[CRITIQUE] : En Attendant Bojangles
Réalisateur : Régis Roinsard
Avec : Virginie Efira, Romain Duris, Solan Machado-Graner, Grégory Gadebois,,...
Distributeur : Studio Canal
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 2h05min
Synopsis :
Adaptation du roman éponyme signé Olivier Bourdeaut.
Camille et Georges dansent tout le temps sur leur chanson préférée Mr Bojangles. Chez eux, il n'y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Jusqu'au jour où la mère va trop loin, contraignant Georges et leur fils Gary à tout faire pour éviter l'inéluctable coûte que coûte.
Critique :
Si l'expression veut que l'enfer soit pavé de bonnes intentions, partons donc un brin du principe que toute adaptation, télévisuelle ou cinématographique, est elle aussi pavé dès ses prémisses, d'un tant soit peu de bonnes intentions et même, si possible, d'un minimum d'enthousiasme au moment d'oeuvrer à la tâche.
Best-seller d’Olivier Bourdeaut échoué à un Régis Roinsard dont on n'avait pas forcément apprécier le précédent effort - Les Traducteurs -, En Attendant Bojangles pourrait, dans un sens, gentiment donner la main à L'écume des jours de Michel Gondry, non seulement parce que la narration emprunte quelques éléments essentiels au bijou de Boris Vian (évidemment impossible à imputer au film), mais aussi et surtout parce qu'ils sont deux adaptations d'aventures romanesques que l'on peut considérer - à raison - comme inadaptables.
Dans un sens seulement, car si le film de Gondry s'enfermait - notamment - dans une poésie forcée qui faisait toc, il y a une certaine douceur qui se dégage de cet univers coloré (il aurait clairement pu/dû l'être encore plus) qui, a défaut de pleinement séduire, à le mérite de divertir - comme le premier long-métrage du cinéaste, Populaire.
S'il fait sien du matériau d'origine (il change de fusil d'épaule côté narrateur, ou ce n'est plus le regard distancé de l'enfant/adulte Gary, pour lui préférer celui de son père, George), tout en essayant de lui rester un maximum fidèle (ce qu'il fait sur les deux tiers de bobine, retranscrivant parfaitement les affres de la passion et du désir d'exaltation, comme d'un échappatoire à la banalité/routine du quotidien et à la dépression), Roinsard s'avère pourtant un peu trop sage dans sa manière d'encapsuler une folie loin d'être aussi douce et légère qu'elle le laisse présager, dans une première moitié romantico-burlesque pleine d'ivresse, volontairement fantasque et fantaisiste (tout droit sortie d'un de Broca), glissant peu à peu vers la gueule de bois inéluctable, une gravité et un drame qui peine réellement à nous émouvoir et à faire frémir notre corde sensible.
Un manque de panache et d'inventivité au coeur d'une narration qui lui donne la moitié de son intention (un couple qui n’envisage la vie avec leur fils, que sous le prisme de la fantaisie pour mieux combattre la banalité du quotidien, jusqu'à ce que la femme franchit les frontières de la folie et ne devienne une menace pour elle-même et leur mode de vie déresponsabilisé), cela fait évidemment tâche et pourtant, si la mise en scène pêche et ne se fait que simplement illustrative, l'histoire elle s'emballe, par la force d'un rythme effréné - trop peut-être diront certains - mais surtout d'un cabotinage et d'un surjeu extrême de la part de comédiens habitués à tant d'excès - et ayant totalement capté l'essence de l'oeuvre mère.
Et à ce petit jeu, si Romain Duris excelle en ressortant sa panoplie séductrice de l'Arnacoeur (à laquelle il colle un pendant dramatique grisant qui rappelle sa performance dans... tiens, L'écume des jours de Gondry), c'est indiscutablement Virginie Efira qui en sort reine, elle dont le jeu nuancé lui permet de passer de la comédie à la tragédie avec une justesse et une grâce rares.
Elle est le coeur vibrant et instable d'un film à la fois frustrant et frais, qui peut aussi bien se voir comme une déception amère (avec l'idée d'un cinéaste plus ambitieux à sa barre), que comme une ode hystérico-féerique au n'importe quoi de la vie, ou l'immaturité des adultes se confronte à la maturité enfantine, ou un petit homme et son père portent tendrement la folie de la femme de leur vie.
Libre aux spectateurs de choisir leur camp ou d'être comme certains - dont nous -, le popotin coincé entre ses deux chaises...
Jonathan Chevrier
Avec : Virginie Efira, Romain Duris, Solan Machado-Graner, Grégory Gadebois,,...
