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[CRITIQUE] : Cléo, Melvil et moi


Réalisateur : Arnaud Viard
Avec : Arnaud Viard, Marianne Denicourt, Romane Bohringer, Cléo et Melvil Garcin Viard
Distributeur : Moonlight Films Distribution
Budget : -
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français
Durée : 1h13min

Synopsis :
Dans le Paris désert du premier confinement, Arnaud, 55 ans, séparé d’Isabelle et père de deux enfants, va profiter de ces 55 jours pour prendre soin d’eux et faire le point sur sa vie ; ce qui le conduit aux souvenirs mais aussi à l’avenir… L’avenir, c’est peut-être Marianne, la pharmacienne du quartier… Ses yeux sont verts, et derrière la vitre en plexiglas, une attirance va naître.


Critique :


Le générique du nouveau film d’Arnaud Viard prête à rire. Emmanuel Macron y figure tel un acteur, parmi tous les autres. Un acteur important car il donne le la à ce drôle de film. Semi-autobiographique, semi-documentaire, Cléo, Melvil et moi se balade dans un Paris vide sous confinement, hybride et fier de l’être.

Dans un noir et blanc épuré, ce nouveau film se fait simple et délicat. Le réalisateur y raconte son confinement, entre les allées et venues de ses enfants, baladés entre leur mère et lui dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Il y raconte ses souvenirs d'enfance, sa relation avec son père. Sans images d’archives, ses souvenirs se lient parfaitement avec son présent. C’est une parenthèse que nous propose Arnaud Viard. Ce moment hors du temps qu’était le confinement parisien, conjugué à la magie du cinéma.

Copyright Moonlight Films Distribution


Car oui, il y a bien quelque chose de magique à la vue de ces images, si déprimantes, d’une ville à l’arrêt. Le confinement rappelle, pour beaucoup, la solitude, l’angoisse. Un arrêt sur image réel dont on préfère ne pas se souvenir. Le cinéaste transforme le confinement en une chose presque ludique, peut-être parce qu’il le passe avec ses enfants, Cléo six ans et Melvil quatre ans. Il faut bien les occuper, calmer leur caprice, les entourer, les aimer, en faisant fi de l’environnement, peu adapté aux pensées enfantines. Des images de pères s’occupant de leurs enfants restent rares dans un cadre cinématographique. Avec humilité, Arnaud Viard nous ouvre les portes de sa paternité, imparfaite mais aimante. Filmer l’intime, pour lui, c’est de ne pas édulcorer les caprices, ses propres failles dans l’autorité, sa difficulté à jouer dans le petit espace qu’est son appartement. Une certaine tendresse se dégage de ces moments de “vérité”, joués pour les besoins du film mais dont le naturel des enfants et de petits regards caméra agrippent la réalité.

Parce qu’il partage la garde avec la mère de ses enfants, Isabelle (interprétée ici par Romane Bohringer, vu récemment dans L’amour et les forêts), Arnaud possède des journées de libre. Pendant ces journées, Cléo, Melvil et moi bascule dans un autre film, où Claude Sautet rencontre Agnès Varda. Le réalisateur s’évade de son appartement, de sa vie de père, pour apprendre à rêver de nouveau. À rêver à deux, avec Marianne, la belle pharmacienne de son quartier. Comment commencer une histoire d’amour quand tous les endroits censés accueillir cette nouvelle relation (café, restaurant, cinéma, musée, …) sont fermés ? Comme la Cléo de Varda (le prénom de sa fille tient-il du film ?), ils marchent dans Paris. De leur déambulation apparaît de vrais moments de cinéma, loin du regard intime que le film possédait jusqu’alors. Un interlude musical, composé par Vincent Delerme, s’échappe du récit, presque de lui-même, transposant les rues de Paris en un décor de comédie musicale. Deux amoureux qui prennent en otage le temps qu’il reste du confinement, profitant de cette inaction collective pour vivre pleinement et poétiquement leur amour. Un couple formé par l’évidence car rien autour ne les parasite.

Copyright Moonlight Films Distribution


Cléo, Melvil et moi se vit comme un moment suspendu où le temps prend une autre dimension. Une dimension intime, une dimension rétrospective, une dimension romantique, mais aussi artistique, dont le résultat se dévoile à nous, dans ces longues rues belles et vides du VIème arrondissement, qui ont maintenant le goût mélancolique de la fin d’une ère.


Laura Enjolvy


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