[CRITIQUE] : Différente

Réalisatrice : Lola Doillon
Acteurs : Jehnny Beth, Thibaut Evrard, Mireille Perrier, Irina Muluile,...
Distributeur : Memento
Budget : -
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min

Synopsis :
Katia est une brillante documentaliste de 35 ans qui fait preuve de singularité dans sa manière de vivre ses relations, toutes plus ou moins chaotiques. Sa participation à un nouveau reportage l’amène enfin à mettre un mot sur sa différence. Cette révélation va chambouler une vie déjà bien compliquée.

Voilà dix ans maintenant que la cinéaste Lola Doillon, qui n'a pas pour autant chômé entre-temps (elle a chapeauté quelques épisodes de la mitigé de la série Prime Vidéo Salade Grecque), n'a plus atteint nos salles obscures, elle qui les avait quitté avec Le Voyage de Fanny, adaptation du roman autobiographique de Fanny Ben-Ami, petit bout de cinéma doux, fragile et plein de panache flanquée dans une France occupée.

Une douceur que l'on peut également retrouver au cœur de son nouvel effort, Différente, qui tente d'aborder le sujet de l'autisme tout en swinguant de manière originale sur deux grooves totalement complémentaire : la comédie dramatique et la romance, vissé sur les aternoiments d'une jeune documentaliste fermement ancré dans la trentaine, qui réalise tranquillement mais durement que les petits symptômes discrets qu'elle pensait comme la simple expression de sa personnalité gentiment à part ou d'une certaine maladresse (où, plus directement, d'une asociabilité plus ou moins affirmé), ne sont en fait que la vérité involontairement niée d'un léger trouble autistique dont elle n'avait jusqu'ici aucunement connaissance.

La découverte brutale et tardive d'un trouble qui met néanmoins des mots/maux sur son mal-être, des reproches qu'elle a pu se faire - et qu'on lui a fait, également, en retour -, aux choses qui ont pu l'affecter au fil du temps (et qu'elle a minimiser, pour diverses raisons), et qui va avoir des conséquences directes dans ses rapports avec ses proches, notamment sa mère et son compagnon.

Exploration résolument didactique du spectre de l'autisme qui peine sensiblement à masquer la prévisibilité de sa mécanique tout en conflits (où son incapacité a s'extirper des ses carences stylistiques, la caméra coincée entre les sièges de la dramédie tendre mais peu affirmée et du documentaire jamais réellement assumé), mais qui tutoie une certaine justesse dans le portrait d'une héroïne tout aussi complexe que dépassée à la sociabilité contrariée; Différente souffle néanmoins plus le chaud que le froid, en grande partie grâce à la partition délicate et puissante de Jehnny Beth, véritable phare incandescent qui reflète et incarne brillamment tous les tourments de son personnage.
Elle justifie à elle seule le déplacement dans une salle obscure.

Jonathan Chevrier