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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #181. Par où t’es rentré... on t’a pas vu sortir

Copyright Carthago Films


Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se baladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leur mot à dire...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !


#181. Par où t'es rentré... on t'a pas vu sortir de Philippe Clair (1984)

Si l'on dénigre abusivement aujourd'hui tout ce qui nous faisait rire jadis, comme si l'humour se devait d'avoir une date de péremption face à la bienséance, rares sont les comédies populaires à appeler autant les esclaffements sincères et gras, que les productions de Philippe Clair, sommet de délires foutraque ou les gags sont résolument plus importants que l'histoire elle-même.
Au sommet de sa gloire, le cinéaste s'était carrément offert le luxe de partager la vedette aux côtés du légendaire Jerry Lewis - au lendemain de La Valse des Pantins de Scorsese -, dans ce qui reste l'un de ses efforts les plus géniaux et (volontairement) WTF-esque : Par où t'es rentré... on t'a pas vu sortir, titre qui par ailleurs, ne trouve jamais vraiment sa justification au coeur du film, mais appuie totalement le statut savoureusement nanardesque d'une oeuvre qui s'assume et assume tout de bout en bout.
Ou les aléas du pire détective privé du tout Paris, Clovis Blaireau (Lewis), pied-noir et fils d’un GI de passage qu’il n’a jamais connu, mais qui fantasme comme un dingue sur ses origines américaines, au grand dam de sa maman (l'immense Jackie Sardou), chez qui il vit toujours.
Et sa vie va passablement changer le jour où il est sommé par madame de Courtaboeuf, de prendre sur le fait accompli d'adultère son mari Prosper (alors que celle qui trompe dans ce mariage, c'est bien elle), pied-noir parti de rien et devenu riche par la force de sa persévérance, et qui étouffe sous le poid de l'argent.

Copyright Carthago Films

Sa rencontre avec Clovis, qui va devenir son meilleur ami alors qu'il a longtemps voulu le coincer avec un faux adultère, va les mener au coeur d'une aventure folle ou ils devront échapper à un tueur mais surtout contrer un complot autour dans la guerre entre les partisans du fast-food - dirigés par l'affreux Ben Burger, qui a entrepris d'américaniser Tunis - et ceux du couscous...
Totalement imprévisible jusque dans son équipe technique (Alan " Fucking " Silvestri à la B.O, et qu'elle B.O jouissive !), alignant les gags à la pelle tout en ayant totalement fit qu'une bonne partie ne fonctionne pas, n'ayant peur de rien et encore moins de mettre en lumière du cabotinage extrême (même Jerry, caricaturant son style tout en étant pourtant, toujours aussi drôle et touchant : il s'éclate et nous aussi); Par où t'es rentré... on t'a pas vu sortir est un petit OFNI génial, fruit d'une époque révolue ou la comédie n'avait décemment pas de frontière ni de barrières (rire de tout mais avec tout le monde), ou elle avait des choses pas si bêtes à revendiquer (charge simple mais réelle, sur les dangers de la surconsommation de masse de la société contemporaine, mais aussi sur l'américanisation des pays d'Afrique du Nord), ou la nudité (ici légère) n'était pas encore gommée - voire officieusement proscrite -, ou le politiquement correct se heurtait à une liberté de ton salutaire (et non à de la vulgarité facile, comme le disait si mal là critique de l'époque), et où l'humour sous toutes ses formes, n'avait de limite que celles dont certains se bornaient stupidement à s'imposer.
Inutile de dire que pouvoir, malgré les préjugés faciles à son égard (oui c'est absurde, oui cela ne raconte rien de cohérent et ça part souvent en cacahuète... ou plutôt en couscous : et alors ?), se laisse bercer par la nostalgie de comédies populaires légères et bienveillantes comme on n'en fait plus, via des supports physiques respectueux (les VHS sont poncées à mort), serait un bonheur dont les spectateurs biberonés à ses séances en aurait bien besoin aujourd'hui.
Et la filmographie de Philippe Clair le mériterait, sincèrement.


Jonathan Chevrier


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