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[CRITIQUE] : Huesera


Réalisatrice : Michelle Garza Cervera
Acteurs : Natalia SoliánAlfonso DosalMayra Batalla,...
Distributeur : Shadowz
Budget : -
Genre : Drame, Épouvante-horreur.
Nationalité : Mexicain, Péruvien.
Durée : 1h37min

Synopsis :
Valeria tombe enfin enceinte. Son corps change, et c’est très sale.



Critique :


Plus les mois avancent au sein de cette riche (oui) année ciné 2023 et pas une semaine ne passe sans que la plateforme Shadowz ne vienne dégainer sa petite curiosité qui vaut férocement son pesant de pop-corn.
Au sein d'un mois de mai résolument tourné vers la Croisette cannoise, la firme a dégainé simultanément deux pépites inédites dans nos contrées : Blood on her name de Matthew Pope tout d'abord, une plongée captivante et chaotique dans la noirceur de l'âme humaine et de ses dilemmes moraux, gentiment logé entre le thriller et le western baroque; et le déglingué Relaxer de Joel Potrykus, trip hybride entre l'étrange portrait d'une génération shootée à la pop culture, la critique déglinguée de notre société capitaliste, et le constat urgent sur le dilemme du changement climatique.

Jamais deux sans trois donc avec Huesera, estampillé premier long-métrage de la réalisatrice et scénariste mexicaine Michelle Garza Cervera, merveille d'horreur dense et réfléchi à la fois psychologique et corporelle, mêlant avec justesse commentaire féministe et horreur folklorique dans l'exploration d'une grossesse intimement éprouvante - et le mot est faible.

Soit celle de Valeria, qui aspirait depuis quelques temps à avoir un enfant avec son compagnon Raúl.
Mais sœur, mariée et ayant des enfants auxquels Valeria ne semble s'être jamais beaucoup intéressée, méprise ouvertement sa conversion à l'idéal de la maternité, même ses parents poliment sceptiques face au bonheur apparent qu'elle semble vendre à tous ses proches.

Nur Rubio / XYZ Films

Et alors qu'elle est en proie aux souvenirs de sa relation passée avec la passionnée Octavia, elle est assaillie par des visions - réelles ou imaginaires - démoniaques de corps agités, pliés, convulsés dont le bruit des os ne cessent de craquer et de se briser...

Étrange et douloureuse asphyxie menant tranquillement mais sûrement vers une épouvante incroyablement glaçante (avec de vrais instants de terreurs, pas comme la soupe de jump-scares dégainés à la pelle dans l'horreur actuelle), ce premier effort surprend par la densité folle de son récit et sa manière de continuellement convoqué l'anxiété troublante des premières oeuvres de Polanski (Repulsion et Rosemary's Baby, évidemment).
Saisissant, le film se fait une immersion douloureuse au cœur de la bataille existentielle d'une femme écrasée par le poids des attentes accompagnant l'hétéronormativité, l'obligation de se conformer aux normes, l'ambivalence de son désir maternel et même une sorte de parabole à la dépression post-partum.

Jamais trop pour un scénario en béton armé, appuyé par une mise en scène et un mixage sonore sublimant le moindre de ses élans surnaturels, ni même pour une seule femme - exceptionnelle Natalia Solián -, Huesera subjugue, terrifie et captive dans sa volonté de renouveler avec intelligence le trope horrifique d'une figure féminine bouleversée par une maternité imminente.
Une sacrée surprise.


Jonathan Chevrier


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