[CRITIQUE] : C'est mon homme
Réalisateur : Guillaume Bureau
Acteurs : Leïla Bekthi, Louise Bourgoin, Karim Leklou,...
Distributeur : Bac Films
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.
Synopsis :
Julien Delaunay a disparu sur un champ de bataille de la Grande guerre. Sa femme, Julie, ne croit pas qu’il soit mort. Et quand la presse publie le portrait d’un homme amnésique, elle est certaine de reconnaître Julien. Ils se retrouvent et réapprennent à s’aimer. Mais une autre femme réclame cet homme comme étant son mari.
Critique :
Dommage qu'à l'image de son héros, #CestMonHomme tâtonne, ne sachant pas réellement vers quelle direction tendre son triangle amoureux entre le récit douloureux d'un potentiel déni où celui tout aussi tragique d'une obsession viscérale pour faire rejaillir une vérité endormie... pic.twitter.com/eee52enc2n
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 31, 2023
Discrètement mais sûrement, forte de choix qui l'a font explorer toutes les nuances de son jeu d'actrice, capable d'alterner entre comédie et drame avec une facilité absolument déconcertante, Leïla Bekhti détonne, rayonne mais surtout impose sans effort sa marque au sein d'un septième art hexagonal qui, n'ayons pas peur des morts, n'aurait pas été le même sans sa présence lumineuse depuis plus d'une décennie désormais.
Un de ses talents qui peuvent nous vendre un film et nous pousser à se rendre en salles sur sa seule et unique présence, autant que de ceux capables de relever les menus défauts d'une écriture et/où d'une mise en scène ne les mettant jamais assez en valeur.
C'est sensiblement l'écueil dans lequel tombe le pourtant prometteur premier long-métrage de Guillaume Bureau, C'est mon homme, exploration furieusement indécise mais charmante d'une reconstruction difficile et d'un amour impossible, frappé par la vérité implacable d'une mémoire brisée par l'amnésie.
Où quand deux femmes revendique la légitimité de leur amour pour le même homme aux souvenirs malades.
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Soit l'histoire follement mélodramatique de Julie, persuadée que son époux Julien n'a pas perdu la vie au coeur de la Grande Guerre, même s'il n'a plus donné signe de vie depuis son engagement sur le champ de bataille.
Au détour d'une simple image pourtant, elle est persuadé de le reconnaître, lui qui est devenu amnésique et qui aurait également partagé sa vie avec une autre dont elle n'avait nullement connaissance, Frimousse.
Si les deux vont se retrouver et réapprendre à s’aimer, Julien aura néanmoins toujours le coeur tiraillé entre elle et sa " seconde " femme...
Mais à l'image de son héros, la narration elle-même tâtonne, ne sachant pas réellement vers quelle direction tendre entre le récit douloureux d'un potentiel déni où celui tout aussi tragique d'une obsession viscérale pour faire rejaillir une vérité endormie (mais au fond, l'est-elle réellement ?), quand bien même une nette préférence se ressent très vite entre les deux femmes, tant le personnage de Frimousse est sensiblement délaissé au profit de celui il est vrai, plus fascinant et torturée de Julie.
Dommage tant celui qui est in fine le plus délaissé et paresseusement brossé du trio romantique en est précisément le pivot essentiel : Julien, dont la quête identitaire et les conflits intérieurs manquent cruellement de consistance et d'impact visuel autant que d'un petit supplément d'ambiguïté (et d'âme) qui aurait permis au film de sortir un brin de la route du classicisme furieusement ronflant qu'il s'échine à suivre avec une frénésie parfois irritante.
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Reste alors une esthétique rétro (très) élégante, trois comédiens d'exception aux implications sincères (encore une fois, Bekhti crève l'écran), et une propension louable de jouer la carte des sensations et des gestes plus que des longues tirades verbeuses, autant que de ne pas se perdre dans l'opposition indélicate de deux femmes que, justement, tout oppose déjà sans les affres du coeur.
À défaut d'être transcendant et d'exprimer tout son potentiel, C'est mon homme se laisse regarder et c'est déjà pas si mal...
Jonathan Chevrier