[CRITIQUE] : Clara Sola
Avec : Wendy Chinchilla Araya , Daniel Castañeda Rincón , Ana Julia Porras Espinoza,...
Distributeur : Epicentre Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Costaricien, Suédois, Belge, Allemand, Américain.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Dans un village reculé du Costa-Rica, une femme de 40 ans renfermée sur elle même, entreprend de se libérer des conventions religieuses et sociales répressives qui ont dominé sa vie, la menant à un éveil sexuel et spirituel.
Critique :
Déstabilisant dans sa manière de défier toutes les conventions familières dans son coming of age movie crepusculaire et poétique, sublimant la force de la féminité et d'une nature immuable et guérisseuse, #ClaraSola est une merveille d'expérience sensorielle, onirique et mystique pic.twitter.com/DsmSMD3U4o
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 20, 2022
Il y a une sorte de vertige étonnant à la vision du premier long-métrage de la cinéaste costaricienne Nathalie Álvarez Mesén, Clara Sola, pure expérience sensorielle pas si éloignée des odyssées mystiques d'Alejandro Jodorowsky, expurgée de tout paganisme dans ses ancrages picturaux et religieux, nourrissant l'éveil identitaire et sexuel tardif d'une femme fraîchement dans la quarantaine, vivant au coeur d'un village reculé du Costa Rica.
Fable d'émancipation féministe et explicitement anticléricale (où quand l'incompréhension, la répression et les tentatives d'éradiquer la sexualité peuvent avoir des conséquences terribles) , la péloche suit donc Clara, une femme taiseuse et solitaire affligée par une forme terrible de scoliose (qui a décuplé l'infantilisation de sa mère à son égard), qui préfère le monde animal au notre, notamment sa relarion fusionnelle avec sa jument blanche Yuca.
Toutes deux sont au fond autant exploités l'une que l'autre, la jument est louée pour divertir les touristes, tandis que Clara est forcée par sa mère à participer à des rassemblements religieux, où ses mains bénissantes soulageraient les personnes âgées malades et souffrantes.
Ses mains, dont les vertues seraient nées d'une hypothétique vision de la Vierge Marie, sont justement les deux instruments essentiels avec lequels elle communique ou rejette tout simplement, le monde extérieur...
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Tout, que ce soit dans sa symbolique ou sa singularité visuelle (voire même du montage élégant de Marie-Hélène Dozo à la photographie léchée de Sophie Winqvist), relève presque de l'ineffable, sorte de morceau brutale de réalité spirituelle et surnaturelle à la fois où la moindre inflexion/mouvement de son envoûtante héroïne (incroyable Wendy Chinchilla) vers le divin, son désir irrépressible envers l'humain et même son dévouement sans réserve à la nature et à l'animal, demande à être embrasser par le spectateur jusque dans ses tripes.
Déstabilisant dans sa manière de défier toute convention et habitudes familières dans son coming of age movie crepusculaire et poétique sublimant la force de la féminité et d'une nature immuable et guérisseuse
Dans la lignée des récents - et superbes - La Llorona de Jayro Bustamante et Dieu existe, son nom est Petrunya de Teona Strugar Mitevska, qui pointaient la rigueur d'une société/culture à la religion institutionnelle anxiogène en opposition à une nature plus sauvage et non polluée par l'humanité; Clara Sola, certes pas dénué de quelques longueurs, n'en est pas moins l'exemple parfait d'un cinéma qui privilégie le ressenti, l'immersion onirique et mystique à une expérience plus rationnelle et cerebrale.
Une claque, rien de moins.
Jonathan Chevrier