atlantique.

Reste que quelques irréductibles gaulois ont tentés avec brio (d'autres moins, évidemment, mais ne gardons en tête que le positif hein), de corriger le tir avec des péloches hautement recommandables (on pense instinctivement à Les Magnétiques de Vincent Maël Cardona, à À l'Abordage de Guillaume Brac, à Le Nouveau de Rudi Rosenberg, au magnifique Falcon Lake de Charlotte Le Bon où même Stella est amoureuse de Sylvie Verheyde).

Copyright Take Shelter - Cine - Zinc

À la différence du récent Juniors d'Hugo P. Thomas qui, s'il était intéressant dans sa volonté de faire naître son initiation à la dure de l'âge adulte, par la force brutale d'un mensonge incontrôlable, avant de vite patauger dans la semoule pour tenter de rendre son odyssée transgressive/amorale un tant soit peu drôle, attachante mais surtout plaisante à suivre; Super-Bourrés de Bastien Milheau lui, embrasse plus franchement les courbes de l'innocence et de la potacherie pure, dans ce qui peut se voir comme une sorte de rejeton certes perfectible mais jouissif, entre SuperGrave, Les Beaux Gosses et l'art de la débrouille d'un Microbe et Gasoil, avec un double récit initiatique joliment prononcé.

Un teen/road/feel good movie à l'américaine tout en ayant une identité bien française (comme toute bonne comédie régionale qui se respecte), flanqué dans un village du Sud-Ouest pittoresque aux habitants atypiques, où l'alcool est tout simplement bannie par la mairesse, à la suite du décès de son mari dans un accident de voiture, alors qu'il était en état d'ivresse.
Un petit côté Footloose donc (shame on you, si tu n'as pas la réf), où les Ren McCormack et Ariel Moore du coin sont deux ados, Janus et Sam, aux personnalités - tout comme leurs aspirations - dissemblables mais complémentaires, qui vont se faire aventuriers de la bibine perdue pour participer à la fête de fin d'année, quitte à devoir créer le fruit de la future beuverie par eux-mêmes.

Copyright Take Shelter - Cine - Zinc

On roule sur du velours donc, entre les quelques saillies trashouilles et les bons sentiments dégainés avec une sincérité difficilement discutable (les nécessités d'héritage, de devoir de mémoire sur un terroir à l'identité lentement effacée par la société contemporaine, les notions d'ouverture, d'inclusion et de tolérance,...).
Et même si rien n'est fait pour que cela pète plus que de raison dans la soie de l'originalité, qu'importe, la séduction est totale et le charme de son couple vedette Pierre Gommé/Nina Poletto fait admirablement bien son office, couplé à la vision humble et sincère de Milheau, qui évite soigneusement quelques poncifs - quitte à, il est vrai, mieux se perdre dans d'autres -, pour mieux cartographier avec délicatesse et subtilité les passages obligées du dur - et parfois expéditif - passage à la vie d'adulte, vissé sur l'énergie folle d'un tandem fabuleusement ordinaire.

Cocasse et mélancolique, charmant et décalé, tout en étant intelligemment expurgé de tout relent de romcom sirupeuse, Super-Bourrés, aussi expéditif qu'une tournée de shots de tequila, se fait un coming-of-age movie emballé et emballant qui vaut gentiment le déplacement, porté par un vrai amour de ses personnages et d'un territoire familier.


Jonathan Chevrier


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