[FUCKING SERIES] : Sex Education saison 2 : Meilleure la seconde fois ?
(Critique - avec spoilers - de la saison 2)
Passé une première salve d'épisodes on ne peut plus enthousiasmant et ne mentant absolument pas sur la marchandise (et ce, dès son titre on ne peut plus évocateur), Sex Education, que l'on pouvait assez logiquement inscrire dans la droite lignée des teen dramas so british gentiment irrévérencieux et décomplexé (la première saison était clairement une digne héritière de Skins ou encore Misfits), se devait désormais d'arpenter le chemin ardu de la confirmation, après avoir pleinement usé les cartes de l'effet de surprise et du charme rafraîchissant de la nouveauté.
Propisce autant aux attentes diverses - et assurément nombreuses - qu'à un jugement qui serait bien moins clément cette fois, la série reprend exactement là ou on l'avait laissée et met un poil la pédale douce niveau sexe (qu'il ne prenait pourtant pas à la légère, comme on aurait pu tous faussement le penser de prime abord) sur cette seconde saison histoire d'intelligemment privilégier les atermoiements émotionnelles de ses personnages, que l'on retrouve avec un bonheur non feint, mais également pour pousser volontairement sur le champignon d'un humour toujours aussi corrosif et au timing comique impeccable, prenant une ampleur bien plus importante au fil de la saison.
Un parti-pris gagnant tant le taux de vannes/punchlines est si élevé et le script suffisamment confiant pour s'appuyer dessus sans forcer plus que cela le trait, pour que ces nouveaux épisodes surclassent les premiers avec une facilité déconcertante, et faire du virage de cette seconde saison l'un des mieux amorcés par un show Netflix depuis Atypical et GLOW.
Vrai tour de force ne tombant jamais du côté obscur de la comédie adolescente bas du front (elle réussi même la prouesse de rendre doux et charmant son ton, même dans ses élans de grossièreté assumés), là ou son empreinte visuelle (palette saturée,...) traitant ouvertement de ses thématiques, et clairement influencé par les principaux fleurons du genre venus doutre-Atlantique (ce qui en fait un hybride anglo-americain miraculeux mais surtout jouissivement surréaliste), Sex Education ne se fait décemment pas Glee en terre galloise - sans pour autant être totalement fidèle à l'image de l'adolescence locale d'aujourd'hui -, tire toujours plus vers le flou ses caricatures et demeure follement jouissive quand elle laisse parler les aléas et passages obligés de ses personnages hauts en couleurs - importants comme secondaires -, dont le degré d'attachement et d'empathie du spectateur n'a pas faibli d'un iota malgré un an d'attente.
Si la découverte de soi, et par extension de l'autre, est toujours au coeur de cette nouvelle saison (notamment une fâcheuse et cocasse, habitude pour Otis a lauto-satisfaction en-dessous de la ceinture), c'est avant tout et surtout une vraie quête de sincérité dans sa volonté de retranscrire la pluralité sexuelle dans notre société contemporaine, autant dans l'exactitude des sentiments (souvent troubles) de ceux qui l'incarnent, que dans l'inégalité de sa représentation ou même, plus directement, de sa considération.
Parfaitement dans l'ère du temps post-#MeToo, offrant une lumière équivalente à l'hétérosexualité, l'homosexualité, la bisexualité, la pansexualité, l'asexualité, parlant des lieux communs qu'il est nécessaire de rappeler (la nécessité d'avoir des rapports protégés, d'avoir le consentement de l'autre, le harcèlement scolaire, l'insécurité féminine,...), le show ne sait peut-être pas toujours ou il va - c'est l'impression qu'il donne parfois -, mais il sait toujours de quoi il parle, et il le fait bien.
Grisant et intelligent dans le fond, la saison 2 reste tout de même, et l'on peut clairement se féliciter de cela (tant 13 Reasons Why, Les Nouvelles Aventures de Sabrina ou The End of the F****** World, autres teen dramas phares de Netflix, n'ont pas réussi à en faire de même), un pur moment de bonheur simple nous permettant de retrouver des figures que l'on aime sincèrement : Otis (dont la relation avec sa mère n'a rien perdu de sa superbe) et Maeve se tournent éternellement autour même si le premier est en couple avec Ola, Eric (Ncuti Gatwa, LA révélation de la série) est toujours aussi génial et doit jongler avec deux prétendants bien différents, Jean Millburn (Gillian Anderson, impériale), est resté la même maman thérapeute gentiment excentrique et aimante, qui va devenir, malgré elle, un professeur en éducation sexuelle dans le lycée de son rejeton,...
Education sexuelle par la pratique débridée et peu subtile autant que par la force d'un humour à toute épreuve, petit moment de télévision au coeur gros comme ça, qui prône un message fort et nécessaire - s'assumer coûte que coûte tel que l'on est -, Sex Education nous est revenu avec une seconde saison plus drôle, surréaliste mais surtout plus addictive et mature, nous laissant dans l'attente assez frustrante, plus encore que l'an dernier, à l'idée de devoir attendre un sacré bout de temps pour mirer la suite.
L'équilibre est toujours aussi un brin fragile, et il faudra sincèrement ne plus espérer de miracle sur la troisième saison et consolider ses fondations, mais le plaisir est là, et c'est bien le principal.
Jonathan Chevrier