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[CRITIQUE] : The Quiet Girl


Réalisateur : Colm Bairéad
Avec : Catherine Clinch, Carrie Crowley, Andrew Bennett,...
Distributeur : ASC Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Irlandais, Britannique.
Durée : 1h36min

Synopsis :
Irlande, 1981, Cáit, une jeune fille effacée et négligée par sa famille, est envoyée vivre auprès de parents éloignés pendant l’été. Mais dans cette maison en apparence sans secret, où elle trouve l’épanouissement et l'affection, Cáit découvre une vérité douloureuse.



Critique :


Il y a des silences qui veulent tout dire. On l'oublie peut-être à force de tomber sur des films qui ont besoin de verbaliser leurs enjeux pour être sûrs d'atteindre tous les publics mais le non-dit peut se révéler une arme dévastatrice émotionnellement. C'est l'impossibilité de mettre en mot ses propres sentiments, d'exprimer ses regrets et, parfois, de conserver en soi ces larmes, ces cris qui nous rongent. The Quiet Girl propose un récit au faux calme ambiant , celui d'une jeune fille devant intégrer la maison de membres éloignés de sa famille. Cette séparation physique n'est que la prolongation du mal-être qu'elle ressent dans son propre milieu, expliquant sans doute son quasi mutisme au vu du rejet qu'elle vit. Ce domicile pour l'été s'avère alors chargé d'un mystère qu'il faut moins résoudre que s'en rapprocher pour mieux laisser s'exprimer une affection sincère.

Copyright ASC Distribution

Eibhlín, qui accueille la jeune Caít chez elle avec son compagnon Seán, explique à la fillette qu'il n'y a pas de secret, que les maisons qui en ont portent une honte. Cette intériorisation de la douleur va constituer un moteur émotionnel par ce qu’elle exprime, ou plutôt n'exprime pas, de peines qu'on ne veut ou peut adresser. C'est également l'impossibilité d'un bonheur qui va finalement poindre petit à petit, comme si cette façon d'adresser à ses blessures pouvait faire ressurgir un potentiel amour, de soi et de l'autre. Entre le couple meurtri et la jeune fille sans doute abusée, un pont finit par se créer derrière le mutisme, un rapprochement qui se fait par touches subtiles alors même qu'eux-mêmes ne savent comment panser leurs pensées.

En adaptant pour son premier long-métrage la nouvelle Foster de Claire Keegan, Colm Bairéad  a choisi l'approche d'une sensibilité visuelle, bien appuyée par la superbe photographie de Kate McCullough. À l'instar d'Emmanuelle Nicot dans Dalva, le choix du format permet d'établir au premier abord un renfermement physique et émotionnel fort avant de se diriger vers une libération du soi dans un éclat particulièrement lumineux. Il y a également des choix de raccord d'une franchise aussi forte que l'absence de parole le permet, comme si l'image prenait le pas sur le mot pour dire ce qui ne peut se déclarer sans tomber dans le drame. C'est d'ailleurs lors d'un moment dialogué d'un rythme verbal violent que se concrétisera cette souffrance, faisant resurgir dans la lumière ce qui était implicite mais néanmoins brutal.

Copyright ASC Distribution

D'une force émotionnelle sidérante, The Quiet Girl bouleverse alors par sa discrétion, comme une souffrance qui finit par se soigner peu à peu dans une chaleur solaire particulièrement touchante. Colm Bairéad s'y révèle cinéaste à la touche sentimentale vibrante, créant dans le non-dit la douleur mais également la possible résolution de celle-ci par un amour subtil mais néanmoins existant. C'est un film d'une grande beauté affective et, en ce sens, sans doute un des plus remarquables en tous points cette année.


Liam Debruel


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