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[CRITIQUE] : Avignon


Réalisateur : Johann Dionnet
Avec : Baptiste Lecaplain, Alison Wheeler, Lyes Salem, Anne Coesens,…
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min

Synopsis :
Comédien en perte de vitesse, Stéphane débarque avec sa troupe au Festival d’Avignon pour jouer une pièce de boulevard. Il y recroise Fanny, une comédienne de renom, et tombe sous son charme. Profitant d’un quiproquo pour se rapprocher d’elle, Stéphane s’enfonce dans un mensonge qu’il va devoir faire durer le temps du festival…mais qui va très vite le dépasser !




Et si toutes les récentes romances pétillantes - où qui, tout du moins, tentent de l'être - françaises, n'étaient appelés qu'à n'être que l'expression redondante d'une seule et même formule, l'apanage il est vrai d'un genre qui ne peut plus rien produire ou presque de véritablement original - même avec la plus futée des plumes qui soit.
Dit genre dont la prévisibilité n'a d'égale que son manque cruel d'envie de faire dérailler une mécanique savamment huilée depuis des lustres.

Avignon, estampillé premier long-métrage de Johann Dionnet qui, à l'instar d'Amélie Bonnin pour son (très) chouette Partir un jour, opère ici une extension de son propre court-métrage Je joue Rodrigue, ne pète absolument pas dans la soie de l'originalité (on pourrait même la voir, plus où moins grossièrement, comme une petite sœur à L'Arnacoeur, Alibi.com où encore Tout le monde debout, avec son héros titre, un acteur de théâtre en mal de reconnaissance, qui s'embourbe dans un mensonge beaucoup trop gros pour lui, pour séduire une jeune comédienne fraîchement récompensée d'un Molière, dont il est tombé sous le charme), dans le sens où elle ne cherche jamais à se démarquer de ce potentiel jugement puisqu'elle épouse consciemment et sans la moindre réserve tous les tropes et la prévisibilité inhérente du genre.

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Mais surtout, au-delà de quelques gimmicks un chouïa plus élaborées que la moyenne (notamment mettre l'effervescence du festival d'Avignon et, plus directement, le théâtre en lui-même, au cœur même de sa narration), elle assume pleinement ce qu'elle est, tant elle est incroyablement sérieuse dans son exploration de la romcom, expurgée de tout cynisme méta à la mode ni d'une volonté putassière de se moquer/jouer de ses personnages pour mieux nous faire rire/chavirer.
D'autant qu'elle fait la part belle à ses personnages à qui l'écriture donne suffisamment de profondeur pour les rendre attachants et plaisants à suivre.

Conventionnel mais pas moins charmant, tout en bienveillance et en délicatesse, flanquée au cœur d'un cadre Avignonnais aussi pétillant que chaleureux et joliment vissé sur la justesse de la partition solaire d'une distribution à l'alchimie naturelle, Avignon est rien de moins qu'un petit bout de cinéma feel good hautement recommandable.
La simplicité a souvent (vraiment) du bon.


Jonathan Chevrier