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[CRITIQUE] : The Pale Blue Eye


Réalisateur : Scott Cooper
Avec : Christian Bale, Harry Melling, Gillian Anderson, Lucy Boynton, Charlotte Gainsbourg, Toby Jones, Harry Lawtey, Simon McBurney, Timothy Spall, Robert Duvall,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Historique, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h10min

Synopsis :
Un commissaire à la retraite recrute un brillant cadet de West Point appelé Edgar Allan Poe pour qu'il l'aide à résoudre un meurtre atroce à l'Académie militaire américaine.



Critique :


De loin l'un des cinéastes les plus passionnants à suivre du cinéma ricain de ses quinze dernières années - avec Jeff Nichols -, Scott Cooper se fait désormais un faiseur de rêve gentiment insaisissable tant il semble lentement mais sûrement délaisser le néo-western qui a constitué les fondements de son début de carrière, pour désormais pleinement voguer vers le fantastique et l'horreur.
Affamés hier, A Head Full of Ghosts demain et The Pale Blue Eye aujourd'hui, le conteur affuté de l'Amérique (profonde) contemporaine qu'il est se frotte cette fois - plus où moins directement - à l'une des figures fondatrices de la littérature du pays de l'Oncle Sam, Edgar Allan Poe, en adaptant le roman éponyme de Louis Bayard dans ce qui peut se voir comme une version soft et moins religieux du Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud (d'autres citeront plus communément le Sleepy Hollow de Tim Burton), qui joue la carte du récit bien trop long et protéiforme pour son bien (il jongle à la fois avec le mélodrame mélancolique, le revenge movie tragique, le thriller intrigant et à tiroirs voire même avec le drame procédural) pour mieux nourrir sa remise en cause morale des institutions - de la rigidité militaire aux convenances ampoulées de la bourgeoisie.

Copyright SCOTT GARFIELD/NETFLIX © 2022

Le problème est que la plume du Scott Cooper scénariste ne semble jamais réellement faire confiance aux fulgurances du Scott Cooper réalisateur, qui bien aidé par la photographie immersive et naturelle de Masanobu Takayanagi, embaume son conte macabre comme une envolée gothique tout droit sortie des grandes heures de la Hammer, tout en étant férocement enraciné dans le rationnel - sociologique comme psychologique.
Mais ce qui aurait pu accoucher d'un modeste petit morceau d'horreur existentielle aussi amère que désespérée (comme le laisse joliment présager son premier tiers), se délite lentement mais sûrement jusqu'à un dernier tiers sinistre et gentiment invraissemblable - pour ne pas dire ridicule -, qui perd son sang froid et remanie nos relations avec les personnages principaux (un Christian Bale parfait en détective endeuillé et torturé répond à la partition fantastique d'Harry Melling, qui réinvente de manière sensiblement plus caricaturale la figure Poe pour mieux la remodeler à son image - décalée), et laisse durablement s'installer l'impression que quelque chose a été irrémédiablement perdu entre le papier et l'écran, malgré une émotion il est vrai palpable.

Copyright SCOTT GARFIELD/NETFLIX © 2022

Un charmant petit thriller occulte en somme, qui n'exploite jamais vraiment son plein potentiel (comme Cooper qui, à l'instar de Affamés, ne semblait pas toujours faire confiance à son instinct horrifique) mais qui est visuellement exaltant, pouvant se voir au fond comme une origin story étrangement intrigante sur l'écrivain que deviendra Edgar Allen Poe.
Loin des espoirs placés sur sa bobine donc, mais un gros cran au-dessus de ce que la plateforme dégaine habituellement chaque (où presque) vendredi.


Jonathan Chevrier


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