[CRITIQUE] : Le Processus de Paix

Réalisateur : Ilan Klipper
Acteurs : Camille Chamoux, Damien Bonnard, Ariane Ascaride, Jeanne Balibar, Sofian Khammes,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Romance, Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min.

Synopsis :
Quand on s’aime mais qu’on ne se supporte plus, qu’est-ce qu’on fait ?
Marie et Simon sont profondément amoureux, malgré les disputes constantes dans leur vie de couple. Pour ne pas se séparer, ils se lancent dans une aventure un peu folle : établir une liste de règles qu’ils devront suivre coûte que coûte. Ils l’appellent la charte Universelle des droits du couple.

Critique :

Rien de bien nouveau de prime abord, sous le soleil Alenien du couple moderne et pourtant #LeProcessusDePaix détonne dans sa volonté brute de scruter ses vicissitudes à sa lente érosion, aussi bien porté par une écriture ciselée qu'un ton funambule, à la fois drôle et grinçant. pic.twitter.com/brMgNEGEoQ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 14, 2023

Il n'est pas totalement dissonant de dire que la désopilante Camille Chamoux n'a pas forcément eu, jusqu'à maintenant tout dû moins, la carrière cinématographique qu'elle mérite où plutôt, celle que sa prestation solaire et hilarante dans l'excellent Les Gazelles de Mona Achache, pouvait le laisser entendre.
La faute peut-être (sans doute) à des propositions pas toujours défendables et ne mettant pas toujours en valeur son humour, à la différence du petit écran, bien que quelques exceptions subsistent : Premières Vacances de Patrick Cassir en tête, pour lequel elle est également crédité au scénario - pas un hasard.

Les choses prendront peut-être un virage nettement plus heureux à l'avenir, après la réception du nouveau long-métrage d'Ilan Klipper (pour lequel elle a déjà tourné par deux fois, pour Le ciel étoile au-dessus de ma tête et Funambules), Le Processus de Paix, petit morceau de screwball comedy à la lisière de la farce satirique, visant à prendre en épingle les atermoiements et autres crises, d'un couple bobo parisien lambda.

Soit Marie et Simon (elle est animatrice radio, il est universitaire) deux quarantenaires qui s'aiment sincèrement et parents de deux enfants, mais qui n'ont de cesse de communiquer par des disputes pas toujours fondés.
Désemparés face à cette situation, ils décident d’établir une liste de règles sous la forme d’une charte de respect mutuel, sorte de procédé démocratico-loufoque pour sauver ce qu'il reste d'un mariage qui prend l'eau, une armistice dans le champ de mines que peut être la vie de couple.
Mais, évidemment, ce désir de sérénité ne sera pas aussi simple à obtenir que par un respect scrupuleux de ces quelques lignes directrices, d'autant que les tensions ne naissent pas uniquement via les frictions qui animent leurs rapports...

Rien de bien nouveau de prime abord, sous le soleil Alenien (lui-même un brin Bergmanien, avec un doigt de judéité en prime) du couple moderne, de ses vicissitudes à sa lente érosion, mais toute la force du long-métrage réside justement dans sa manière d'aborder avec dévotion et énergie le genre et ses codes, soignant autant ses dialogues ciselés que son ton funambule, reste tout du long à la lisière entre le (très) drôle et le gentiment grinçant.

Taquin et pertinent dans sa volonté de souligner sans trop appuyer son propos (la fragilité des sentiments et de la vie de couple, où comment faire perdurer la flamme sans l'étouffer), tout en n'ayant jamais peur de frapper là où ça fait mal; Le Processus de Paix bouscule et séduit par sa manière brute, réaliste et désopilante de montrer la vie de couple dans ce qu'elle a de plus banale et familière.
Alors si en plus, au-delà de la complicité folle qui unit son étincelant couple vedette Damien Bonnard/Camille Chamoux, l'humour nait aussi de seconds couteaux exceptionnels (Ariane Ascaride, Jeanne Balibar et Sofian Khammes en tête), que dire de plus si ce n'est... foncez en salles.

Jonathan Chevrier