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[CRITIQUE] : Spider-Man : Across The Spider-verse


Réalisateurs : Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson
Acteurs : Avec les voix de Shameik Moore, Jake Johnson, Hailee Steinfeld, Oscar Isaac, Daniel Kaluuya,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Animation, Action, Aventure, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h20min.

Synopsis :
Après avoir retrouvé Gwen Stacy, Spider-Man, le sympathique héros originaire de Brooklyn, est catapulté à travers le Multivers, où il rencontre une équipe de Spider-Héros chargée d'en protéger l'existence. Mais lorsque les héros s'opposent sur la façon de gérer une nouvelle menace, Miles se retrouve confronté à eux et doit redéfinir ce que signifie être un héros afin de sauver les personnes qu'il aime le plus.



Critique :


Commençons tout de net : Spider-Man : Into the Spider-Verse est sans aucun doute un des meilleurs films de ces dernières années, véritable exaltation pop qui se réappropriait l'une des figures les plus connues de la culture populaire pour mieux la célébrer dans tout ce qu'elle a d'unique et d'universel à la fois. Presque 5 ans après sa sortie, on a encore du mal à se dire qu'on a pu vivre pareille déflagration visuelle, véritable lettre d'amour à son super-héros ainsi qu'au médium comic. Across the Spider-Verse suscitait donc beaucoup d'attentes, notamment dans sa promesse d'étendre encore plus son multivers alors même que pareille notion est devenue plus régulière avec des titres comme Everything everywhere all at once ou encore No Way Home, qui a tenté de profiter au plus de ce potentiel commercial aussi excitant que son pouvoir artistique. C'est un point qui reste à marquer car Across the Spider-Verse est loin, très loin même, de faire les mêmes choix que sa version MCU en ce qui concerne de multiples Spider-Men.

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Cela est exprimé très rapidement par l'ouverture du film, verbalisant rapidement que l'histoire ne va pas être celle que l'on pense connaître. Là où certains titres se sentent obligés de faire pareille annonce pour mieux se laisser tomber dans une prévisibilité narrative, Across the Spider-Verse en fait une promesse, celle de ne pas tomber dans la facilité. Le reste de cette ouverture est à l'image de cette note d'intention, mélangeant déjà plusieurs styles d'animation réjouissants dans un enjeu émotionnel fort. En peu de temps, le film nous prend déjà et amorce plusieurs pistes. Cette ampleur peut sembler se retourner contre lui-même (2h20 de durée) mais, bien que le tout fasse très condensé, le récit se permet ironiquement de faire cela pour mieux faire respirer ses protagonistes et ses intentions.

En prenant son temps dans son rythme, Across the Spider-Verse joue à l'équilibriste mais permet de mieux amorcer les différentes interrogations de ses protagonistes et se permet même de retenir certains coups pour que ceux-ci explosent plus tard. Spot, l'ennemi introduit dans le film, s'entame comme un gag pour devenir progressivement une véritable menace. Les rapports familiaux se tendent et nourrissent la narration. La Spider-Society arrive plus tardivement qu'on ne pourrait le penser et découle plutôt de son récit plutôt que d’en être un véritable centre. Néanmoins, cette partie reste importante pour mieux souligner le poids qui entoure Miles dans son rôle de Spider-Man.

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C'est là que se trouve l'essence même du Multivers représenté ici. Au-delà des clins d'œil et d'apparitions plutôt bien trouvées, c'est le rapport unique et universel de notre héros qui revient de nouveau dans le cœur du film. Il devient alors réjouissant de voir comment le film s'enrichit par ce rapport à la multiplicité d'un personnage iconique tout en cherchant à briser l'imposition amenée à son encontre. Le fait même de s'opposer à un Canon pourrait même se rapporter aux obligations inhérentes au traitement d'une figure pop culturelle scrutée par diverses personnes qui, en cherchant à célébrer l'icône, la renferment également par leurs attentes. Il s'y trouve une richesse qui condense toute la difficulté de toucher à des figures connues en tout point.

Sans la dévoiler, la conclusion apporte alors une frustration logique, inhérente à une histoire divisée en deux parties. Mais une fois qu'on y réfléchit, comment pourrait-il en être autrement quand l'ambition même du long-métrage se repose sur son ampleur, sa galerie de personnages, d'interrogations et de styles ? Voilà peut-être le seul défaut qui nous vient en tête au moment de rédiger ces lignes et encore, il nous paraît injuste de considérer cela comme une vraie critique quand l'approche est justifiée et le spectacle aussi riche à tous les niveaux.

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Spider-Man : Across the Spider-Verse constitue en effet une apogée stylistique passionnante, un objet pop-culturel essentiel et cinématographique, s'interrogeant en filigrane de ses enjeux sur sa multiplicité visuelle et son universalité émotionnelle. Esquivant l'écœurement de fan-service, le long-métrage est tout bonnement un accomplissement de divertissement que l'on a déjà hâte de voir et revoir par son ampleur et son intimisme. Le résultat est largement à la hauteur de nos attentes et nous rend encore plus impatient de voir ce que Beyond the Spider-Verse pourra faire exploser visuellement et thématiquement.


