[CRITIQUE] : Tre Piani
Réalisateur : Nanni Moretti
Acteurs : Nanni Moretti, Margherita Buy, Riccardo Scamarcio, Alba Rohrwacher,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie dramatique.
Nationalité : Italien.
Durée : 1h59min
Synopsis :
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2021
Une série d’événements va transformer radicalement l’existence des habitants d’un immeuble romain, dévoilant leur difficulté à être parent, frère ou voisin dans un monde où les rancœurs et la peur semblent avoir eu raison du vivre ensemble. Tandis que les hommes sont prisonniers de leurs entêtements, les femmes tentent, chacune à leur manière, de raccommoder ces vies désunies et de transmettre enfin sereinement un amour que l’on aurait pu croire à jamais disparu…
Critique :
Comme avec Farhadi, avec qui il partage une présence cannoise plus qu'accrue, il y a quelque chose d'assez rassurant dans l'idée de voir le précieux Nanni Moretti voguer sereinement dans sa zone de confort et à dégainer des merveilles de mélodrames à l'italienne, à des cinephiles qui ne demandent (presque) que cela.
Pourtant, si le dernier bébé du cinéaste iranien - Un Héros -, pas dénué de quelques frustrations il est vrai, s'avérait suffisamment grisant pour ne pas nous laisser de marbre, le nouveau film de Moretti, primé il y a quinze ans tout rond avec son chef-d'oeuvre La Chambre du Fils, impose lui de son côté, une bienveillance nettement moins enthousiaste.
Sans véritable surprise tout en étant une oeuvre transpirant de tous les pores de sa pellicule, l'aura si inclassable de son faiseur, Tre Piani n'a ni l'émotion ni même le petit grain de folie nécessaire pour emporter pleinement l'adhésion, mais reste tout de même un effort de cinéma gentiment au-dessus de la mêlée, qui pourrait même ne pas repartir bredouille de la Croisette, avec un attachement un poil improbable du jury.
Adaptation du roman Du Monde Entier de l’écrivain israélien Eshkol Nevo, la péloche tisse sur une décennie, les contours d'une chronique collective ou se mêlent et s'entremêlent les trajectoires de quatre foyers bien distincts au sein d'un immeuble romain, ou les figures masculines sont des éléments déclencheurs de la tragédie autant par leur absence, que de par leur violence.
Entre deuil, secrets de familles et non-dits, tout Tre Piani joue passionnément la carte du drame choral ou Moretti dresse à nouveau, la cartographie sociale et politique d'un pays ou les liens intergénérationnels et culturels s'étiolent sans jamais ne laisser l'impression qu'ils puissent retrouver leur superbe.
Un regard profondément mélancolique et surtout férocement pessimiste, n'inspirant pourtant que pas ou peu d'émotions (malgré une distribution juste totalement vouée à sa cause, Margherita Buy et Alba Rohrwacher en tête), comme si le papa de Mia Madre, franchement apathique derrière la caméra, était paradoxalement aussi désenchantée que le quotidien d'une Italie (de l'Europe et même du monde entier) au bout du rouleau et totalement refermée sur elle-même.
Pourquoi pas, même si sa vision décontenance plus qu'elle ne séduit, ce nouvel effort pourrait in fine être considéré comme une sorte de pause légère et résolument italienne, d'un cinéaste qui nous reviendra sans doute plus fort et plus inspiré demain - tout est question d'espoir, même pour nous.
Mineur donc, mais pas moins fascinant dans sa manière peu aimable d'asséner ses messages.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Nanni Moretti, Margherita Buy, Riccardo Scamarcio, Alba Rohrwacher,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie dramatique.
Nationalité : Italien.
Durée : 1h59min
Synopsis :
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2021
Une série d’événements va transformer radicalement l’existence des habitants d’un immeuble romain, dévoilant leur difficulté à être parent, frère ou voisin dans un monde où les rancœurs et la peur semblent avoir eu raison du vivre ensemble. Tandis que les hommes sont prisonniers de leurs entêtements, les femmes tentent, chacune à leur manière, de raccommoder ces vies désunies et de transmettre enfin sereinement un amour que l’on aurait pu croire à jamais disparu…
Critique :
Sans véritable surprise tout en étant une oeuvre transpirant de tous les pores de sa pellicule, l'aura si inclassable de Moretti, #TrePiani n'a ni l'émotion ni le petit grain de folie nécessaire pour emporter pleinement l'adhésion, mais reste tout de même un bel effort de cinéma. pic.twitter.com/u92IJ5ECUF
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 17, 2021
Comme avec Farhadi, avec qui il partage une présence cannoise plus qu'accrue, il y a quelque chose d'assez rassurant dans l'idée de voir le précieux Nanni Moretti voguer sereinement dans sa zone de confort et à dégainer des merveilles de mélodrames à l'italienne, à des cinephiles qui ne demandent (presque) que cela.
Pourtant, si le dernier bébé du cinéaste iranien - Un Héros -, pas dénué de quelques frustrations il est vrai, s'avérait suffisamment grisant pour ne pas nous laisser de marbre, le nouveau film de Moretti, primé il y a quinze ans tout rond avec son chef-d'oeuvre La Chambre du Fils, impose lui de son côté, une bienveillance nettement moins enthousiaste.
Copyright Alberto Novelli |
Sans véritable surprise tout en étant une oeuvre transpirant de tous les pores de sa pellicule, l'aura si inclassable de son faiseur, Tre Piani n'a ni l'émotion ni même le petit grain de folie nécessaire pour emporter pleinement l'adhésion, mais reste tout de même un effort de cinéma gentiment au-dessus de la mêlée, qui pourrait même ne pas repartir bredouille de la Croisette, avec un attachement un poil improbable du jury.
Adaptation du roman Du Monde Entier de l’écrivain israélien Eshkol Nevo, la péloche tisse sur une décennie, les contours d'une chronique collective ou se mêlent et s'entremêlent les trajectoires de quatre foyers bien distincts au sein d'un immeuble romain, ou les figures masculines sont des éléments déclencheurs de la tragédie autant par leur absence, que de par leur violence.
Entre deuil, secrets de familles et non-dits, tout Tre Piani joue passionnément la carte du drame choral ou Moretti dresse à nouveau, la cartographie sociale et politique d'un pays ou les liens intergénérationnels et culturels s'étiolent sans jamais ne laisser l'impression qu'ils puissent retrouver leur superbe.
Un regard profondément mélancolique et surtout férocement pessimiste, n'inspirant pourtant que pas ou peu d'émotions (malgré une distribution juste totalement vouée à sa cause, Margherita Buy et Alba Rohrwacher en tête), comme si le papa de Mia Madre, franchement apathique derrière la caméra, était paradoxalement aussi désenchantée que le quotidien d'une Italie (de l'Europe et même du monde entier) au bout du rouleau et totalement refermée sur elle-même.
Copyright Alberto Novelli |
Pourquoi pas, même si sa vision décontenance plus qu'elle ne séduit, ce nouvel effort pourrait in fine être considéré comme une sorte de pause légère et résolument italienne, d'un cinéaste qui nous reviendra sans doute plus fort et plus inspiré demain - tout est question d'espoir, même pour nous.
Mineur donc, mais pas moins fascinant dans sa manière peu aimable d'asséner ses messages.
Jonathan Chevrier