[CRITIQUE] : Pompei, Sotto le Nuvole
Réalisateur : Gianfranco Rosi
Avec : -
Distributeur : Météore Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Italien, Français.
Durée : 1h55min
Synopsis :
Pompéi, Naples, le Vésuve. Des vies sous la menace du volcan : archéologues, pompiers, éducateurs, marins, photographes… La terre tremble et le passé infuse dans le présent de tous. En donnant voix aux habitants, le film compose un portrait inédit de la ville, comme une machine à voyager dans le temps.
On avait laissé le cinéma de Gianfranco Rosi il y a quasiment trois ans jour pour jour, avec ce qui pouvait être considéré comme son long-métrage le plus déconstruit (paradoxal, tant il épousait la forme la plus simplifiée du cinéma qui soit, le documentaire) : In Viaggio, articulé sur son désir de " suivre " les pas du pape François pendant plus d'une décennie, un portrait un brin voyeuriste mais aéré sur une figure infiniment plus complexe et infaillible qu'elle n'en avait l'air.
D'univers souterrain plein de mystères, le cinéaste italien passe d'une version symbolique et métaphorique (l'impénétrable vérité du Vatican) à physique avec Pompei, Sotto le Nuvole où, à l'ombre d'un Vésuve qui fait trembler la terre, Rosi tisse une sorte d'hagiographie historiciste au plus près d'un mythe qu'il immortalise encore un peu plus, comme de la vie urbaine qui entoure un volcan toujours sensiblement actif, qui a enseveli sous sa lave destructrice la cité de Pompéi.
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| Copyright Météore Films |
Fort d'un travail patient et méticuleux de trois ans (deux qualités qui caractérisent pleinement son cinéma), le réalisateur italien capture l'aura toute aussi symbolique que mystique d'une ville dont le passé est littéralement le fondement de son présent, totalement à la merci du caractère versatile d'un monument du chaos aussi majestueux qu'il est létal; une menace sourde qui a tout d'une véritable épée de Damoclès géologique pouvant bousculer la vie de centaines de milliers (voire de millions) de personnes sous le poids d'un grondement plus brutal que les autres.
Une sorte de portrait revisité en somme, embaumé dans un noir et blanc glacial qui dévitalise toute sa ferveur, d'une cité napolitaine à la vulnérabilité palpable, constamment au bord de l'effondrement; une volonté d'encapsuler Naples dans toute son entièreté comme dans toute sa complexité qui est à la fois joliment louable mais profondément casse-gueule, tant Rosi multiplie les pièces d'un puzzle certes savamment orchestré sans forcément être capable de transcender ses images par une vraie réflexion, un vrai discours social.
Son documentaire, faute de synthèse cohérente, glisse lentement mais sûrement entre ses doigts comme une ville dont la terre semble de plus en plus, se dérober sous ses pieds.
Jonathan Chevrier


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