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[CRITIQUE] : Le Croque-Mitaine


Réalisateur : Rob Savage
Avec : Chris Messina, Sophie Thatcher, Vivien Lyra Blair, …
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : Épouvante-horreur, Thriller
Nationalité : Américain
Durée : 1h38min

Synopsis :
Sadie Harper, une jeune lycéenne, et sa petite sœur Sawyer sont encore sous le choc de la mort récente de leur mère. Dévasté par sa propre douleur, leur père Will, thérapeute de profession, ne leur prodigue ni le soutien ni l’affection qu’elles tentent de lui réclamer. Lorsqu'un patient désespéré se présente à l'improviste à leur domicile pour demander de l'aide, celui-ci fait entrer avec lui une terrifiante entité s’attaquant aux familles et se nourrissant de leurs plus grandes souffrances.


Critique :


Stephen King, l’écrivain le plus adapté au cinéma ? Il est certain que ses œuvres se retrouvent fréquemment sur un écran. La preuve en est, après Firestarter et Le téléphone de M. Harrigan (sortis respectivement en salles et sur Netflix l'an dernier), c’est au tour de la nouvelle Le Croque-Mitaine (The Boogeyman en VO) d’être adaptée pour une sortie cinéma, courte histoire que l’on peut lire dans le recueil Danse Macabre (1980). On y découvrait Lester Billings en proie à la plus sombre des terreurs après qu’une horrible créature, baptisée le Croque-Mitaine, ait tué ses enfants. L’horreur se plaçait dans le doute de l’existence de la créature tandis que Billings se confiait à un psychiatre, le Dr Harper. Long métrage oblige, l’histoire a été étoffée et étendue pour tenir en haleine durant un peu plus d’une heure trente.

Copyright 2023 20th Century Studios. All Rights Reserved.


C’est au tout jeune réalisateur Rob Savage (seulement trente-et-un ans) que revient l’honneur de mettre en image cette angoissante histoire qui s’inspire de nos terreurs enfantines. Écrit par le tandem Scott Beck et Bryan Woods (Sans un bruit), aidé de Mark Heyman, Le Croque-Mitaine a pour ambition de hanter nos nuits et de nous faire crier de terreur. Enfin, peut-être pas tant que ça si on en croit l’anecdote qui tourne partout, où l’on nous dit qu’une séquence du film a été remontée suite à une projection test, qui a soi-disant si bien terrifiée le public qu’il ne suivait plus les dialogues par la suite. Stephen King lui-même est allé de son petit tweet pour se proclamer encore hanté par le film. Avons-nous affaire au film le plus terrifiant de l’année ? Arrêtons le suspense dès maintenant : ce n’est pas le cas.

L’incipit avait de quoi nous faire penser le contraire. Une porte qui s’ouvre seule, du sang qui gicle sur une photo d’une famille heureuse, des pleurs de bébé qui s’arrête d’un coup … Il n’en faut pas plus pour nous plonger dans l’horreur. Rob Savage, qui réalise ici son premier film de studio, sait filmer l’horreur quand on lui en laisse l’occasion. Mais Le Croque-Mitaine s’avère pétri d’une nomenclature de choses à faire et à ne pas faire, et laisse ainsi peu d’occasion au cinéaste de poser sa patte artistique. Choses à faire : surexpliquer en permanence, ne pas installer d’émotion et ne jamais aller au bout de ses idées. Choses à ne pas faire : effrayer son spectateur.

Copyright 2023 20th Century Studios. All Rights Reserved.


On comprend vite que le film n’a pas d’autre volonté qu’être un divertissement pop-corn du samedi soir, où l’on se glisse dans le siège d’une salle de cinéma comme on se glisse sur un siège de grand huit, le fun étant dans l’anticipation des sautes de ce bon vieux cœur à chaque jump scare. À se demander pourquoi les scénaristes s’embêtent à écrire un récit sur le manque de communication au sein d’une famille endeuillée si la narration décide de ne jamais creuser plus loin. Il y avait de quoi faire pourtant : le harcèlement scolaire de Sadie (Sophie Thatcher, qui ressemble à s’y méprendre à Anya Taylor-Joy), les terreurs nocturnes de Sawyer (Vivien Lyra Blair, la princesse Leia de la série Obi-Wan) ou alors la perte subite d’un membre de la famille et le vide que cela crée.

Reste quelques bonnes idées de mise en scène, basées sur un jeu de lumière qui finit cependant toujours par nous montrer le fameux Croque-Mitaine dans son ensemble, faisant s’écrouler l’angoisse liée à sa présence, aussi laid et monstrueux soit-il. Parfait si on aime les tours de manège (trop) bien dosés. Pour une véritable histoire de croque-mitaine horrifique comme on les aime, on préférera se tourner sur ce bon vieux Mister Babadook (2014) de Jennifer Kent.


Laura Enjolvy


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