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[CRITIQUE] : Goodnight Mommy


Réalisateur : Matt Sobel
Acteurs : Naomi Watts, Cameron Crovetti, Nicholas Crovetti,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h32min.

Synopsis :
Lorsque des frères jumeaux arrivent à la maison et trouvent leur mère perturbée avec le visage couvert de bandages chirurgicaux, ils commencent à soupçonner que la femme sous la bande de gaze pourrait ne pas être leur mère.



Critique :


Rejoignant dans l'indifférence générale où presque (dans un sens, tant mieux) le catalogue des remakes inutiles et forcés de productions n'ayant même pas encore atteint le statut de films de patrimoine sur leurs propres terres, Goodnight Mommy, américanisation du puissant et impitoyable cauchemar psychologique autrichien de 2014 signé Veronika Franz et Severin Fiala (au bas mot, l'un des meilleurs morceaux horrifiques made in Europe de la dernière décennie), débarque sur une Prime Vidéo qui ne s'est même pas imposé l'effort - comme souvent - de le promouvoir un minimum.
Échoué à Matt Sobel, cette relecture se purge elle-même de toute l'ambiguïté glaçante et étrange de son matériau d'origine - dont il suit à peu près les mêmes rythmes et rebonds narratifs de l'original -, pour mieux privilégier une approche tellement radicalement opposée qu'elle en devient si ce n'est inutile, au minimum profondément ridicule.

Copyright 2010-2022 Amazon.com, Inc.

Si elle suit toujours la même trame principale (deux jumeaux, Elias et Lucas, obligés de partir vivre chez leur mère, la retrouve le visage totalement bandé suite à une opération de chirurgie esthétique, et se demande à la vue de son comportement, si cette femme est bien celle qui les a mis au monde), la narration s'embourbe dans des rectifications/corrections totalement abracadabrantesques, qui annhilent aussi bien le comportement nuancé de ses jeunes sujets (si dans l'original ils étaient plutôt taiseux et chuchotaient entre eux, ils sont ici plus bavards et bruyants que jamais) que celui de leur " mère " (dont les scènes dérangeantes montrant la détérioration psychologique du personnage aux yeux des gamins, sont ici férocement aseptisées même si elle reste toujours aussi violente), diluant dès lors toute l'ambiguïté et la perversité même de ce cauchemar (est-ce réellement la maman des enfants où une totale étrangère qui " fait semblant " ?), pour nous perdre dans un doute qui n'en est plus vraiment un.
D'une étude cinématographique labyrinthique et tendue sur la violence enfantine, la gémellité et le flou identitaire (tout le film se fait simplement l'expression malade de la psyché d'Elias et sa mère, tout comme son frère, en sont ses victimes), citant joliment la froideur du cinéma d'Haneke - autant que Les Yeux sans Visage de Fréju -, ce remake 2.0 privilégie la piste du traumatisme rarement sous tension menant inconfortablement (dans le mauvais sens du terme) à un final exagéré et grotesque.

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Comme si la merveilleuse terreur atmosphérique présente dans le film original s'était perdue dans sa traduction Google de l'autre côté de l'Atlantique, Goodnight Mommy sauce Hollywood, dont on ne retient que la partition d'une Naomi Watts qui semble s'éclater en Jack Torrance du pauvre, est un thriller psychologique squelettique qui ne fait que renforcer la puissance et l'aura intemporelle du bijou de Veronika Franz et Severin Fiala.
Pas une si grande surprise finalement...


Jonathan Chevrier