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[CRITIQUE] : Le Jeune Imam


Réalisateur : Kim Chapiron
Avec : Abdulah Sissoko, Hady Berthe, Issaka Sawadogo,
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h38min

Synopsis :
À 14 ans, Ali est un adolescent à la dérive. Sa mère qui l’élève seule ne trouve d’autres solutions que de l’envoyer au village au Mali pour finir son éducation. Dix ans plus tard, Ali revient. Malgré les doutes de sa mère auprès de qui il est prêt à tout pour briller, il devient l’imam de la cité. Adulé de tous et poussé par ses succès, Ali décide d’aider les fidèles à réaliser le rêve de tout musulman : faire le pèlerinage à la Mecque.

Inspiré d’une histoire vraie.



Critique :


À une heure où la stigmatisation envers les musulmans et l'Islam n'est plus un sport uniquement pratiqué par les partisans d'extrême droite, difficile de ne pas admettre qu'un film tel que Le Jeune Imam, premier long-métrage de Kim Chapiron depuis neuf ans et le mitigé La Crème de la Crème, arrive à point nommé et s'avère même presque essentiel pour remettre l'église, où plutôt la mosquée, au cœur du village.

Si le septième art, et encore plus la production hexagonale, ne s'était pas forcément (et le mot est faible) penché sur la religion de manière sensiblement positive, le cinéaste corrige le tir sans pour autant baigner dans les affres d'une vision béatement idéalisée, dressant un portrait d'une Islam moderne et modérée, expurgée de tout traditionalisme rétrograde où de clichés/caricatures faciles, sans pour autant masqué les dérives liées à son culte finalement très peu encadrée.

Copyright Lyly Films - Srab Films

Inspiré d'une histoire vraie (les arnaques au pèlerinage orchestrées par des escrocs trompant ceux qui économisent toute une vie pour ce voyage), la narration est clouée aux basques d'un môme à la dérive, Ali, dont les frasques répétées obligent sa mère, qui l'élève seule, à le renvoyer au Mali pour qu'il finisse son éducation et prenne du plomb dans la tête.

Dix ans plus tard et visiblement changé et prêt à se repentir de ses erreurs passées, il fait son retour à Montfermeil où ses perspectives d'avenir se résume à pas grand chose - si ce n'est rien.
Il décide donc de devenir l'imam de son quartier, capitalisant ainsi sur son apprentissage du Coran et de la théologie islamique, mué par la volonté louable de donner une image simple et apaisée de la religion.
Et tout ce passe bien dans le meilleur des mondes jusqu'à ce qu'il tombe naïvement dans une arnaque...

S'imprégnant une nouvelle fois du réel pour mieux nourrir sa fiction, Kim Chapiron croque un drame doux-amer et captivant, questionnant le pouvoir de l'image et de la parole à une heure 2.0 où sa diffusion se fait vite virale (plongeant parfois ses sujets au bord de l'égocentrisme), au travers d'un récit initiatique/chemin de croix d'une figure nuancée et ambivalente (fantastique Abdullah Sissoko), un fils en quête de rédemption et du pardon d'une mère, avec qui la rupture fût à la fois un déchirement et une bénédiction.

Copyright Lyly Films - Srab Films

Montrant avec sensibilité et respect la pratique religieuse (et, dans le même mouvement, il pose un regard sincère sur la figure même de l'imam, ici incarné par un jeune homme qui se nourrit de ses erreurs) tout en pointant avec une vérité cinglante et sans naïveté les dérives/escroqueries qui peut gangréner son image (le business - souvent ridicule - du halal, l'arnaque au pèlerinage,...), Le Jeune Imam se fait un solide récit d'apprentissage - à tous les niveaux - qui vaut chèrement son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier


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