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[CRITIQUE] : Les Ombres Persanes


Réalisateur : Mani Haghighi
Acteurs : Taraneh Alidoosti, Navid MohammadzadehEsmail Poor-Reza,....
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Iranien.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
À Téhéran, un homme et une femme découvrent par hasard qu’un autre couple leur ressemble trait pour trait. Passé le trouble et l’incompréhension va naître une histoire d’amour... et de manipulation.



Critique :

On avait laissé le cinéma du trublion génial Mani Haghighi en 2018 (même s'il a signé, entre-temps, le script de l'excellent Marché Noir, sorti l'an dernier) en 2018 avec Pig - nope, pas celui avec Nicolas Cage -, pure odyssée noire, cash et colorée, aussi jouissivement corrosive et déroutante qu'elle est férocement troublante, une pépite absurde et cruelle aux plusieurs niveaux de lecture, qui rappellait instinctivement les plus belles farces subversives d'Alex de la Iglesia.

Un esprit hispanique qui irrigue pleinement Les Ombres Persanes, tout du long logé entre le drame social et intimiste, le thriller psychologique et le fantastique furieusement tendu et anxiogène, pour lequel il fait se réunir les merveilleux Navid Mohammadzadeh et Taraneh Alidoosti, un an à peine après Leila et ses Frères de Saeed Roustayi.

Copyright FILMS BOUTIQUE - MAJID FILM PRODUCTION - DARK PRECURSOR PRODUCTIONS

Noué autour du concept du dopplegänger qui cite directement le brillant Enemy de Denis Villeneuve, la narration se visse sur la découverte troublante d'une jeune femme anxieuse et éteinte, Farzaneh, qui aperçoit son mari, Jalal, entrant dans l'appartement d'une autre femme.
L'événement catalyseur de la découverte de sosies qui leur ressemble trait pour trait, Bita et Moshen, mais dont la vie est résolument plus aisée et moins émoussé - en apparence - par les liens du mariage.
Un monde de tous les possibles dans lequel Farzaneh ne va pas hésiter à s'engouffrer, quitte à s'y perdre, elle qui ne saura très vite plus ou est sa place, si tenté qu'elle le savait déjà auparavant...

Véritable jeu de miroirs déformants, où le cinéaste torture habilement les notions d'identité et de fidélité mais également sur le trouble de la dualité humaine (où comment l'aperçu d'une vie différente, d'un épanouissement plus affirmé, fait tout imploser de l'intérieur), tout en faisant implicitement allusion à l'assujettissement du peuple iranien, et à sa passivité face à son emprisonnement existentiel (tout en incarnant également, un récit édifiant contre l'autorité masculine toxique); Les Ombres Persanes, flanqué dans un Téhéran écrasé par la pluie (la fatalité ?), bouscule autant qu'il fascine dans sa manière d'explorer la désillusion qui étouffe l'Iran contemporaine.

Copyright FILMS BOUTIQUE - MAJID FILM PRODUCTION - DARK PRECURSOR PRODUCTIONS

Où quand la notion du double exacerbe les comportements de ses protagonistes, que ce soit le déterminisme social des uns, où la solitude dévastatrice des autres.
Une sacrée expérience concoctée par un Mani Haghighi en pleine possession de son récit (co-signé avec Amir Reza Koohestani) et qui est définitivement, à l'instar d'un Saeed Roustayi, comme un poisson dans l'eau au cœur du thriller social racé et intelligent tout droit venu d'Iran.


Jonathan Chevrier

 

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