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[CRITIQUE] : Jours d’automne

Réalisateur : Roberto Gavaldón
Avec : Pina Pellicer, Ignacio López Tarso, Lupe Carriles,...
Distributeur : Les Films du Camelia
Budget : -
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Mexicain.
Durée : 1h35min

Synopsis :
Luisa quitte sa campagne pour travailler à Mexico dans la pâtisserie de Don Albino. La jeune femme, qui rêve d’une vie traditionnelle, se réfugie dans le mensonge pour tromper la solitude et l’isolement.



Critique :


Alors que les salles obscures n'ont rarement été aussi chargées qu'en cette fin d'année ciné 2021 (on ne se plaindra pas d'avoir un vrai choix du roi pour une fois, même si cela implique de laisser plusieures séances de côté), force est d'admettre que c'est un pur bonheur de pouvoir se lancer à la découverte de l'oeuvre de Roberto Gavaldón, figure majeure de l'âge d'or du cinéma mexicain, au travers de cinq films en copies restaurées.
Une manière tardive de découvrir un autre pan d'une industrie méconnue, dont seul l'immense Luis Buñuel a vraiment su se frayer un chemin hors d'un continent américain éclipsé par la production Hollywoodienne.
Estampillé roi du mélodrame sombre et urbain local, son talent de faiseur de rêves est au sommet de ses capacités pour le formidable Jours d'automne, une adaptation d'une nouvelle de l'auteur germano-mexicain B. Traver, narrant l'histoire tragique d'une femme enfermée dans la spirale infernale du mensonge qu'elle a elle-même créée.

Copyright Les Films du Camélia

Faisant une nouvelle fois la part belle à une figure féminine étouffée par les conventions écrasantes d'une société patriarcale, là où l'omnipotent voisin ricain n'était pas encore frappé par un tel souci d'évolution, Galvadón suit les atermoiements de Luisa (Pina Pellicer, littéralement en état de grâce), une femme issue de campagne, à la fois solitaire et émotionnellement hermétique, même si elle est liée avec les gens qui la côtoie au quotidien.
Une âme désespérée et dans un profond désarroi, qui pour tromper ses maux et assouvir son fantasme d'être pleinement intégrée au sein de la société, va peu à peu cumuler les mensonges (un petit ami, un mariage,...), s'inventant une vie idéale pour mieux tromper le marasme de la sienne, et se sentir un peu comme les autres, et coller au dictat normalisé et catholique, d'une société où une femme se doit d'être mariée et mère.
Luisa n'est pas une mauvaise personne, et il est clair tout de suite que c'est une personne qui souffre beaucoup, ses mensonges étant de nature sociale et mentale, plus que quelque chose de pervers, même si le mécanisme même du mensonge l'est, tant sa folie mensongère er destructrice ne cesse de lui rendre la tâche de plus en plus difficile.
Délicat et subtil, tant il garde toujours un pied dans la rationalisation de cette auto-destruction, Jours d'automne est un doux et cruel mélodrame sur une figure tragique, contrainte de mentir aux autres et elle-même pour mieux exister.


Jonathan Chevrier




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