[CRITIQUE] : Reflet dans un diamant mort
Acteurs : Fabio Testi, Yannick Renier, Koen De Bouw, Maria de Medeiros,...
Budget : -
Distributeur : UFO Distribution
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Belge, Luxembourgeois, Italien, Français.
Durée : 1h27min.
Synopsis :
Suite à la disparition soudaine de sa voisine de chambre, un ancien agent secret, reclus dans un palace de la Côte d’Azur, s’imagine que ses ennemis jurés refont surface. Surtout la redoutable Serpentik, qu’il n’a jamais réussi à démasquer. Oscillant entre présent et passé, il remonte le film de sa vie, au risque de découvrir qu’il n’y tenait pas forcément le meilleur rôle. Et que les diamants sont loin d'être éternels...
Comment définir correctement le cinéma d’Hélène Cattet et Bruno Forzani ? La réponse est très difficile tant une personne qui n’a jamais lu ces noms ne peut sans doute pas imaginer la nature fortement sensorielle et esthétisée du duo de réalisateurs. Il suffit pourtant de se plonger dans Amer, L’étrange couleur des larmes de ton corps et Laissez bronzer les cadavres pour apprécier une proposition jouant sur la perception et le sensitif dans une totalité exemplaire, quitte à susciter à chaque fois des retours très divisés. Les détracteurs auront encore du grain à moudre devant leur nouvel essai tant Reflet dans un diamant mort perpétue leur style avec une approche toujours aussi électrisante.
En suivant un ancien espion qui pense devoir se confronter à nouveau à une ancienne ennemie, le long-métrage introduit déjà un biais narratif qui prend et avec lequel le récit va continuer de se tordre perpétuellement. L’éclatement de l’intrigue impose une vision mémorielle fragmentée, jouant de reflets et de faux semblants aux tournures quasi ludiques. Il serait sans doute criminel de trop en dévoiler car c’est justement cette absence de repères solides qui accentue son flou atmosphérique, demandant à l’audience de se laisser emporter par la narration visuelle en acceptant cette part de mystère.
![]() |
Copyright UFO Distribution |
Sans surprise, Reflet dans un diamant mort est visuellement somptueux, une habitude chez Cattet-Forzani. Leur travail avec le chef opérateur Manu Dacosse impose une irréalité permanente et des jeux de brillance constants, renvoyant à une fiction qui cherche toujours à comprendre par la vision. Ainsi, certains gadgets qui promettent de mieux voir les événements ne font qu’accentuer encore plus les biais et les doutes, le tout avec un style qui reprend le courant des films d’espionnage européens sans virer vers le réel hommage et encore moins dans le pastiche facile. Bien au contraire, le film développe son propre univers tout en amenant des interrogations sur sa propre direction de manière grisante.
Dire que Reflet dans un diamant mort se doit d’être vécu sur grand écran peut paraître facile mais pareille fiction demande une sensation que seul le grand écran peut procurer. Explosion visuelle et sonore permanente, le nouveau film d’Hélène Cattet et Bruno Forzani est unique en son genre, labyrinthique et exaltant dans son appel au lâcher prise des spectateurs. On ne se voit pas ne pas célébrer pareil trésor de cinéma incandescent aux bleus hypnotisants et à l’atmosphère transcendant la frontière entre l’écran et le public.
Liam Debruel