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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #83. Out of Sight

© MCA/Universal Pictures-all rights reserved

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !




#83. Hors d'Atteinte de Steven Soderbergh (1998)

Si Hors d'Atteinte a de savoureux faux airs de Jackie Brown, sorti à peine un an avant lui, c'est tout simplement parce que comme le (meilleur ?) film de Quentin Tarantino, il est une adaptation d'un roman éponyme du brillant écrivain Elmore Leonard... Et sans doute, la réappropriation la plus fidèle et grisante de son oeuvre.
Polar aussi tendu qu'il est décontractée et groovy, Out of Sight est moins intéressé par les crimes et la violence qui en découle, que par la façon dont ses personnes gravitent dans leur petit univers, parlent entre eux, flirtent, mentent et se mettent en difficulté quasiment tout seul; un appel quasi-fétichiste pour tous les amoureux de péloches existant principalement pour se délecter de dialogues fantastiques.

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L'histoire, prévisible au possible mais pas moins prenante, implique la romance totalement improbable mais sincère entre un voleur de banque, Foley (Clooney, au sommet de son sex appeal) et un maréchal fédéral, Sisco (Jennifer Lopez, dans l'un de ses meilleurs rôles), née dans le... coffre d'une voiture, après le braquage de banque le plus décontracté et poli de l'histoire du cinéma - ou presque.
Lui est un homme physiquement et psychologiquement incapable de faire autre chose que de braquer des banques, elle est une flic intègre mais au coeur fragile, qui avait déjà eu une liaison avec un criminel (même si elle l'a finalement abattu); elle veut l'arrêter, il aiment jouer avec le feu, mais les deux s'unissent et décident de s'aimer avant de s'affronter, dans un jeu du chat et de la souris romantico-sensuel.
D'une chronologie presque aussi complexe que celle de Pulp Fiction - ce que l'on réalise subtilement au fil du métrage -, l'intrigue est presque construite comme un hypertexte, de façon à ce que son auditoire ne soit jamais véritablement largué, sans pour autant sacrifié son ambition et sa richesse scénaristique, sur l'autel de la facilité et - pire - de la superficialité.
Porté par une galerie de personnages hauts en couleur (la marque de fabrique de Leonard) qui n'existent pas simplement à la convenance de l'intrigue, et à qui Soderbergh donne le temps de s'exprimer (au minimum dans une scène montrant leurs particularités ou leurs singularités), Hors d'Atteinte atteint justement sa pleine puissance lorsqu'il laisse parler ses lignes et le couple Clooney/Lopez, sorte de descendants du tandem Bogart/Bacall à la répartie incendiaire, et dont la compréhension comique de l'histoire, ne rend leurs scènes que plus passionnante à dévorer.

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Véritable paradoxe au coeur de la filmographie foisonnante de Steven Soderbergh, Out of Sight est à la fois l'un de ses meilleurs films, tout autant qu'il n'a rien d'une oeuvre " Soderberghienne " de prime abord, entre les prémisses fiévreuses de ce que sera la trilogie Ocean's, et un essai influencé (on pense très souvent au cinéma de QT), s'amusant avec la temporalité, les dialogues fouillés et une violence certes crue mais surtout savoureusement absurde; tout en étant capable de se créer sa propre identité, sensuelle et élégante.
Une sorte de quatuor à cordes dynamique gravé sur la bobine, ou la musique est remplacée par des mots, et les instruments par un casting quatre étoiles jouant à l'unisson sur un tempo exaltant.
Un grand film excentrique, intelligent et virtuose, tout simplement.


Jonathan Chevrier 

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