Distributeur : Studio Canal
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 2h05min
Synopsis :
Adaptation du roman éponyme signé Olivier Bourdeaut.
Camille et Georges dansent tout le temps sur leur chanson préférée Mr Bojangles. Chez eux, il n'y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Jusqu'au jour où la mère va trop loin, contraignant Georges et leur fils Gary à tout faire pour éviter l'inéluctable coûte que coûte.
Critique :
#EnAttendantBojangles peut autant se voir comme une déception frustrante et amère à la réalisation plate, que comme une ode au n'importe quoi de la vie ou l'immaturité des adultes se confronte à la maturité enfantine, dominée par la prestation nuancée et solaire de Virginie Efira pic.twitter.com/5sCrgVChSK
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 3, 2022
Si l'expression veut que l'enfer soit pavé de bonnes intentions, partons donc un brin du principe que toute adaptation, télévisuelle ou cinématographique, est elle aussi pavé dès ses prémisses, d'un tant soit peu de bonnes intentions et même, si possible, d'un minimum d'enthousiasme au moment d'oeuvrer à la tâche.
Best-seller d’Olivier Bourdeaut échoué à un Régis Roinsard dont on n'avait pas forcément apprécier le précédent effort - Les Traducteurs -, En Attendant Bojangles pourrait, dans un sens, gentiment donner la main à L'écume des jours de Michel Gondry, non seulement parce que la narration emprunte quelques éléments essentiels au bijou de Boris Vian (évidemment impossible à imputer au film), mais aussi et surtout parce qu'ils sont deux adaptations d'aventures romanesques que l'on peut considérer - à raison - comme inadaptables.
Dans un sens seulement, car si le film de Gondry s'enfermait - notamment - dans une poésie forcée qui faisait toc, il y a une certaine douceur qui se dégage de cet univers coloré (il aurait clairement pu/dû l'être encore plus) qui, a défaut de pleinement séduire, à le mérite de divertir - comme le premier long-métrage du cinéaste, Populaire.
Copyright Roger Arpajou/Curiosa Films |
S'il fait sien du matériau d'origine (il change de fusil d'épaule côté narrateur, ou ce n'est plus le regard distancé de l'enfant/adulte Gary, pour lui préférer celui de son père, George), tout en essayant de lui rester un maximum fidèle (ce qu'il fait sur les deux tiers de bobine, retranscrivant parfaitement les affres de la passion et du désir d'exaltation, comme d'un échappatoire à la banalité/routine du quotidien et à la dépression), Roinsard s'avère pourtant un peu trop sage dans sa manière d'encapsuler une folie loin d'être aussi douce et légère qu'elle le laisse présager, dans une première moitié romantico-burlesque pleine d'ivresse, volontairement fantasque et fantaisiste (tout droit sortie d'un de Broca), glissant peu à peu vers la gueule de bois inéluctable, une gravité et un drame qui peine réellement à nous émouvoir et à faire frémir notre corde sensible.
Un manque de panache et d'inventivité au coeur d'une narration qui lui donne la moitié de son intention (un couple qui n’envisage la vie avec leur fils, que sous le prisme de la fantaisie pour mieux combattre la banalité du quotidien, jusqu'à ce que la femme franchit les frontières de la folie et ne devienne une menace pour elle-même et leur mode de vie déresponsabilisé), cela fait évidemment tâche et pourtant, si la mise en scène pêche et ne se fait que simplement illustrative, l'histoire elle s'emballe, par la force d'un rythme effréné - trop peut-être diront certains - mais surtout d'un cabotinage et d'un surjeu extrême de la part de comédiens habitués à tant d'excès - et ayant totalement capté l'essence de l'oeuvre mère.
Copyright Roger Arpajou/Curiosa Films |
Et à ce petit jeu, si Romain Duris excelle en ressortant sa panoplie séductrice de l'Arnacoeur (à laquelle il colle un pendant dramatique grisant qui rappelle sa performance dans... tiens, L'écume des jours de Gondry), c'est indiscutablement Virginie Efira qui en sort reine, elle dont le jeu nuancé lui permet de passer de la comédie à la tragédie avec une justesse et une grâce rares.
Elle est le coeur vibrant et instable d'un film à la fois frustrant et frais, qui peut aussi bien se voir comme une déception amère (avec l'idée d'un cinéaste plus ambitieux à sa barre), que comme une ode hystérico-féerique au n'importe quoi de la vie, ou l'immaturité des adultes se confronte à la maturité enfantine, ou un petit homme et son père portent tendrement la folie de la femme de leur vie.
Libre aux spectateurs de choisir leur camp ou d'être comme certains - dont nous -, le popotin coincé entre ses deux chaises...
Jonathan Chevrier