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[CRITIQUE] : Les Meutes


Réalisateur : Kamal Lazraq
Acteurs : Ayoub Elaid, Abdellatif MasstouriMohamed Hmimsa,....
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Français, Marocain, Belge, Saoudien, Qatari.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Ce film est présenté en sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2023

Dans les faubourgs populaires de Casablanca, Hassan et Issam, père et fils, vivent au jour le jour, enchaînant les petits trafics pour la pègre locale. Un soir, ils sont chargés de kidnapper un homme. Commence alors une longue nuit à travers les bas-fonds de la ville...



Critique :


D'une manière un peu brute de pomme, mais surtout totalement improbable, Les Meutes, estampillé premier long-métrage coup de poing du wannabe cinéaste Kamal Lazraq, primé - à raison - lors de la dernière réunion cannoise, à un vrai point commun avec la franchise John Wick de Chad Stahelski, dont le quatrième opus est sorti un peu plus tôt cette année : les narrations des deux films basculent à la mort d'un chien.

Si la mort tragique et brutale du chien - Daisy - du légendaire tueur incarné par Keanu Reeves, servira d'élément déclencheur à une spirale vengeresse à l'hyper-violence gentiment démesurée (qui dépassera même très vite, le statut de simple vengeance), la mort d'un chien, cette fois ci de combat ici, déclenche également une vengeance, résolument moins sanglante mais surtout infiniment plus maladroite, moteur d'une épopée aux antipodes esthétiques, sociaux et moraux de la franchise américaine.

Copyright Ad Vitam

Itinéraire non pas d'un après-midi, mais d'une nuit de chien, vissé sur l'odyssée nocturne d'Hassan et de son fils Issam, cherchant à se débarrasser du cadavre d'un type qu'ils ont accidentellement tué alors qu'il tentait de le kidnapper, le film se fait une expérience formidablement urgente et désespérée, réfugiée dans un réalisme brut et dénué de tout artifice putassier, la caméra se fait le compagnon intime et jamais inquisitrice de ces deux losers pas vraiment magnifiques (et tout droit échappés d'un trip des frangins Coen), parcourant les recoins les plus marginaux d'une Casablanca rarement aussi vénéneuse à l'écran.

Tout n'est que fureur et désespoir, les diverses tribulations et la malchance du tandem ne faisant que lentement mais sûrement affecter leur croyance autant que leurs liens (dans de tels situations, il n'y a plus de place pour rien ni personne, pas même pour un père qui sacrifierait tout pour protéger son fils), au coeur d'une intrigue questionnant continuellement la moralité et l'humanité d'hommes volontairement mis à la marge d'une société marocaine, où ils ne sont pas mieux considérés que des chiens errants, ne pouvant s'en sortir quand épousant une criminalité (quitte à ce que cela rendre en totale contradiction avec leur foi) qui ne fait que renforcer encore un peu plus, leur marginalité.
Un premier effort puissant, magnifique et sans concession.


Jonathan Chevrier


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