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[CRITIQUE] : La Montagne


Réalisateur : Thomas Salvador
Avec : Thomas Salvador, Louise Bourgoin, Martine Chevallier, Laurent Poitrenaux …
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame, Fantastique
Nationalité : Français.
Durée : 1h52min

Synopsis :
Pierre, ingénieur parisien, se rend dans les Alpes pour son travail. Irrésistiblement attiré par les montagnes, il s’installe un bivouac en altitude et décide de ne plus redescendre. Là-haut, il fait la rencontre de Léa et découvre de mystérieuses lueurs.


Critique :

La montagne, ça vous gagne” nous dit le célèbre spot publicitaire. C’est exactement ce qui arrive dans le nouveau long métrage de Thomas Salvador, où le personnage principal est gagné par une obsession aussi soudaine qu’intense pour le Mont Blanc. Sobrement intitulé La Montagne, ce nouveau film nous immerge dans l’immensité de ce lieu, calme et majestueux.

Cela commence par la solitude, par l’habitude. Pierre (interprété par Thomas Salvador lui-même) se prépare à partir dans les Alpes pour le boulot. Il boit son café, seul, dans une cuisine immaculée et impersonnelle. Le cinéaste appuie sa solitude en effectuant un gros plan de la tasse à côté de l’évier, désespérément seule, que laisse Pierre avant de partir. Puis ce sont des discussions de boulot dans le train afin de se mettre au diapason pour la présentation. Ensuite, la présentation en elle-même, où Pierre s’ennuie alors qu’il vante les avancées d’un nouveau prototype de robot. Son regard se laisse happer par la chaîne de montagne au loin : première incursion dans l’inhabituel pour le personnage. Il décide de rester à Chamonix pour le week-end au lieu de rentrer directement comme ses collègues. Il monte dans la montagne et n’y redescendra plus, même pour faire les courses. Le Mont Blanc l’a happé et Pierre s’y laisse dériver, plus heureux que jamais.

©Le Pacte

Film de faux-semblant, on pourrait penser que La Montagne est un énième récit sur l’appel de la nature, sur un citadin en pleine crise existentielle. Faisons confiance au réalisateur de Vincent n’a pas d’écailles pour ne pas faire comme tout le monde. Thomas Salvador prend son temps pour dévoiler un film beaucoup plus mystérieux et métaphysique qu’il n’en a l’air. Le film ne se laisse pas faire, nous offrant tout d’abord une mise en scène basique, dégagée de toute forme de légèreté, comme si la gravité du sol absorbait tous les mouvements de Pierre. Mais quand il prend le téléphérique, Pierre se déleste de la lourdeur pour monter au sommet et le film se transforme. L’image n’est plus qu’un camaïeu de blanc, avec des touches de bleu. La photographie s’apparente parfois à une peinture (on pense au célèbre tableau “Le voyageur contemplant une mer de nuages”, peint par Friedrich) tant le paysage en impose dans des plans silencieux.

Une forme d’étrangeté s’empare alors du film, par petite touche. Le refus de Pierre de redescendre. La place des silences, même pendant les dialogues. Puis ces petites créatures lumineuses que trouve Pierre après moult recherches. Le réalisme du film diminue au profit d’un aspect fantastique presque hallucinatoire, une ambiance métaphorique où Pierre, laissant sa vie peu palpitante derrière lui, rentre à l’intérieur de la montagne pour y trouver sa propre lueur. Fasciné, le public ne peut que rendre les armes face à cette proposition expérimentale.

©Le Pacte


Très loin du drame existentiel, ce que le début du film nous laissait percevoir pourtant, La Montagne se révèle être un trip semi-éveillé, où l’on finit par refuser, tout comme le personnage, de redescendre vers la banalité.


Laura Enjolvy


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