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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #174. Red Sonja

© 1985 - Warner Bros. All rights reserved.


Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !


#174. Kalidor, La Légende du Talisman de Richard Fleischer (1985)

Il y a quelque chose d'assez fou dans l'idée de se dire qu'Arnold Schwarzenegger lui-même, pas aidé par un lien contractuel avec un Dino de Laurentiis qui l'emprisonnait plus qu'autre chose (ils se sépareront en mauvais terme après le solide Le Contrat de John Irvin), dans sa quête de mettre à ses pieds musclés Hollywood, a joué dans ce qui peut se voir comme deux des pires clones du merveilleux (chef-d'œuvre même) Conan le Barbare de John Milius : Conan le Destructeur et Kalidor, La Légende du Talisman, tous les deux signés par un immense Richard Fleischer en fin de parcours - et définitivement pas fait pour l'héroïc fantasy.

Mais si la seconde aventure de Conan avait une jolie saveur kitsch dans sa destruction - tout est dans le titre - du mythe du plus connu des cimmériens, sacrifié sur l'autel du divertissement familial, Red Sonja en V.O., pour lequel il retrouve la merveilleuse Sandahl Bergman (qui aurait pu/du y camper le rôle titre), et un petit peu plus de dialogues qu'à l'accoutumée (même si son accent autrichien était encore méchamment prononcé), a lui tout d'une bonne bisserie qui tâche à la lisière du bon gros nanar des familles, dans lequel il n'aurait du être qu'un second couteau de luxe si une Brigitte Nielsen pas encore madame Sly, avait pu porter le film sur ses frêles épaules...

© 1985 - Warner Bros. All rights reserved.

Saccageant mignon son matériel source (créé dans les 30s par Robert E. Howard, papa de Conan mais aussi d'un Salomon Kane un peu plus heureux sur grand écran), bien qu'il se laisse aller à une ouverture étonnamment barbare où toute la violence entourant le personnage semble condensé en une poignée de secondes (le massacre de l'héroïne, son viol par des dizaines de soldats puis, retour au présent, le massacre à nouveau d'une pluie de prêtresses protégeant le dit talisman magique du titre, qui n'a d'ailleurs rien d'un talisman); le film, qui cite sans sourciller l'âge d'or de la MGM et Les Chevaliers de la Table ronde de Richard Thorpe, enquille les poncifs comme ce n'est pas permis, allant d'une intrigue prétexte (une revenge story sans remous et à la misogynie exacerbée) à une présence comico-dispensable d'un tandem mal assorti (le sobre Paul L. Smith, l'insupportable Ernie " Tortues Ninja 2 " Reyes), sans oublier des dialogues d'une finesse folle, pas aidé par un jeu d'acteur difficilement défendable - même Schwarzie.

Et pourtant, tout n'est pas à jeter dans cette ersatz Conan-esque, que ce soit le score entêtant d'Ennio Morricone (l'un de ses plus marquants... oui), la mise en scène ample d'un Fleischer impliqué - même pour un simple film de commande - où encore les décors imposants et les costumes de Danilo Donati, sans oublier une action entraînante et limpide - de ses nombreux combats à l'épée à la fameuse scène du serpent mécanique géant).

© 1985 - Warner Bros. All rights reserved.

C'est maigre, rachitique même et pourtant, difficile de ne pas se laisser un brin bercer par la nostalgie surannée qu'il véhicule maladroitement, pur morceau de fantasy kitschouille dansant dangereusement avec le Z indéfendable, opportuniste as hell et pourtant férocement attachant.
Du beau plaisir coupable, qui rend encore plus coupable à chaque vision.


Jonathan Chevrier