Liam Debruel


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2002, le merveilleux Spider-Man de Sam Raimi débarque dans les salles obscures, fier d'incarner un rêve devenu réalité pour tout fan du comic-book créé par Stan Lee et Steve Ditko.
2012, sept films supplémentaires - dont deux reboots - plus tard, et loin d'être aidé par une méthode " Marvelienne " ayant totalement gangrené toutes les majors Hollywoodienne, le tisseur est devenu la figure de proue d'un univers partagé aux savoureuses allures de gros bordel désorganisé nourrit aux spin-offs en tous genre, promis avant même leurs sorties à être les cibles d'une moquerie publique programmée et ce, même s'ils sont paradoxalement, écononomiquement très lucratifs - le diptyque Venom en tête.

Une étiquette pas forcément reluisante pour la saga, voire même limite inquiétante quand on sait que le seul pilier créatif capable de se démarquer un tant soit peu de cet immense gloubi-boulga, est une aventure entièrement animée qui n'est pas canon : le Spider-Verse de Miles Morales.

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Car qu'on se le dise, c'est justement en misant sur l'animation que la firme semble, enfin, avoir tout compris au matériau de base et aux possibilités infinis de son Tisseur.
Complètement en avance sur son temps tant il ne ressemblait à aucun de ses petits concurrents (et encore plus à une époque où la méthode Pixar avait homogénéisé l'animation Hollywoodienne), Spider-Man : New Generation était un véritable OFNI pop et coloré ressemblant à un vrai comic-book porté sur un écran ne paraissant jamais suffisamment grand.
Plus singulier encore, il se payait le luxe d'offrir une vraie évolution mythologique à la figure de l'homme araignée, en explosant les coutures castratrices de la simple origin story pour mieux incarner une aventure shootée aux possibilités multiples d'un multivers délirant (nouveaux personnages, décors, vilains,...).

Chaque parcelle d'humour était savamment dosée, chaque morceau de bravoure, en plus d'être formellement virtuose, était en outre porteur d'un véritable enjeu, qualité faisant méchamment défaut à bon nombre de films super-héroïques actuels.
Mettant tout ce qu'il avait dans sa besace à l'écran avec une générosité sans bornes (quitte à paraître franchement bordélique), le film affichait tout du long sa volonté de nous en donner pour notre argent, tout en préservant autant la poésie et la folie enthousiasmante que le ton férocement décomplexé de son riche univers.

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Autant dire donc que l'on attendait de pied ferme l'arrivée d'un second opus (cette fois par le trio Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson) qui se faisait méchamment attendre, pas aidé par les nombreux reports dû au Covid-19.
S'il était légitime de se demander s'il serait à la hauteur de son illustre aîné, il ne faut qu'une poignée de secondes pour qu'une réponse se dessine à l'écran, que de nouvelles limites soient exposées avant d'être elles-mêmes éclatées.
C'est comme si toutes les qualités du film original étaient reprises et démultipliées encore et encore, inversant la dynamique du premier opus - c'est à Miles désormais de se déplacer à travers les différentes dimensions - tout en décuplant les possibilités du multivers (pas uniquement en terme de palette de couleurs, mais aussi d'un point de vue textures, lignes et mouvements).

Chaque univers à sa propre personnalité, et chaque personnage correspond à cet univers emporte cette personnalité avec lui d'un monde à l'autre, sans que cela ne nuise une seule seconde à la cohésion visuelle du film, alors que l'animation elle-même est portée par un rythme encore plus frénétique et un souci du détail encore plus poussé que par le passé.
Si le mélange des styles était déjà le sel de New Generation, l'échelle, les nouveaux personnages et décors dégagent ici une telle ambition démesurée et un tel soin presque maniaque que l'on arrive à nouveau à être agréablement surpris par cette évolution à tous les niveaux.

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Mais si le ravissement est avant tout visuel, Across The Multiverse grimpe sensiblement d'un cran d'un point de vue narration, en concentrant toute sa puissance émotionnelle sur l'épanouissement personnel de son duo Miles/Gwen.
Le premier est un jeune Spider-Man qui a dû grandir plus rapidement en tant que héros, que ses pairs, mais il reste encore un gamin rebelle de quinze ans qui se pense plus adulte qu'il ne l'est réellement, et qui est bouffé par sa solitude.
Comme Sam Raimi avec Spider-Man 2, Across accentue les notions de famille, de motivations et de responsabilité du statut de Tisseur qui pousse son jeune héros à faire des choix, aussi difficiles soient-ils.
La seconde elle, gagne sensiblement en complexité et on comprend aussi bien désormais les choix qu'elle a pris, que ceux qu'elle s'apprête à prendre désormais.

Totalement conscient d'être une aventure de transition avant le grand final, ce second opus réussit là où un The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros s'est sensiblement planté (preuve que Sony retient - un peu - de ses erreurs), en introduisant de nouveaux personnages (Spider-Punk et Spider-Man 2099 volent le show) tout en faisant intelligemment évoluer ceux existants et les enjeux de la saga (chaque décision prise pèse réellement sur l'intrigue), histoire de faire glisser tout ce petit monde, lentement mais sûrement, vers un final qui s'annonce - déjà - grandiose.

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Si l'on peut chipoter un brin sur quelques petits détails (une action tellement frénétique qu'elle en devient parfois difficile à mirer, un rythme parfois un brin décousu,...), Spider-Man : Across The Spider-Verse peut se voir comme un L'Empire Contre-Attaque après la claque Un Nouvel espoir, un film qui transcende et accentue toutes les qualités de son aîné pour en servir une version 2.0 plus complète, mature, spectaculaire et grandiose.
Vivement la suite, et le mot est faible...


Jonathan Chevrier