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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #167. Death Wish 2

© 1982 Columbia Pictures

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#167. Le Justicier dans la Ville 2 de Michael Winner (1982)

Alors en pleine planification de son hold-up bigger than life qui l'aura vu jouer dans la même cour que les grandes firmes Hollywoodiennes, la Cannon frappait un grand coup en s'attachant les services de la légende Charles Bronson, première immense star qui servira de porte étendard au studio (moyennant un cachet rondelet pour l'époque : 1,5 million de dollars).
Échaudé d'avoir été recalé par King John Carpenter pour être son Snake Plissken dans New York 1997 (et heureusement, tant Kurt Russell était parfait pour le rôle), l'éternel homme à l'harmonica à la soixantaine bien tassée, s'en est donc allé jouer les grandes faucheuses à Magnum 44 dans une pluie de bisseries hautement recommandables, la Cannon ayant bien fait les choses en rachetant les droits de son dernier grand hit, Un Justicier dans la Ville de Michael Winner, pour en produire un maximum de suites à une heure ou la franchisation à outrance avait encore une saveur et une certaine éthique : divertir plus que de compter les billets verts.

© 1982 Columbia Pictures

Avant un divertissant troisième film censé se dérouler à New York alors qu'il a majoritairement été tourné à Londres, et une quatrième aventure ludique qui n'en déjà plus rien à foutre de son script, le tandem Winner/Bronson avait relancé Paul Kersey sur les rails avec un second opus foutrement sombre et encore plus réac que le premier.
Sobrement intitulé Death Wish 2, le film pousse les potards de la violence et du malaise à son paroxysme en catapultant le plus badass des architecte vigilante de la Grosse Pomme à la Cité des Anges, où il devra cette fois non pas liquider tout ce qui bouge, mais bien fumer tous ceux qui s'en sont à nouveau pris à sa pauvre fille.
Car Winner ne fait rien dans la dentelle : dès les premières minutes, sa fille Carol, déjà traumatisée par son agression dans le premier film, se fait kidnapper par des voyous locaux (dont un Laurence Fishburne tout jeunot), subit un nouveau viol collectif avant de se suicider en sautant par une fenêtre (elle finira même empalée dans une grille en fer forgé).
Et c'est sans oublier le sort tout aussi glauque de la gouvernante, elle aussi violée et assassinée.
Cruel voire même férocement sordide dans son souci de réalisme extrême (qui vire presque au cartoonesque), dénué de toute profondeur psychologique, le film calque gentiment son illustre aîné pour n'en retirer que sa sève sanglante et ses relans de western urbain, faisant de la chasse à l'homme d'un Kersey encore plus létale (il n'existe ici que pour se venger), une cabale brutale dans les bas fonds d'une L.A. poisseuse.

© 1982 Columbia Pictures

Le revenge movie prend même des atours de slasher avec un anti-héros Michael Myers-esque traquant méthodiquement chacun des coupables à tour de rôle, les achevant d'un combo balle/punchline sèche.
Un pur film d'exploitation donc, bestial et régressif, filmé avec complaisance et à l'arraché par un Winner qui fait le strict minimum), qui reste cependant totalement différent de la voir - très - décontractée que prendront ces suites...


Jonathan Chevrier