[CRITIQUE] : Dual
Réalisateur : Riley Stearns
Avec : Karen Gillan, Aaron Paul, Beulah Koale, Theo James,…
Distributeur : -
Budget :
Genre : Science-fiction, Thriller, Comédie, Drame.
Nationalité : Américain, Finlandais.
Durée : 1h34min
Synopsis :
Une jeune femme condamnée par la maladie décide de laisser un clone pour la remplacer et soulager sa famille. Elle guérit pourtant et ne parvient pas à se débarrasser de ce double qu’elle va devoir se résoudre à affronter.
Critique :
Par la force de trois premiers longs-métrages aussi malins que gentiment barrés - Faults, The Art of Self-Defense et donc Dual -, le scénariste et réalisateur Riley Stearns a entériné son statut de cinéaste indispensable au coeur du cinéma indépendant US, articulant ses efforts sur un souci de confrontation avec l'autre et/où ses propres faiblesses, non pas dans un élan spectaculaire mais bien plus calme et intense, miroir contre-nature d'une Amérique gangrenée par sa propre violence.
Tous les personnages de ces films ne sont pas déterminés à embrasser leur brutalité, mais ils le font car ils sont submergés par des conflits qui les dépassent souvent.
Si un humour noir et corrosif embaumait l'aura de The Art of Self-Defense, c'est la SF qui s'immisce sous toutes les coutures de Dual, dont la double signification est dégainé dès l'introduction.
Dans le monde dystopique imaginé par Stearns, le clonage est aussi commun qu'institutionalisé, et les personnes en phase terminale sont même fortement encouragées à se cloner elles-mêmes.
Mais, petite nuance qui le différencie gentimenr du The Island de tonton Bay : les clones sont censés reprendre l'identité de leurs progéniteurs.
Donc si les circonstances changent et que le donneur originel ne meurt pas, ils doivent se battre en duel avec leur clone jusqu'à la mort pour savoir lequel des deux mérite de continuer à exister - " il ne peut en rester qu'un " qui disait ce bon bieux Totoff Lambert.
De cette prémisse absurde et tout droit sortie d'une bisserie à forte tendance Z des 80s (donc géniale sur le papier), jusque dans les fausses pubs digne du diptyque Robocop qui vantent les mérites du clonage, Stearns en tire toute la substance caustique au travers du parcours chaotique de Sarah, une femme complexe qui est étonnée d'apprendre - au point qu'elle reste incroyablement calme - qu'elle a une maladie mortelle incurable et qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre.
Pour elle, férocement incrédule, tout allait bien même si elle crachait assez souvent de grosses quantités de sang.
Néanmoins, comme conseillé partout, elle prend la décision de faire un clone d'elle-même, et si le coût la rebute un brin, une vente agressive lui fait définitivement franchir le pas.
Le souci pour elle débutera lorsqu'elle réalisera que ses proches - sa mère et son petit ami - ne sont pas si triste de sa mort tant ils préfèrent définitivement plus son clone qu'elle, au point que lorsque sa maladie rare et irréversible ne l'est plus, elle est éjecté de sa vie par les siens, au profit de sa version dupliquée qu'elle va devoir affronter et tuer (un duel à mort juridiquement ordonné et télévisé qui plus est), pour continuer à exister dans ce monde...
À une heure où les notions de multivers, de réalité alternative et de double semble gentiment s'installer au coeur de la production cinématographique made in America, pour le meilleur (Everything Everywhere All at Once) comme pour le pire (le MCU), Dual peut se voir comme une méditation plus intime de ses thèmes, jouant autant la carte du mélodrame existentiel sur une âme confrontée aux échecs de sa vie que celle du thriller gentiment horrifique, avec un double/jumeau maléfique qui vient voler notre existence.
Mais ce qui aurait pu se voir comme une morale facile visant son héroïne - voire son auditoire - apathique à apprendre à relativiser et aimer sa propre vie en se la réappropriant, Stearns en fait un trip pragmatique glacial et presque inhumain, où l'empathie n'est - volontairement - jamais au rendez-vous, tout autant qu'il frappe son surréalisme par un humour sec et caustique à toute épreuve (bien aidé par les prestations sincères et investies de Karen Gillan et Aaron Paul).
Résolument moins ouvert à la comédie que son précédent effort (qui singeait l'artificialité et l'aspect furieusement autodestructeur de la virilité toxique prônée comme porte étendard de la masculinité), Dual se fait plus distant et sensible à la fois, véritable satire dystopique et macabre fustigeant le capitalisme (qui nous pousse à " acheter " sa vie pour tromper la mort) et l'inhumanité qui gangrènent la société contemporaine (où nous sommes finalement tous remplaçable), jusque dans nos relations les plus intimes.
Une nouvelle fois avec puissance et retenue, Stearns examine aussi bien les complexités de notre dualité intérieur qu'il cherche à exposer avec ironie et sans la moindre émotion, les folies sociétales que nous sommes prêt à accepter au quotidien.
Un cinéaste indispensable qu'on vous dit.
Jonathan Chevrier
Avec : Karen Gillan, Aaron Paul, Beulah Koale, Theo James,…
Distributeur : -
Budget :
Genre : Science-fiction, Thriller, Comédie, Drame.
