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[FUCKING SERIES] : Cobra Kai saison 5 : The Final Countdown


(Critique - avec spoilers - de la saison 5)


Une série jouant autant la carte de la nostalgie comme peut le faire la géniale (oui) Cobra Kai, ne peut décemment tenir sur la durée que si elle n'injecte pas un tant soit peu de fraîcheur dans sa formule gentiment rebattu.
Une règle qu'elle s'était, plutôt habilement d'ailleurs, échinée à suivre au gré de ses quatre premières saisons (même si la troisième tanguait un peu), alternant mise en avant d'une nouvelle - et sympathique - génération et rivalités entre les anciennes générations dont on ravivait plus où moins subtilement, les blessures et les querelles - pour mieux conditionner celles des héritiers.
Cependant, force est d'admettre que cette cinquième salve d'épisodes, produite à la chaîne par une Netflix qui bat sans complexe le fer tant qu'il est encore chaud (quitte à le déformer, mais c'est un autre débat), semble incarner un premier léger frein dans l'ascension exceptionnelle du show, passant d'un petit bout de revival produite par la défunte YouTube Red, vissé sur la guerre de territoires/dojos entre Daniel LaRusso et Johnny Lawrence, a quelque chose de résolument plus grand et grisant.

Copyright Curtis Bonds Baker/Netflix

Et il y a une raison à ce succès, tant elle se loge dans la cohérence d'une écriture qui sait constamment comment jouer avec la nostalgie (et introduire de nouveaux visages familiers de la trilogie originale) tout en gardant une loyauté et un amour infaillible pour le matériau d'origine.
Du haut de son concept il est vrai simpliste (étendre une mythologie solide qui fonctionnait déjà pleinement par elle-même), la série du tandem Hayden Schlossberg/Jon Hurwitz n'essaie jamais d'imiter quoi que ce soit d'autre, assumant ses gros contours de bisseries 80s comme des médailles qu'elle arbore fièrement, de ses gueules géniales - qui cachetonnent joyeusement - à ses combats aussi spectaculaires qu'ils sont parfois totalement invraisemblables.
Un charme suranné et pourtant férocement jubilatoire et réconfortant à la fois, une sorte de bulle du passé qui démontre qu'il y a encore une petite place pour le fun dans le cynisme ambiant d'une production Hollywoodienne capitalisant à outrance autant sur une nostalgie irrespectueuse que sur des divertissements volontairement décérébrés.

Copyright Curtis Bonds Baker/Netflix

Démarrant pile poil l'a où on l'avait laissé (John Kreese a été arrêté après que Terry Silver l'ait piégé, Daniel a enrôlé un vieil ennemi, Chozen (Yuji Okumoto) pour aider à détruire Cobra Kai, alors que le tandem Johnny/Robbie était lancé à la recherche de Miguel, qui a quitté la ville pour retrouver son père au Mexique; sans oublier Sam qui fait face à sa défaite dans le tournoi All-Valley contre Tory, qui n'a gagné que parce que Silver a payé les arbitres), la cinquième saison reprend douloureusement la même gimmick que la troisième, à savoir celle d'une saison de transition visant à aligner au maximum les sous-intrigues et à privilégier les visages forts de la mythologie, pour préparer un nouveau (et ultime?) affrontement final qui dépasse gentiment le carcan de la simple rivalité Cobra Kai vs Miyagi-Do/Eagle Fang (avec un côté sombre et tordu totalement assumé désormais).
Un parti-pris qui à ses avantages (le retour conséquent de Chosen, ceux plus mineurs de Mike Barnes et Jessica Andrews mais aussi et surtout donner plus de substance au tandem Kreese/Silver) comme ses défauts, puisque si l'action se focalise sur les méthodes créatives et craspecs de Daniel et Johnny (et aussi Chosen) pour démanteler les plans ambitieux de Silver avec Cobra Kai (Zabka et Macchio conservent toujours leur alchimie délirante), elle laisse de nouveau sur le côté le casting adolescent, juste présent pour se friter dans des affrontements toujours aussi concis et solidement chorégraphiés.

Copyright Curtis Bonds Baker/Netflix

En sacrifiant une nouvelle fois une salve d'épisodes pour introniser une saison suivante plus expansive et ambitieuse, le show prend un risque mesuré en jouant avec les attentes des fans tout en leur dégainant la promesse d'un avenir grandiose, flattant gentiment leur mémoire (le fight final entre Daniel et Terry, qui cite directement celui entre Miyagi et Terry là aussi au dojo Cobra Kai, dans le troisième opus) tout en déroulant les thèmes essentiels tissés dans la quatrième saison (la nécessité de penser et se battre comme le serpent - Cobra Kai - pour le vaincre, les élèves de Miyagi-Do devant penser en équipe pour grandir et avancer,...) ainsi que les réconciliations attendues (Mike Barnes et Daniel, Robbie et Miguel, Sam et Tori).
Avec une visée désormais internationale (le Sekai Taikai World Tournament, avec si ce n'est Silver, au moins Kim Da-Eun à la tête de Cobra Kai) et des affrontements déjà teasés (Kim contre Chosen, puisque son oncle Sato avait une grande rivalité avec le grand-père de celle-ci - Kim Sung-yung -, le retour de Kreese qui dit pourtant en avoir fini avec tout ça...), Cobra Kai saison 6 pourrait joliment conclure une série dont la majorité des arcs sont déjà bouclés - où en passe de l'être.

Copyright Curtis Bonds Baker/Netflix

Au point que chercher à étirer plus de raison les aventures des dojos de All Valley, rendrait les interactions entre les personnages sensiblement obsolètes - sauf twists/trahisons majeurs - déjà que l'intrigue principale de chaque saison ne fait que se répéter (prise de contrôle de Cobra Kai vs Johnny/Daniel qui entraînent leurs équipes pour arrêter ça).
La balle est dans le camp de Netflix qui, il est vrai, n'a jamais été plus loin que quatre saisons sur ses concepts populaires (excepté Stranger Things), et même si la nostalgie nous fait penser le contraire, il est peut-être temps désormais de fermer le dojo avant que la nostalgie et l'enthousiasme ne se dissipent totalement.


Jonathan Chevrier


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