[CRITIQUE] : Jumanji : Next Level
Réalisateur : Jake Kasdan
Acteurs : Dwayne Johnson, Kevin Hart, Karen Gillan, Jack Black, Nick Jonas, Danny Glover, Awkwafina, Danny DeVito,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Fantastique, Aventure, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h59min.
Synopsis :
L'équipe est de retour mais le jeu a changé. Alors qu'ils retournent dans Jumanji pour secourir l'un des leurs, ils découvrent un monde totalement inattendu. Des déserts arides aux montagnes enneigées, les joueurs vont devoir braver des espaces inconnus et inexplorés, afin de sortir du jeu le plus dangereux du monde.
Critique :
#JumanjiNextLevel redistribue juste ce qu'il faut les cartes du précédent opus pour incarner une suite plus réussie, volontairement bordélique et dynamique, même si gentiment engluée dans le carcan du blockbuster familial généreux mais surtout follement inconsistant et prévisible pic.twitter.com/hLP80KY5YW— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) December 3, 2019
Depuis la disparition du regretté Robin Williams, tous les films du bonhomme, déjà férocement cultes à nos yeux, sont vite devenus des totems nostalgiques qu'il ne faut piller sous aucun prétexte.
Et pourtant, il n'aura décemment pas fallu attendre longtemps pour qu'Hollywood la putain s'attaque à son oeuvre la plus populaire, le vénéré Jumanji, pour en pondre une suite/reboot moderne, laissant sur le carreau le jeu de plateau pour lui préférer une relecture vidéoludique et une redistribution des cartes totale (le jeu ne débarque plus dans la réalité, ce sont les joueurs qui font cette fois le chemin inverse), justifiant autant son statut de blockbuster testostéronné made in années 2010, que son re-casting de masse.
Contre toute attente, et malgré ses nombreux défauts, Jumanji : Bienvenue dans la Jungle faisait judicieusement son job de blockbuster simpliste estival balancé en salles en plein hiver, convaincant dans son humour et son interprétation, et suffisamment enthousiasmant pour divertir un public pas trop exigeant.
Une suite efficace et fun dans son genre, mais à des années lumières tout de même, d'être aussi mémorable et génial que son illustre aîné...
Carton mousse costaud au box-office mondial oblige (962M$...), ce second opus aura donc lui aussi droit à une suite directe cette fois, avec la même équipe (cast et réal compris) : Jumanji : Next Level, qui peut autant se voir comme un remake à peine plus travaillé de son aîné - une version alternative totalement assumée ou au moins, pas du tout cachée -, qu'un divertissement familial sympathique, un tantinet inventif mais surtout follement générique.
Repartant sur les mêmes bases ou presque (un artifice scénaristique renvoie tout le monde dans le jeu, avec une nuance dans les plateaux à parcourir histoire de ne plus trop traîner dans la jungle) et misant toujours autant sur un humour mi-sympa, mi-potache - au timing bien plus juste cette fois -, Next Level est un pur divertissement Hollywoodien dans toute sa splendeur, grisant et ludique dans sa forme (scènes d'action bien torchées, CGI moyens mais ne brûlant pas tant que cela la rétine, cadres numériques bouffés par des fonds vert mais parfois dépaysant) tout autant qu'il pêche durement à rendre solide son fond, plongeant sans effort dans les mêmes travers que l'opus précédent, boursouflé par sa paresse et ses facilités.
Pourtant, et de manière assez étonnante d'ailleurs, les petites touches d'originalité jetées de-ci de-là dans l'intrigue, font passer la pillule avec plus de fluidité, poussant même le spectateur à le défendre plus qu'à le descendre (sa production hâtive étant, au-delà du manque d'ambition de ses artisans, le principal souci de son aspect bancal, là ou le film précédent n'avait pas de telles excuses).
Alors si l'histoire, toujours autant facile et prévisible, ne cesse de dévoiler ses limites durant les (presque) deux heures de métrage, que ce soit du point de vue de son intrigue éculée et sans saveur (qui ne transcende jamais vraiment son concept, encore une fois repartie sur le carcan de l'aventure vidéoludique au vilain dispensable), ou de la caractérisation appuyée de ses personnages (croqués à la truelle et sans aucune évolution), on lui sera pourtant gré d'avoir le bon ton de bousculer les règles établis en tranchant la dynamique adolescente avec l'arrivée de deux papys dans la danse du body swap (Danny Glover et Danny DeVito, absolument géniaux dans le peu de scènes qu'ils ont à se mettre sous la dent), totalement étrangers à cet univers et renouvelant de facto les points de vue (et les interprétations " in game " de Johnson et Hart, excellents également) et la dynamique humoristique (le troisième âge et son manque de connaissance dans l'univers du jeu vidéo).
Ça semble peu dit comme ça, et pourtant associé à une nouvelle arrivée remarquée - Awkwafina, délirante -, cela suffit pour faire partiellement mouche, même si ces changements en amène d'autres moins satisfaisant (Jack Black et Karen Gillan sont les moins bien lotis du quatuor original), et qu'ils ne bouleversent pas plus que cela une machine émotionnelle et humorisrique bien trop huilée pour s'aventurer vers l'inconnu avec panache.
Dans le carcan étriqué et rarement fantaisiste du blockbuster Hollywoodien fonctionnel et sans surprise, Jumanji : Next Level prend gentiment sa place dans le camp des productions moyennes et " énergiques mais pas trop ", un film joyeusement bordélique qui divertit juste ce qu'il faut un auditoire trop peu exigeant parce que totalement conscient de ce qu'il va voir encore et encore, sans jamais réagir contre.
Un petit cercle vicieux qui contente tout le monde avant une potentielle nouvelle suite qui apportera un nouveau cercle dans cet enfer de pas grand chose (néant serait un terme abusif) qui pourrait pourtant être franchement grisant avec un peu d'envie et d'implication, et c'est sans doute ça le plus dramatique...
Jonathan Chevrier