[CRITIQUE] : Si tu me venges...

Réalisatrice : Jennifer Kaytin Robinson
Acteurs : Maya Hawke, Camilla Mendes, Rish Shah, Talia Ryder,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min

Synopsis :
Dans un très chic établissement privé, une reine du lycée déchue passe un accord secret avec une nouvelle élève sans histoires pour se venger de leurs ennemis respectifs.

Critique :

#SiTuMeVenges canalise ses références et leur nostalgie cynique pour incarner une balade colorée, méta et délicieusement méchante, certes moins mordante et satirique que ses illustres aînés mais totalement consciente d'elle-même et de son époque dont elle reprend tous les codes. pic.twitter.com/9sVK1oaLNR
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 16, 2022

Devenu le pourvoyeur number one du teen movie depuis près de cinq ans maintenant, que ce soit dans le giron du cinéma où celui de la série (avec plus de titres oubliables que mémorables, et le mot est faible), Netflix n'a pourtant jamais encore cherché à arpenter le chemin sinueux de la comédie noire pour adolescents.
Bonne nouvelle, Do Revenge - Si tu me venges... par chez nous - vient corriger un brin ce manque, sorte de mise à jour 2.0 de Heathers, Clueless et Mean Girls à forte influence Hitchcockienne (pensez L'Inconnu du Nord-Express), où le meurtre au coeur de l'intrigue n'est pas celui d'une élève lambda mais bien celui du statut social de deux membres de la It Crowd, fruit d'une vengeance de deux âmes blessées et trahies (joli tandem Hawke/Mendes) dont les réputations ont littéralement été piétinées par plus puissants qu'elles.

Soit Drea, anciennement la fille la plus populaire du bahut mais dont la réputation va s'effondrer non seulement parce que son ex-petit ami Max, a publié sa sex tape, mais aussi parce qu'elle l'a publiquement frappé au visage par la suite, faisant de son bourreau une victime aux yeux de la plèbe lycéenne.
Simple boursière alors que son ex est le fier rejeton d'une famille aisée, il n'a eu aucun mal à contourner l'opinion populaire et l'amitié de ses " amies ", arguant qu'il n'a rien à voir avec la publication de la vidéo et que Drea l'a agressé sans raison.
Devenue une paria, elle pensait pouvoir simplement serrer les dents et faire profil bas jusqu'à la fin de sa dernière année, mais sa rencontre avec la fraîchement transférée dans l'établissement Eleanor, va gentiment bousculer ses plans.
Il y a quelques années, Eleanor fut elle aussi une paria dans son ancien bahut lorsque son crush, Carissa, avait répandu une rumeur selon laquelle elle l'avait retenue et embrassée de force.
Les deux jeunes femmes se lient d'amitié et élaborent un complexe plan de vengeance, où elles échangent leurs cibles : Drea éliminera Carissa, tandis qu'Eleanor infiltrera le groupe d'amis de Max pour s'occuper personnellement de lui...

Intelligent dans sa manière de vaincre la toxicité au travers même d'une relation dont l'obsession de vengeance en son coeur, ne fait elle-même que reproduire la toxicité qu'elle cherche à combattre; Do Revenge canalise - avec un peu de lourdeur, il est vrai - ses nombreuses références et leur nostalgie cynique (même s'il s'autorise quelques sous-intrigues romantiques totalement dispensables, plus présente par convention qu'autre chose) pour mieux incarner une balade colorée, méta et délicieusement méchante, certes moins mordante et satirique que ses illustres aînés mais totalement consciente d'elle-même et de son époque dont elle reprend tous les codes.
Évitant soigneusement les contours de la fable moralisatrice même s'il aurait mérité à épouser une férocité plus soutenue (la faute à sa volonté d'avoir un vrai noyau émotionnel en son coeur), le film se fait un solide teen movie diversifié et socialement conscient, une expérience amusante et vraiment prenante qui surplombe aisément la majorité (intégralité ?) du catalogue YA de la plateforme au Toudoum.

Jonathan Chevrier