[CRITIQUE/RESSORTIE] : Jeanne Dielman 23, Quai Du Commerce, 1080 Bruxelles
Réalisatrice : Chantal Akerman
Avec : Delphine Seyrig, Jacques Doniol-Valcroze, Henri Storck,...
Distributeur : Capricci Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 3h18min
Date de sortie : 21 janvier 1976
Date de ressortie : 19 avril 2023
Synopsis :
Le quotidien d'une mère de famille qui se livre occasionnellement à la prostitution.
Critique :
Qu'on se le dise, chaque plan qui habite les trois heures de bobines de Jeanne Dielman 23, Quai Du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman, grandissent dans l'espace comme des silences furieusement évocateur, des vérités tranchantes assénées comme rarement sur grand écran.
Chaque journée qui anime la vie de Jeanne Dielman (formidable Delphine Seyrig) sont des chapitres (littéralement annoncés par des intertitres), des nomenclatures où les secondes paraissent des minutes, des minutes des heures, des heures une éternité.
Comme si tout était quantifiable (ses journées où elle est soumise au fantasme des hommes, sa vie intime où elle fait le ménage, cuisine, met la table, aide son enfant à faire ses devoirs,...) et pourtant quelque chose se dégage de cette uniformité insistante et anxiogène, de cette routine chorégraphiée à l'extrême puisque tout n'est qu'un enchaînement interminable des mêmes gestes : la lente perte d'identité d'une femme dans le train-train du quotidien.
Définitivement plus le fruit d'un cinéma expérimental de sensation que d'action (quoique), Chantal Akerman fait de son film une œuvre où la fiction atteint ses limites au point de presque prendre vie à travers l'écran, une œuvre où le moins évident et le plus infime détail de l'existence est questionné (jusqu'à un déraillement abrupte et pourtant annoncé), une œuvre qui incarne une vraie expérience féminine (et donc féministe, autant pour ce qu'il montre - ce qu'est être une femme, purement et simplement - et la manière avec laquelle il le fait) à la fois corporelle, temporelle, physique et relationnelle, dont le constat sociologique s'inscrit à la fois dans le passé, le présent et l'avenir - notre présent.
Déroutant dans son expression radicale et minimaliste de la banalité la plus confondante et frustrante du quotidien (on pense souvent à Antonioni et Ozu, voire même à la froideur clinique d'Haneke), Jeanne Dielman 23, Quai Du Commerce, 1080 Bruxelles est une expérience exigeante mais grandiose, un portrait sans faille de la marginalisation, de l'aliénation, de l'assujettissement et de la solitude des femmes, engoncée et résignée dans une vie forgée dans un inconfort et une souffrance silencieuse constante.
Jonathan Chevrier
Avec : Delphine Seyrig, Jacques Doniol-Valcroze, Henri Storck,...
Distributeur : Capricci Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 3h18min
Date de sortie : 21 janvier 1976
Date de ressortie : 19 avril 2023
Synopsis :
Le quotidien d'une mère de famille qui se livre occasionnellement à la prostitution.
Critique :
Expression radicale de la banalité la plus confondante, #JeanneDielman incarne un portrait exigeant et brute de l'aliénation, de l'assujettissement et de la solitude d'une (des ?) femme à la fois dévouée et résignée, engoncée dans une prison sans barreaux ni chaîne: son quotidien pic.twitter.com/YfgtTlsETV
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 23, 2023
Qu'on se le dise, chaque plan qui habite les trois heures de bobines de Jeanne Dielman 23, Quai Du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman, grandissent dans l'espace comme des silences furieusement évocateur, des vérités tranchantes assénées comme rarement sur grand écran.
Chaque journée qui anime la vie de Jeanne Dielman (formidable Delphine Seyrig) sont des chapitres (littéralement annoncés par des intertitres), des nomenclatures où les secondes paraissent des minutes, des minutes des heures, des heures une éternité.
Comme si tout était quantifiable (ses journées où elle est soumise au fantasme des hommes, sa vie intime où elle fait le ménage, cuisine, met la table, aide son enfant à faire ses devoirs,...) et pourtant quelque chose se dégage de cette uniformité insistante et anxiogène, de cette routine chorégraphiée à l'extrême puisque tout n'est qu'un enchaînement interminable des mêmes gestes : la lente perte d'identité d'une femme dans le train-train du quotidien.
Copyright Capricci Films |
Définitivement plus le fruit d'un cinéma expérimental de sensation que d'action (quoique), Chantal Akerman fait de son film une œuvre où la fiction atteint ses limites au point de presque prendre vie à travers l'écran, une œuvre où le moins évident et le plus infime détail de l'existence est questionné (jusqu'à un déraillement abrupte et pourtant annoncé), une œuvre qui incarne une vraie expérience féminine (et donc féministe, autant pour ce qu'il montre - ce qu'est être une femme, purement et simplement - et la manière avec laquelle il le fait) à la fois corporelle, temporelle, physique et relationnelle, dont le constat sociologique s'inscrit à la fois dans le passé, le présent et l'avenir - notre présent.
Déroutant dans son expression radicale et minimaliste de la banalité la plus confondante et frustrante du quotidien (on pense souvent à Antonioni et Ozu, voire même à la froideur clinique d'Haneke), Jeanne Dielman 23, Quai Du Commerce, 1080 Bruxelles est une expérience exigeante mais grandiose, un portrait sans faille de la marginalisation, de l'aliénation, de l'assujettissement et de la solitude des femmes, engoncée et résignée dans une vie forgée dans un inconfort et une souffrance silencieuse constante.
Jonathan Chevrier