[CRITIQUE] : Train Dreams
Réalisateur : Clint Bentley
Avec : Joel Edgerton, Felicity Jones, Kerry Condon, William H. Macy,…
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min
Synopsis :
Inspiré d'un livre de Denis Johnson, Train Dreams dresse le portrait émouvant de Robert Grainier, dont la vie se déroule au cours d'une ère de changement sans précédent en Amérique, au début du XXe siècle. Orphelin depuis l'enfance, Robert évolue vers l'âge adulte au milieu des grandes forêts du Nord-Ouest Pacifique, où il participe à l'expansion des chemins de fer américains aux côtés d'hommes aussi inoubliables que les paysages qu'ils habitent. Après l'avoir courtisée tendrement, il épouse Gladys avec qui il fonde un foyer, malgré un travail qui l'éloigne souvent de sa femme et de sa fille en bas âge. Quand sa vie prend une tournure inattendue, Robert découvre la beauté, la brutalité ainsi qu'un nouveau sens à travers les forêts et les arbres qu'il a abattus.
Si l'on était sensiblement passé à côté du premier passage derrière la caméra d'un scénariste Clint Bentley, Jockey (passé directement par la case VOD dans l'hexagone), difficile de manquer son second, Train Dreams, passé la claque Sing Sing où il façonnait avec Greg Kwedar (réalisateur et co-scénariste du film mais également des deux efforts de Bartley), un formidable drame carcéral sensible, bouleversant et introspectif, continuellement mué par la quête de vérité des sentiments et des âmes habitant des protagonistes à qui ils laissaient l'espace nécessaire pour qu'ils soient tout autant vulnérables qu'honnêtes les uns envers les autres.
Adaptation du roman éponyme de Denis Johnson (Stars at Noon), Train Dreams est sensiblement fait de la même pellicule bien qu'il arpente un genre codifié totalement différent - le tout aussi fascinant néo-western -, cloué aux basques d'un bûcheron endeuillé, façonné par l'austérité comme la beauté rude et ancestrale des paysages sauvages du Grand Ouest du début du XXe siècle (à laquelle s'oppose la violence toute aussi brute et raciale, de l'homme), où l'exploitation forestière était l'un des moteurs essentiels de la croissance américaine.
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| Copyright BBP Train Dreams. LLC. 2025. |
Un homme bouffé par la tragédie depuis sa plus tendre enfance, symbole de la force imprévisible et implacable d'une mère nature qui peut reprendre aussi vite qu'elle donne, dont la narration s'attache à la prise de conscience intime tout autant qu'à la résilience extraordinaire face aux bouleversements d'une société moins motivée par le facteur humain que celui économique.
Une âme profondément marginale, qui lutte continuellement contre ses démons intérieurs avec une détermination incroyablement tranquille mais qui vibre pourtant, dans le même mouvement, d'un désir profond de connexion avec l'autre.
Tout en délicatesse et en souffrance silencieuse, Bentley dresse un double portrait saisissant, à la fois celui de l'union contrariée et complexe entre l'homme et une nature tout aussi sauvage, qui s'apparente à un vrai personnage à part entière (portant en elle, symboliquement, le poids comme la fragilité de l'histoire, chaque arbre abattu pouvant symboliser une perte humaine), et celui plus introspectif et douloureux d'une solitude insondable submergée par les meandres de ses propres émotions brutes, confrontée à l'indifférence sourde comme à la puissance folle d'un environnement hostile avec lequel il ne fait plus qu'un.
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| Copyright BBP Train Dreams. LLC. 2025. |
Poème existentiel et sensoriel sur une quête désespérée et complexe de sens, volontairement frappée d'un rythme lancinant (pour pousser son auditoire a une pleine contemplation de paysages absolument somptueux, où le format 3:2 crée un équilibre précaire mais salutaire entre l'intimité entravée de sa figure centrale, et l'immensité de l'Ouest américain) qu'épouse les mélodies envoûtantes de Bryce Dessner; Train Dreams, dominé de la tête et des épaules par la prestation tout en nuances d'un incroyable Joel Edgerton, est une merveille de drame authentique et bouleversant sur la vulnérabilité humaine.
Le meilleur film du catalogue Netflix depuis très, très longtemps...
Jonathan Chevrier



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