[CRITIQUE] : Cross The Line
Réalisateur : David Victori
Avec : Mario Casas, Milena Smit, Andreu Kreutzer,...
Distributeur : Wild Side Distribution
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Dani est un jeune homme bon mais taciturne, qui a consacré ces dernières années à prendre soin de son père malade. Après la mort de celui-ci, il décide de reprendre le cours de sa vie et achète un billet pour faire un tour du monde. Juste avant partir, il rencontre par hasard Mila, une jeune femme terriblement attirante mais visiblement instable. Ce qui commence comme une nuit d'aventure inattendue se transforme vite en cauchemar éveillé, poussant Dani à des extrêmes qu'il n'aurait jamais pu imaginer...
Critique :
Il y a quelque chose de profondément louable dans la volonté actuelle du festival de Sitges à parier de plus en plus sur les premières péloches de jeunes cinéastes ambitieux, et pas uniquement quand ils abordent amoureusement le terrain sinueux du cinéma de genre.
Petite coqueluche de la dernière édition, Cross The Line de David Victori, dont c'est le second long-métrage après le plus conventionnel El Pacto, se veut comme une odyssée infernale et angoissante dans les méandres d'un Barcelone interlope, ou l'arrivée dans un terrier savoureusement marqué par l'ombre imposante de Gaspar Noé (et un poil celle d'Hitchcock), d'une Alice au masculin qui va rattraper en une nuit toute une vie de frustration et de retenue.
Soit Dani, une âme taciturne qui a consacré son existence aux soins accordés à son père en phase terminale, mais quibne semble pas avoir été un spectateur totalement passif de sa propre et monotone histoire uniquement à cause de l'attention qu'il porte à son père : c'est un mec qui ne sait pas dire non, et dont le temps et l'énergie sont toujours à la disposition des autres.
Un peu comme une sorte de carapace sociale, d'aquarium réconfortant et protégé de tout qui lui sert presque d'excuse pour ne pas causer trop de souci à son palpitant, et ne pas avoir à s'enfermer dans toute sorte de décision complexe.
Cependant, cette existence refoulée va ressurgir dès lors que son cocon affectif vole en éclat à la mort de son paternel, et sa reprise en main de sa vie pourtant enthousiasmante (un voyage autour du monde motivé par sa soeur) va vite être contrariée par sa rencontre avec l'hypnotique et instable Mila, sorte de démon de passage/prédatrice a qui il va vendre son âme sans même s'en rendre compte...
Posant une question morale culottée (et si le fait de chercher à être une bonne personne et à constamment aider son prochain, n'était pas une névrose dans notre société contemporaine ?), en supputant justement que les moeurs conventionnelles apportent plus de compromis que de liberté quand on les suit scrupuleusement (ajouté à une angoisse sociétale encore plus actuelle, de finir sa vie seule), David Victori fait de Cross The Line une épopée nocturne tendue et agressive sur l'explosion des plus bas instincts d'un agneau se faisant loup.
Une régression sous néons digne d'Orphée qui cependant pêche peut-être un poil dans sa volonté surréaliste de trop en donner à son auditoire dans ses nombreux rebondissements - quitte à potentiellement le perdre dans ses ultimes virages -; une générosité à double-tranchant (sans citer le maître Scorsese, on retrouve un peu cela chez les frangins Safdie, mais en nettement moins maîtrisé cela dit), qui se retrouve autant dans la performance habitée (mais pas toujours empathique) de Mario Casas que dans ses partis pris esthétiques (filmé en steadycam et vissé sur la nuque de son héros) et sonores (un score électro stressant, dans tous les sens du terme).
Une vraie expérience immersive et hallucine certes pas sans défauts, mais qui tient habilement en haleine son auditoire et qui fait grimper crescendo sa tension, prouvant une fois de plus qu'après l'épouvante, le foisonnant cinéma hispanique à décidemment une grosse foulée d'avance sur ses camarades européens - dont nous -, dans le giron du thriller qui envoie du petit bois...
Jonathan Chevrier
Avec : Mario Casas, Milena Smit, Andreu Kreutzer,...
