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[CRITIQUE] : Glasshouse


Réalisatrice : Kelsey Egan
Avec : Jessica Alexander, Kitty Harris, Anja Taljaard, Adrienne Pearce, Hilton Pelser,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame, Science-fiction, Thriller.
Nationalité : Sud-africain.
Durée : 1h34min

Synopsis :
Le « Shred », une toxine mortelle dont les effets proches de la démence effacent la mémoire de ceux qui en sont atteints, se propage. Pour s’en protéger, une mère, ses trois filles et son fils s’isolent dans une grande verrière, que la mère appelle le « Sanctuaire′′. Leur tranquillité est bouleversée lorsque l’aînée invite un inconnu blessé au sein de leur foyer.



Critique :


Le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui n'existe plus dans le premier long-métrage mélancolique et dystopique du couteau suisse du cinéma Kelsey Egan, Glasshouse, la faute à une sorte de pandémie inconnue qui a viciée l'air et altère les mémoires autant qu'il provoque la démence.
Nous dérivons à travers un désert blanc brûlé pour trouver une serre isolée du monde et apparemment aussi du temps, lieu où vit une famille apparemment soudée même si gentiment bizarre (une matriarche et ses quatre enfants, dont un garçon qui a été exposé au virus surnommé le Shred), dont la quiétude est vite troublée par un étranger blessé qui n'a pas besoin de trop faire pour déstabiliser l'équilibre déjà précaire des lieux (Il faut produire assez de végétaux à la fois pour créer de l’oxygène pur, mais également se nourrir), mais aussi familial...
Thriller dystopico-apocalyptique sous fond de huis clos, le premier effort de Kelsey Egan ne semblait pas, de prime abord, dénoter de ce que le genre nous avait dégainer depuis plus d'une vingtaine d'années (une microsociété - souvent familial - à forte consonance celtique, formée à l’intérieur d’un lieu confiné et prônant un retour aux valeurs de la terre, voit son quotidien basculer lorsqu'un étranger - aux intentions cela dit ici assez quelconques - y est introduit), et restait plus qu'à savoir comment le plat allait nous être servi sur un petit peu plus de quatre-vingt-dix minutes.

Photograph: David Dettmann/Signature Entertainment

Mieux que bien pour le coup, tant le film incarne sans doute l'une des odyssées science-fictionnelle les plus habilement tracées et perturbantes (puisque sans la moindre unité de temps) de récente mémoire, où le diable se niche totalement dans les détails notamment dans l'extrême méticulosité de sa construction du monde, avec un écosystème soigneusement élaboré et limité dans sa capacité mais aussi et surtout une pandémie dont les détails et conséquences sont remarquablement prémonitoires.
Sous le drame de surface, qui est lui-même plus complexe qu'il n'y paraît à première vue, la narration soulève les thématiques fascinantes autant de la notion identitaire (comment se construire sans souvenir d'un passé qui a forgé qui nous sommes ? Comment répondre à nos désirs et besoins physiques et charnels sans liens avec l'extérieur ?) que de l'évolution (manipulation ?) de la perspective de la mémoire collective en temps de crise : comment en l'absence de mémoire (ceux qui la conserve intact, en garde son pouvoir), pouvons-nous garder intact le souvenir de notre culture et de notre civilisation, en sachant que chaque détail changé/éludé représente potentiellement une perte permanente et colossale pour l'humanité...
Destiné à s'évader dans l'imaginaire de son auditoire, où la vérité et l'illusion ont autant de valeur que sa beauté onirique (superbe photographie de Justus de Jager), Glasshouse incarne un puzzle complexe et fascinant dans son exploration de l'intersection entre mémoire et traumatisme, l'aspect lancinant de son récit existentiel et sa manière de sobrement (trop peut-être, tant la mise en scène aurait mérité là plus d'ampleur et même de maîtrise) s'aventurer dans l’horreur folklorique.
Un étonnant et ambitieux premier long-métrage.


Jonathan Chevrier



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