[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #28. Enough Said
Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !
#28. All About Albert de Nicole Holofcener (2013)
Instantanément intronisé au rang d’icône du petit écran grâce à son interprétation Bigger Than Life du salopard - mais foutrement attachant - Tony Soprano dans la merveilleuse série Les Soprano, feu le regretté James Gandolfini s'était offert - involontairement - pour son dernier grand rôle au cinéma, un contre-emploi royal avec le All About Albert de Nicole Holofcener.
Car plus de le voir associer à une autre icône de la télévision, la merveilleuse Julia Louis-Dreyfus (Seinfeild, Veep), c'est surtout l'idée de le découvrir - pour la première et ultime fois malheureusement - au naturel en regular guy d'une comédie romantique, qui a de quoi salement attirer nos fibres cinéphiles.
Et inutile de dire que tous ceux qui se sont laissés tenter par cette invitation, n'ont pas été déçu du voyage...
Copyright 20th Century Fox |
Enough Said en V.O. donc, ou l'histoire d'Eva, masseuse à domicile et divorcée, qui appréhende le départ à la fac de sa fille.
Elle va faire la connaissance d'Albert, sympathique quarantenaire également séparé et père.
Tout va pour le meilleur entre eux, jusqu'à ce qu'Eva doute en découvrant que l'une de ses clientes n'est autre que l'ex d'Albert, et face aux commentaires peu flatteurs qu'elle fait à son égard.
Ce qui va peu à peu contaminer leur relation...
Si son pitch est loin de péter dans la soie de l'originalité et que sa mise en scène, certes intelligemment discrète mais au cachet très (trop) télévisé, ne plaide pas franchement en sa faveur et n'en fait pas une romcom référence qui révolutionne tout un genre (dans un sens, elle ne cherche absolument pas à briguer ce statut non plus), force est d'admettre qu'une certaine magie surprenante, une certaine grâce insoupçonnée se dégage de cette péloche, au point d'en faire in fine, un petit bout de cinéma profondément attachant et naturel.
Passé son lot de passages obligés, son récit un poil étroit et balisé ainsi que son quiproquo central assez grossier, le film se consomme - avec un certain plaisir non feint -, pour ce qu'il est, à savoir une jolie comédie romantico-dramatique aussi mélancolique qu'acide, aux dialogues absolument savoureux.
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Charmant, simple et burlesque, explorant avec malice l'amour " d'après " - celui d'après le divorce, d'après le départ des enfants mais surtout, celui qui vient après les illusions romantiques qui ne sont plus que poussière la quarantaine passée et les déceptions amoureuses consommées -, All About Albert vaut surtout et avant tout pour la partition merveilleuse de son couple vedette iconoclaste, impensable et joliment diamétralement opposé.
Julia Louis-Dreyfus, petite boule d'énergie en puissance, y incarne avec perfection une Eva tout en nuance, à la fois explosive, drôle et pleine d'amertume, ayant trop de mal à croire en sa seconde chance, tandis que James Gandolfini lui, offre ni plus ni moins que l'une de ses plus belles interprétations dans un registre qu'il ne maitrisait pourtant pas d'un iota.
Attachant en gros nounours au cœur aimant mais brisé, il bouffe littéralement la pellicule de son charisme et de son talent dans la peau d'Albert, un homme naturel, tendre et même assez vulnérable.
L'alchimie qui le lie avec la Julia est incroyable, et constitue aisément la plus grande force de l'œuvre, ou comment faire s'aimer deux âmes à priori mal assorties, avec toute la complexité et les contraintes qui en découlent.
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Ajouté à tout ce joli mix une profondeur des personnages étonnantes, une sincérité émotionnelle et une justesse de ton salvatrice, et vous comprendrez qu'outre un bel au-revoir nostalgique, la bande incarne une évasion honnête, simple et séduisante, qui vaut décemment le peu de temps qu'elle demande qu'on lui consacre.
Jonathan Chevrier