[CRITIQUE] : Nos Cérémonies

Réalisateur : Simon Rieth
Avec : Simon Baur, Raymond Baur, Maïra Villena,…
Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers
Budget : -
Genre : Drame, Fantastique
Nationalité : Français.
Durée : 1h44min

Synopsis :
Royan, 2011. Alors que l’été étire ses jours brûlants, deux jeunes frères, Tony et Noé, jouent au jeu de la mort et du hasard... Jusqu’à l’accident qui changera leur vie à jamais. Dix ans plus tard et désormais jeunes adultes, ils retournent à Royan et recroisent la route de Cassandre, leur amour d’enfance. Mais les frères cachent depuis tout ce temps un secret...

Critique :

#NosCérémonies fait chavirer dans son rapport à la vie et son équilibre ténu avec une conclusion inéluctable pour tout un chacun. Quand l'incertitude de notre existence est représentée avec autant de force visuelle et émotionnelle, on en reste pantois d'admiration. (@LiamDebruel) pic.twitter.com/ZdUbRgJMyo
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 23, 2023

Il y a de ces coups de cœur dont l'intensité est si forte qu'on y repense continuellement, encore et encore, et ce des mois après la projection. Découvert au BIFFF il y a quelques mois, Nos cérémonies fait clairement partie de ces titres qui nous font vibrer encore par certains de leurs plans, gravés durablement dans la rétine. Il faut dire que le premier long-métrage de Simon Rieth a su ancrer son drame dans du fantastique clairement marqué, notamment par son point de départ émotionnel : celui de deux frères obligés de revenir dans la maison familiale suite au décès de leur père. Les deux jeunes hommes partagent en plus un secret, les obligeant à une cérémonie suite à un grave accident.

Rien que l'ouverture marque, installant en peu de temps sa dramaturgie avec par exemple un plan marquant par sa durée. La caméra, immobile, fixe le drame et cadre l'horreur de loin pour mieux appréhender sa violence, tout en évitant un cut hors champ qui aurait pu être facile dans le traitement. Ce ne sera justement jamais le cas du film entier, appréhendant par la suite un rapport à la mortalité dans son cadre de jeunes adultes avec un aspect vibrant et funeste à la fois. Les longs plans rappellent à une vie constante, un besoin de mouvement permanent qui permet de bien faire respirer les personnages et leur confère une existence malgré la proximité constante de la fin.

L'intensité de la photographie accentue cette sensation tout en permettant de faire baigner le film dans une colorimétrie quasi irréelle. La chaleur sur la peau renforce l'idée d'un moment qui passe et ne se récupère pas, faisant de cet été un vrai moment de finitude qui touche surprenamment, à l'instar de la relation entre nos deux héros. Raymond et Simon Baur apportent une émotion dans leurs personnages, une faille qui accentue encore la fragilité existentielle et les enjeux sentimentaux au sein d'un film résolument bouleversant dans son ancrage fantastique.

C'est dans la fin que point la violence sèche de Nos cérémonies, et c'est cette limitation du temps qui nous retourne encore plus émotionnellement. Le film de Simon Rieth impose une personnalité forte, des visuels hypnotisants et une ambition sentimentale résonnant par son intimité et sa fragilité. En plus de nous imposer un intérêt total pour le prochain essai cinématographique de son réalisateur, Nos cérémonies nous fait chavirer dans son rapport à la vie et son équilibre ténu avec une conclusion inéluctable pour tout un chacun. Quand l'incertitude de notre existence se voit représentée avec autant de force visuelle et émotionnelle, on en reste tout simplement pantois d'admiration.

Liam Debruel