Distributeur : Wild Side Distribution
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Dani est un jeune homme bon mais taciturne, qui a consacré ces dernières années à prendre soin de son père malade. Après la mort de celui-ci, il décide de reprendre le cours de sa vie et achète un billet pour faire un tour du monde. Juste avant partir, il rencontre par hasard Mila, une jeune femme terriblement attirante mais visiblement instable. Ce qui commence comme une nuit d'aventure inattendue se transforme vite en cauchemar éveillé, poussant Dani à des extrêmes qu'il n'aurait jamais pu imaginer...
Critique :
Il y a du Gaspar Noé (et une pointe d'Hitchcock) dans #CrossTheLine, épopée nocturne tendue et agressive sur l'explosion des plus bas instincts d'un agneau se faisant loup, au coeur d'une régression digne d'Orphée. Une vraie expérience sensorielle portée par un solide Mario Casas pic.twitter.com/wY7WOzq6ct
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) February 19, 2021
Il y a quelque chose de profondément louable dans la volonté actuelle du festival de Sitges à parier de plus en plus sur les premières péloches de jeunes cinéastes ambitieux, et pas uniquement quand ils abordent amoureusement le terrain sinueux du cinéma de genre.
Petite coqueluche de la dernière édition, Cross The Line de David Victori, dont c'est le second long-métrage après le plus conventionnel El Pacto, se veut comme une odyssée infernale et angoissante dans les méandres d'un Barcelone interlope, ou l'arrivée dans un terrier savoureusement marqué par l'ombre imposante de Gaspar Noé (et un poil celle d'Hitchcock), d'une Alice au masculin qui va rattraper en une nuit toute une vie de frustration et de retenue.
Copyright 2020 Sin Retorno La Película A.I.E. – Castelao Pictures S.L.U. – Castelao Productions S.A. |
Soit Dani, une âme taciturne qui a consacré son existence aux soins accordés à son père en phase terminale, mais quibne semble pas avoir été un spectateur totalement passif de sa propre et monotone histoire uniquement à cause de l'attention qu'il porte à son père : c'est un mec qui ne sait pas dire non, et dont le temps et l'énergie sont toujours à la disposition des autres.
Un peu comme une sorte de carapace sociale, d'aquarium réconfortant et protégé de tout qui lui sert presque d'excuse pour ne pas causer trop de souci à son palpitant, et ne pas avoir à s'enfermer dans toute sorte de décision complexe.
Cependant, cette existence refoulée va ressurgir dès lors que son cocon affectif vole en éclat à la mort de son paternel, et sa reprise en main de sa vie pourtant enthousiasmante (un voyage autour du monde motivé par sa soeur) va vite être contrariée par sa rencontre avec l'hypnotique et instable Mila, sorte de démon de passage/prédatrice a qui il va vendre son âme sans même s'en rendre compte...
Posant une question morale culottée (et si le fait de chercher à être une bonne personne et à constamment aider son prochain, n'était pas une névrose dans notre société contemporaine ?), en supputant justement que les moeurs conventionnelles apportent plus de compromis que de liberté quand on les suit scrupuleusement (ajouté à une angoisse sociétale encore plus actuelle, de finir sa vie seule), David Victori fait de Cross The Line une épopée nocturne tendue et agressive sur l'explosion des plus bas instincts d'un agneau se faisant loup.
Copyright 2020 Sin Retorno La Película A.I.E. – Castelao Pictures S.L.U. – Castelao Productions S.A. |
Une régression sous néons digne d'Orphée qui cependant pêche peut-être un poil dans sa volonté surréaliste de trop en donner à son auditoire dans ses nombreux rebondissements - quitte à potentiellement le perdre dans ses ultimes virages -; une générosité à double-tranchant (sans citer le maître Scorsese, on retrouve un peu cela chez les frangins Safdie, mais en nettement moins maîtrisé cela dit), qui se retrouve autant dans la performance habitée (mais pas toujours empathique) de Mario Casas que dans ses partis pris esthétiques (filmé en steadycam et vissé sur la nuque de son héros) et sonores (un score électro stressant, dans tous les sens du terme).
Une vraie expérience immersive et hallucine certes pas sans défauts, mais qui tient habilement en haleine son auditoire et qui fait grimper crescendo sa tension, prouvant une fois de plus qu'après l'épouvante, le foisonnant cinéma hispanique à décidemment une grosse foulée d'avance sur ses camarades européens - dont nous -, dans le giron du thriller qui envoie du petit bois...
Jonathan Chevrier