[CRITIQUE/RESSORTIE] : Daniel
Réalisateur : Sidney Lumet
Avec : Timothy Hutton, Ellen Barkin, Mandy Patinkin, Amanda Plummer, Lindsay Crouse,…
Distributeur : Splendor Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h10min
Date de sortie : 7 mars 1984
Date de ressortie : 21 juin 2023
Synopsis :
Au milieu des années 50, Rochelle et Paul, communistes américains, ont été accusés d’espionnage au profit de l’URSS. Quinze ans plus tard, leur fille Susan devient militante politique. Son frère Daniel cherche à oublier. Mais, suite à un événement tragique, il doit se replonger dans l’histoire familiale...
Critique :
C'est sans doute le succès d'estime du formidable Ragtime de Miloš Forman, qui a amené le cinéma ricain à se plonger plus sérieusement dans l'œuvre foisonnante et exigeante du brillant romancier E.L. Doctorow (qui a toujours su habilement mêler histoire et fiction dans une alliance presque organique, voire même parfois un brin déroutante), après une première tentative d'adaptation pas forcément couverte d'éloge : le western Welcome to Hard Time de Burt Kennedy avec Henry Fonda, un fidèle du cinéma de Sidney Lumet - pas un hasard pour la suite donc.
Daniel, mise en images de son romanThe Book of Daniel qu'il adapte lui-même (avec même la casquette de producteur exécutif) pour Sidney Lumet, a cela dit une résonnance résolument plus personnelle pour Doctorow (il est issu d'une famille juive d’origine russe), lui qui s'inspire ici de l'historie vraie d'Ethel et Julius Rosenberg, accusés d'êtres des espions pour le compte de l'union Soviétique, et finalement exécutés par les États-Unis en 1953.
Mais ce qui intéresse le tandem Doctorow/Lumet ici n'est pas tant la culpabilité - ou non - du couple, ici renommé Isaacson (et qui n'ont pas deux fils mais un fils et une fille), et capturé avec une certaine compassion évidente, mais bien les répercussions et l'héritage qu'ils laissent à leurs deux enfants, Daniel et Susan, aux parcours sensiblement dissemblables (elle est une militante qui s'embrase pour toutes les causes importantes, il est un cartésien et père de famille rangé, qui préfère laisser le passé derrière lui), avant que la tragédie ne vienne frapper la seconde, pour mieux bousculer les certitudes du premier.
Un canevas familial sur deux générations, vissé sur l'odyssée angoissée et pleine d'amertume, d'un fils (formidable Timothy Hutton, à laquelle répond une Amanda Plummer merveilleusement imprévisible dans le rôle de Susan) cherchant à déterminer la vérité sur ses parents, pour mieux se réconcilier avec eux et leur héritage, qui permet au cinéaste de rajouter un uppercut supplémentaire à sa filmographie, sur la politique trouble des États-Unis et de sa vendetta anti-communiste (tout en taclant autant l'usage inhumain de la peine de mort, ainsi que la politique progressiste Reaganienne en place), mais aussi de s'attacher pour la première fois à la question des relations - souvent complexes - entre parents et enfants; étude qu'il prolongera de manière résolument à la fois dramatique - À bout de course - et d'une manière plus légère - le cultissime Family Business.
Odyssée douloureuse et tout en fureur retenue, peut-être moins passionnée et complexe que son matériau d'origine (qui, littérature oblige, soutient bien mieux les longues envolées volubiles voire même la progression dramatique de l'histoire, ici trop fragmentée) voire même un peu plus pesante dans ses effets, mais " Lumetien " jusqu'au bout de la pellicule (de ses plans savamment étirés à sa lumière sombre et stylisée), Daniel se fait un drame sincère et complexe, à l'humanité dévastatrice.
Jonathan Chevrier
Avec : Timothy Hutton, Ellen Barkin, Mandy Patinkin, Amanda Plummer, Lindsay Crouse,…
Distributeur : Splendor Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h10min
Date de sortie : 7 mars 1984
Date de ressortie : 21 juin 2023
Synopsis :
Au milieu des années 50, Rochelle et Paul, communistes américains, ont été accusés d’espionnage au profit de l’URSS. Quinze ans plus tard, leur fille Susan devient militante politique. Son frère Daniel cherche à oublier. Mais, suite à un événement tragique, il doit se replonger dans l’histoire familiale...
Critique :
Odyssée douloureuse et tout en fureur retenue, peut-être moins passionnée et complexe - voire même plus pesante dramatiquement - que son matériau d'origine, mais " Lumetien " jusqu'au bout de la pellicule, #Daniel se fait un drame sincère et complexe à l'humanité dévastatrice. pic.twitter.com/hLecJopgEH
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 25, 2023
C'est sans doute le succès d'estime du formidable Ragtime de Miloš Forman, qui a amené le cinéma ricain à se plonger plus sérieusement dans l'œuvre foisonnante et exigeante du brillant romancier E.L. Doctorow (qui a toujours su habilement mêler histoire et fiction dans une alliance presque organique, voire même parfois un brin déroutante), après une première tentative d'adaptation pas forcément couverte d'éloge : le western Welcome to Hard Time de Burt Kennedy avec Henry Fonda, un fidèle du cinéma de Sidney Lumet - pas un hasard pour la suite donc.
Daniel, mise en images de son romanThe Book of Daniel qu'il adapte lui-même (avec même la casquette de producteur exécutif) pour Sidney Lumet, a cela dit une résonnance résolument plus personnelle pour Doctorow (il est issu d'une famille juive d’origine russe), lui qui s'inspire ici de l'historie vraie d'Ethel et Julius Rosenberg, accusés d'êtres des espions pour le compte de l'union Soviétique, et finalement exécutés par les États-Unis en 1953.
Copyright Splendor Films |
Mais ce qui intéresse le tandem Doctorow/Lumet ici n'est pas tant la culpabilité - ou non - du couple, ici renommé Isaacson (et qui n'ont pas deux fils mais un fils et une fille), et capturé avec une certaine compassion évidente, mais bien les répercussions et l'héritage qu'ils laissent à leurs deux enfants, Daniel et Susan, aux parcours sensiblement dissemblables (elle est une militante qui s'embrase pour toutes les causes importantes, il est un cartésien et père de famille rangé, qui préfère laisser le passé derrière lui), avant que la tragédie ne vienne frapper la seconde, pour mieux bousculer les certitudes du premier.
Un canevas familial sur deux générations, vissé sur l'odyssée angoissée et pleine d'amertume, d'un fils (formidable Timothy Hutton, à laquelle répond une Amanda Plummer merveilleusement imprévisible dans le rôle de Susan) cherchant à déterminer la vérité sur ses parents, pour mieux se réconcilier avec eux et leur héritage, qui permet au cinéaste de rajouter un uppercut supplémentaire à sa filmographie, sur la politique trouble des États-Unis et de sa vendetta anti-communiste (tout en taclant autant l'usage inhumain de la peine de mort, ainsi que la politique progressiste Reaganienne en place), mais aussi de s'attacher pour la première fois à la question des relations - souvent complexes - entre parents et enfants; étude qu'il prolongera de manière résolument à la fois dramatique - À bout de course - et d'une manière plus légère - le cultissime Family Business.
Copyright Splendor Films |
Jonathan Chevrier