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[CRITIQUE] : Perfect Days



Réalisateur : Wim Wenders
Avec : Koji YakushoMin TanakaArisa Nakano,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Allemand, Japonais.
Durée : 2h03min

Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2023.

Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.


Critique :


Sept ans d'absence dans les salles obscures hexagonales (son Submergence avec le tandem James McAvoy/Alicia Vikander, est sorti directement
et dans l'indifférence la plus totale, en DVD), ça valait bien une double présence sur la Croisette, et en compétition officielle s'il vous plaît, pour un Wim Wenders plus en verve que jamais tant son Perfect Days est, de loin, l'un de ses plus beaux efforts sur les deux dernières décennies.

Écrit en collaboration avec le scénariste et réalisateur japonais Takuma Takasaki, le film se fait une modeste et charmante petite pièce de chambre vissée sur le quotidien d'Hirayama (Koji Yakusho, prix d'interprétation totalement mérité), un homme d'âge mur dont le métier est de nettoyer les toilettes et les services publics de la ville de Tokyo, voyageant en solitaire avec sa camionnette de latrines en latrines, uniquement accompagné ou presque (il est parfois affublé d'un assistant) par la musique qu'il affectionne (Lou Reed, Patti Smith, Nina Simone, The Kinks,... autant de diversité que d'indices sur son humeur au moment de l'écoute).

Copyright Haut et Court

Son seul et unique passe-temps réside finalement dans le plaisir qu'il peut avoir à photographier les arbres qu'il croise sur sa route...
D'une élégance rare autant qu'il est épuré à l'extrême, le Wenders nouveau, sensiblement dans l'ombre du maître Yasujirô Ozu, capture avec attention le ballet silencieux d'un homme infiniment seul mais heureux, dont on ne sait finalement pas grand chose (il écoute de la bonne musique, vit seul, lit du Faulkner la nuit, dîne au même restaurant,...) alors qu'il répète inlassablement les mêmes gestes jour après jour (douze à l'écran), comme s'ils étaient nécessaire à sa propre harmonie physique et psychologique, lui dont le travail est justement intimement lié à l'harmonie et à la vibration sociale d'une Tokyo crépusculaire.

Une de ses fameuses pièces essentielles d'un monde qui l'ignore, entre mépris poli où dédain totalement assumé, qui s'est construit un cocon rassurant dans la répétitivité d'une routine que viendra pourtant bousculer un passé qu'il tentait de fuir, par peur de l'affronter.

Copyright Haut et Court

Une peur que ne connaît pas Wenders, tant il accepte ces intrusions et nous renvoie continuellement, par petites touches discrètes, à son passé et à son propre cinéma, de Tokyo-Ga à Summer in the city en passant par Au fil du temps.
Il signe avec sérénité une magnifique fable sur la banalité et la beauté du quotidien, et la nécessité de profiter des petites choses qui en font le sel, une déambulation élégante et charmante comme on en voit que trop peu.


Jonathan Chevrier


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