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[CRITIQUE] : Halloween Ends


Réalisateur : David Gordon Green
Avec : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak, Will Patton, Rohan Campbell,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h51min

Synopsis :
Quatre ans après les événements d’Halloween Kills, Laurie vit désormais avec sa petite-fille Allyson et achève d’écrire ses mémoires. Michael Myers ne s’est pas manifesté ces derniers temps. Après avoir laissé l’ombre de Michael planer sur le cours de son existence pendant des décennies, elle a enfin décidé de s’affranchir de la peur et de la colère et de se tourner vers la vie. Mais lorsqu’un jeune homme, Corey Cunningham, est accusé d’avoir assassiné un garçon qu’il gardait, Laurie devra affronter une dernière fois les forces maléfiques qui lui échappent, dans un déferlement de violence et de terreur…



Critique :


Avant de s'attaquer à nouveau par le biais d'une trilogie, à un monument de l'horreur made in US (L'Exorciste, toujours du côté de chez Blumhouse), David Gordon Green vient donc mettre un terme à sa trilogie requel du chef-d'oeuvre de Carpenter, passé deux efforts aux sensibilités bien distinctes, gentiment logés entre l'hommage appuyé et la bisserie qui tâche totalement décomplexée, nous ramenant aux heures nostalgiques et sombres à la fois où les boogeymen du grand écran alignaient autant les corps que les opus génériques.
Estampillée comme la fin - temporaire - des aventures sanglantes de Michael Myers, Halloween Ends et sa temporalité douteuse (l'intrigue se passe quatre ans après la boucherie de Halloween Kills, qui lui était une suite directe de celle d'Halloween) se devait donc de mettre un terme à l'affrontement épique et défiant toute logique entre The Shape et une Laurie Strode badass et finalement toute aussi indestructible - Jamie Lee Curtis, dans ce qui doit être ses adieux au personnage.

Copyright Universal Studios. All Rights Reserved

Une résolution potentiellement simpliste sur le papier mais qui fait finalement totalement sens avec la vision du mythe distillée au travers de cette nouvelle trilogie : si Halloween voulait faire oublier toutes les autres suites au chef-d'oeuvre de John Carpenter avec une rage sèche et décomplexée, et qu'Halloween Kills prennait totalement le contrepied de cette volonté en incarnant une proto-suite brutale où démocratiser la vendetta contre Myers n'en faisait plus l'ennemi d'une femme (Laurie Strode), mais de toute une ville traumatisée; Ends achève ce cycle de violence primitif en tuant l'aura de Myers au plus profond de ses entrailles : la croyance et la peur qu'il distille en chacun des habitants d'Haddonfield.
Rien de bien nouveau certes, et il ne faut pas chercher bien loin pour retrouver l'influence majeur de cette vision - Freddy Krueger -, faisant dès lors basculer la franchise sur le terrain inédit pour elle, avec un monstre aux fortes résonances philosophiques puisque son pouvoir, supposément infini, se nourrit dans la conscience et l'imaginaire collectif : tant qu'il occupe ses esprits, il pourra revenir encore et encore à chaque Halloween.
Et c'est parce que Laurie Strode n'est plus traumatisée par ses actes et qu'elle semble - en apparence - guérie et capable de passer à autre chose (elle est en paix avec elle-même et ce même si elle a perdu la chair de sa chair de la main même de Myers, quelques années plus tôt), que celui-ci ne peut plus revenir et perd même sensiblement de sa puissance tant même la ville semble avoir projeté sa haine et son mépris sur une nouvelle figure plus humaine et physiquement présente dans leur quotidien.

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Un nouveau contre-pied donc en comparaison avec Halloween Kills, qui s'il suit les graines semées par celui-ci (le sempiternel " le mal engendre le mal ", et Haddonfield semble être un terreau particulièrement fertile pour qu'il se transmette de génération en génération), peine cela dit une fois encore a pleinement impacter son auditoire, la faute à une écriture maladroite qui voit le tueur ressurgir sous une forme un temps improbable (un héritier aveuglé par la vengeance mais finalement un peu trop ambitieux) avant de revenir à la raison dans un final aussi attendu que mal amené, pourtant fascinant dans sa manière de faire lentement agoniser une figure toute-puissante jusqu'ici supposément invincible.
Culotté dans sa démythification totale d'une figure über-iconisée à peine deux heures plus tôt (laissant planer l'idée que Myers présent où non, le mal ne meurt jamais vraiment et continuera de frapper quoiqu'il advienne) mais encore trop caricaturale dans son écriture pour jouer la carte du miroir sociétal cru et pertinent (n'est pas Carpenter qui veut, et cet énième redite Halloween-esque ne fait que de le démontrer avec force), ce troisième film se fait néanmoins cohérent dans son refus de se laisser totalement aller à un carnage généreux et aveugle, misant nettement plus sur une brutalité fugace mais particulièrement rude et perverse où tuer se fait plus une chasse qu'un acte barbare administré arbitrairement - où gratuitement, comme dans le second opus.

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À l'image de ses deux aînés, Halloween Ends s'avère tout aussi clivant que divertissant (put*** d'introduction), concluant de manière audacieuse et satisfaisante une trilogie dispensable (Halloween, 20 après était une conclusion parfaite à l'arc Laurie Strode) mais loin d'être désagréable qui, à défaut d'être définitive, n'aura au moins pas saccager l'aura de l'un des plus fascinants boogeyman du septième art.
Et ce n'était pas forcément gagné d'avance en rentrant dans la salle...


Jonathan Chevrier


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