[CRITIQUE] : Enzo
Réalisateurs : Laurent Cantet et Robin Campillo
Avec : Eloy Pohu, Pierfrancesco Favino, Élodie Bouchez, Maksym Slivinskyi,…
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge, Italien.
Durée : 1h42min
Synopsis :
Enzo, 16 ans, est apprenti maçon à La Ciotat. Pressé par son père qui le voyait faire des études supérieures, le jeune homme cherche à échapper au cadre confortable mais étouffant de la villa familiale. C’est sur les chantiers, au contact de Vlad, un collègue ukrainien, qu’Enzo va entrevoir un nouvel horizon.
Évidemment malgré elle, Enzo est une séance à part, totalement tributaire d'une vie humaine dont elle épouse la rugosité comme les maladresses : elle n'est pas réellement une œuvre posthume de la part de feu Laurent Cantet qui en a écrit le script - avec Gilles Marchand -, ni totalement une œuvre hommage par son fidèle collaborateur et ami Robin Campillo.
Un film de Laurent Cantet fait par Robin Campillo, où le fantôme du premier viendrait guider le travail scrupuleusement fidèle du second, après avoir pensé le film à ses côtés durant tout son développement.
En résulte alors une œuvre protéiforme et peut-être un poil malade, sorte de fusion des regards des deux cinéastes tant il peut tout autant se voir comme un film de Cantet que comme un film de Campillo, lui qui incarne un captivant mais pas dénués d'asperger, récit initiatique sous fond de conflits identitaire et sexuel, familiaux et de classes au cœur de La Ciotat, vissé qu'il est sur les aternoiments d'un apprenti maçon pas toujours adroit sur son lieu de travail, Enzo (tout est dans le titre), un gamin issu d'une famille aisée qui privilégie la voie du bâtiment pour mieux rejetter ses origines comme l'insistance de son père à se consacrer à ses études.
Enzo n'est pas un ouvrier par nécessité donc mais par choix, par refus de cette bourgeoise dans laquelle il est né et a grandi, et qu'il tente de déconstruire en se construisant lui-même à l'aube de l'âge adulte.
Tout ici justement n'est que construction, à la fois littérale et figurative : celle de bâtiments - luxueux - que l'on conçoit méticuleusement pour durer dans le temps, mais avant tout et surtout celle humaine et émotionnelle de son jeune protagoniste, mouton noir paumé qui se cherche - à tous les niveaux - dans un monde contre lequel il rentre continuellement en conflit, et qui trouve en un collègue ukrainien un pivot protéiforme (qui lui, pour une raison évidemment différente - la guerre - a réussi à fuir son passé et ses origines), qui va lui permettre d'exprimer son éveil sexuel comme d'évoluer vers une maturité encore fragile.
Pudique et tendre, gentiment logé entre le cinéma d'André Téchiné et - toute propension gardée - Call Me by Your Name de Luca Guadagnino, tout en étant très marqué par le cinéma de ses deux auteurs (peut-être un peu plus celui de Robin Campillo finalement), Enzo souffre in fine de son ambition, celle de vouloir aborder plusieurs récits satellites autour de son conflit existentiel et de sa quête initiatique sans vraiment en approfondir aucun (à l'image, également, de ses personnages secondaires férocement unidimensionnel), sans vraiment se donner la capacité de stratifier tous ses propos.
La balade n'en reste pas moins agréable et, pour son contexte de production, profondément émouvante.
Jonathan Chevrier
Avec : Eloy Pohu, Pierfrancesco Favino, Élodie Bouchez, Maksym Slivinskyi,…
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge, Italien.
Durée : 1h42min
Synopsis :
Enzo, 16 ans, est apprenti maçon à La Ciotat. Pressé par son père qui le voyait faire des études supérieures, le jeune homme cherche à échapper au cadre confortable mais étouffant de la villa familiale. C’est sur les chantiers, au contact de Vlad, un collègue ukrainien, qu’Enzo va entrevoir un nouvel horizon.
Évidemment malgré elle, Enzo est une séance à part, totalement tributaire d'une vie humaine dont elle épouse la rugosité comme les maladresses : elle n'est pas réellement une œuvre posthume de la part de feu Laurent Cantet qui en a écrit le script - avec Gilles Marchand -, ni totalement une œuvre hommage par son fidèle collaborateur et ami Robin Campillo.
Un film de Laurent Cantet fait par Robin Campillo, où le fantôme du premier viendrait guider le travail scrupuleusement fidèle du second, après avoir pensé le film à ses côtés durant tout son développement.
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Copyright Les Films de Pierre |
En résulte alors une œuvre protéiforme et peut-être un poil malade, sorte de fusion des regards des deux cinéastes tant il peut tout autant se voir comme un film de Cantet que comme un film de Campillo, lui qui incarne un captivant mais pas dénués d'asperger, récit initiatique sous fond de conflits identitaire et sexuel, familiaux et de classes au cœur de La Ciotat, vissé qu'il est sur les aternoiments d'un apprenti maçon pas toujours adroit sur son lieu de travail, Enzo (tout est dans le titre), un gamin issu d'une famille aisée qui privilégie la voie du bâtiment pour mieux rejetter ses origines comme l'insistance de son père à se consacrer à ses études.
Enzo n'est pas un ouvrier par nécessité donc mais par choix, par refus de cette bourgeoise dans laquelle il est né et a grandi, et qu'il tente de déconstruire en se construisant lui-même à l'aube de l'âge adulte.
Tout ici justement n'est que construction, à la fois littérale et figurative : celle de bâtiments - luxueux - que l'on conçoit méticuleusement pour durer dans le temps, mais avant tout et surtout celle humaine et émotionnelle de son jeune protagoniste, mouton noir paumé qui se cherche - à tous les niveaux - dans un monde contre lequel il rentre continuellement en conflit, et qui trouve en un collègue ukrainien un pivot protéiforme (qui lui, pour une raison évidemment différente - la guerre - a réussi à fuir son passé et ses origines), qui va lui permettre d'exprimer son éveil sexuel comme d'évoluer vers une maturité encore fragile.
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Copyright Les Films de Pierre |
Pudique et tendre, gentiment logé entre le cinéma d'André Téchiné et - toute propension gardée - Call Me by Your Name de Luca Guadagnino, tout en étant très marqué par le cinéma de ses deux auteurs (peut-être un peu plus celui de Robin Campillo finalement), Enzo souffre in fine de son ambition, celle de vouloir aborder plusieurs récits satellites autour de son conflit existentiel et de sa quête initiatique sans vraiment en approfondir aucun (à l'image, également, de ses personnages secondaires férocement unidimensionnel), sans vraiment se donner la capacité de stratifier tous ses propos.
La balade n'en reste pas moins agréable et, pour son contexte de production, profondément émouvante.
Jonathan Chevrier