Nationalité : Américain, Finlandais.
Durée : 1h34min
Synopsis :
Une jeune femme condamnée par la maladie décide de laisser un clone pour la remplacer et soulager sa famille. Elle guérit pourtant et ne parvient pas à se débarrasser de ce double qu’elle va devoir se résoudre à affronter.
Critique :
Moins caustique que #TheArtOfSelfDefense, #Dual n'en est pas moins une géniale satire dystopique et macabre où Stearns examine autant les complexités de notre dualité intérieur qu'il cherche à exposer avec ironie, les folies sociétales que nous sommes prêt à accepter au quotidien pic.twitter.com/7Yp2c89ifV
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 12, 2022
Par la force de trois premiers longs-métrages aussi malins que gentiment barrés - Faults, The Art of Self-Defense et donc Dual -, le scénariste et réalisateur Riley Stearns a entériné son statut de cinéaste indispensable au coeur du cinéma indépendant US, articulant ses efforts sur un souci de confrontation avec l'autre et/où ses propres faiblesses, non pas dans un élan spectaculaire mais bien plus calme et intense, miroir contre-nature d'une Amérique gangrenée par sa propre violence.
Tous les personnages de ces films ne sont pas déterminés à embrasser leur brutalité, mais ils le font car ils sont submergés par des conflits qui les dépassent souvent.
Si un humour noir et corrosif embaumait l'aura de The Art of Self-Defense, c'est la SF qui s'immisce sous toutes les coutures de Dual, dont la double signification est dégainé dès l'introduction.
Dans le monde dystopique imaginé par Stearns, le clonage est aussi commun qu'institutionalisé, et les personnes en phase terminale sont même fortement encouragées à se cloner elles-mêmes.
Mais, petite nuance qui le différencie gentimenr du The Island de tonton Bay : les clones sont censés reprendre l'identité de leurs progéniteurs.
Donc si les circonstances changent et que le donneur originel ne meurt pas, ils doivent se battre en duel avec leur clone jusqu'à la mort pour savoir lequel des deux mérite de continuer à exister - " il ne peut en rester qu'un " qui disait ce bon bieux Totoff Lambert.
Photo: RLJE Films |
De cette prémisse absurde et tout droit sortie d'une bisserie à forte tendance Z des 80s (donc géniale sur le papier), jusque dans les fausses pubs digne du diptyque Robocop qui vantent les mérites du clonage, Stearns en tire toute la substance caustique au travers du parcours chaotique de Sarah, une femme complexe qui est étonnée d'apprendre - au point qu'elle reste incroyablement calme - qu'elle a une maladie mortelle incurable et qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre.
Pour elle, férocement incrédule, tout allait bien même si elle crachait assez souvent de grosses quantités de sang.
Néanmoins, comme conseillé partout, elle prend la décision de faire un clone d'elle-même, et si le coût la rebute un brin, une vente agressive lui fait définitivement franchir le pas.
Le souci pour elle débutera lorsqu'elle réalisera que ses proches - sa mère et son petit ami - ne sont pas si triste de sa mort tant ils préfèrent définitivement plus son clone qu'elle, au point que lorsque sa maladie rare et irréversible ne l'est plus, elle est éjecté de sa vie par les siens, au profit de sa version dupliquée qu'elle va devoir affronter et tuer (un duel à mort juridiquement ordonné et télévisé qui plus est), pour continuer à exister dans ce monde...
À une heure où les notions de multivers, de réalité alternative et de double semble gentiment s'installer au coeur de la production cinématographique made in America, pour le meilleur (Everything Everywhere All at Once) comme pour le pire (le MCU), Dual peut se voir comme une méditation plus intime de ses thèmes, jouant autant la carte du mélodrame existentiel sur une âme confrontée aux échecs de sa vie que celle du thriller gentiment horrifique, avec un double/jumeau maléfique qui vient voler notre existence.
Photo: RLJE Films |
Mais ce qui aurait pu se voir comme une morale facile visant son héroïne - voire son auditoire - apathique à apprendre à relativiser et aimer sa propre vie en se la réappropriant, Stearns en fait un trip pragmatique glacial et presque inhumain, où l'empathie n'est - volontairement - jamais au rendez-vous, tout autant qu'il frappe son surréalisme par un humour sec et caustique à toute épreuve (bien aidé par les prestations sincères et investies de Karen Gillan et Aaron Paul).
Résolument moins ouvert à la comédie que son précédent effort (qui singeait l'artificialité et l'aspect furieusement autodestructeur de la virilité toxique prônée comme porte étendard de la masculinité), Dual se fait plus distant et sensible à la fois, véritable satire dystopique et macabre fustigeant le capitalisme (qui nous pousse à " acheter " sa vie pour tromper la mort) et l'inhumanité qui gangrènent la société contemporaine (où nous sommes finalement tous remplaçable), jusque dans nos relations les plus intimes.
Une nouvelle fois avec puissance et retenue, Stearns examine aussi bien les complexités de notre dualité intérieur qu'il cherche à exposer avec ironie et sans la moindre émotion, les folies sociétales que nous sommes prêt à accepter au quotidien.
Un cinéaste indispensable qu'on vous dit.
Jonathan Chevrier