[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #32. Lionheart
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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#32. Full Contact de Sheldon Lettich (1990)
Si aujourd'hui, la bienpensante culture populaire francophone s'amuse injustement - et le mot est faible -, à faire du karateka belge un bouffon usant avec justesse aussi bien d'un franglais férocement approximatif, que d'une philosophie de contoir empoudré à la péruvienne, gageons qu'au tout début des 90's, JCVD était un héros du cinéma d'action, un vrai, un grand bonhomme dont on fumait les VHS avec un enthousiasme et une passion jamais feinte.
Un ami de la famille, que l'on admirait sans réserve et que l'on défendait coûte que coûte, même dans des péloches qui ne méritait justement pas, une quelconque défense de la part de cinéphiles en herbes.
Si c'est sensiblement à l'aube de la seconde moitié de la décennie que les choses ont commencés à se gâter - aussi bien devant que derrière la caméra -, toutes ses péloches post-Bloodsport/Kickboxer, ont une saveur toute particulière, de celles d'un acteur totalemé conscient qu'il devrait varier les coups de tatanes, pour marquer les esprits et perdurer dans un business qui a bouffé plus talentueux que lui sans le moindre remords.
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Vrai film d'action mais pas totalement, Full Contact aka Lionheart, incarne le premier pion d'une série de B movies où le performeur belge ne fera pas uniquement que botter son prochain, en laissant exploser à l'écran une sensibilité étonnante malgré un jeu assez balbutiant - comme son accent.
Pas totalement drame ni vraiment bande d'action (un entre-deux ambiguë que ne connaîtra pas deux ans plus tard, le drame Cavale sans Issue qu'il irradie de sa présence animal et torturée), le film de son collaborateur de toujours Sheldon Lettich - scénariste solide, réalisateur fragile -, désarçonne tant il ne semble jamais vraiment se donner de direction précise, tout en étant d'une incroyable prévisibilité.
On y suit l’histoire de Lyon Gaultier (oui, Lyon), un ancien petit dealer qui s'est engagé dans la légion étrangère en Afrique du Nord, mais qui va devoir déserté le jour ou son frangin François, qui a perdurer dans le business à L.A., est brûlé vif lors d'un deal qui a mal tourné.
À l'article de la mort, il laisse sa femme et sa fille dans le besoin, les sommant de retrouver son frère qui lui, de son côté, fait tout pour les rejoindre.
Pas de bol, François meurt avant, et Lyon est bloqué à New York, terre promise ou il fait la rencontre de Joshua, gentil booker de combats clandestins, qui va l'aider à faire les bonnes connaissances et lui faire gagner suffisamment d'argent pour lui permettre de rejoindre ses proches.
Sauf que sa belle-soeur, qui le tient pour responsable du sort de son défunt mari, n'est pas très contente de le voir revenir au bercail, et il va donc enchaîner les combats sous la coupe de la riche et dominante Cynthia, pour mettre ce qu'il reste de sa famille à l'abri du besoin, sans qu'ils ne sachent que l'argent vient de lui...
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Bateau l'histoire de Full Contact ?
Carrément, de ses élans dramatico-chamalow à sa vision assez simpliste du milieu du fight clandestin mais aussi de la pauvreté qui gangrène le pays de l'oncle Sam (et dont tout le monde se fout royalement), la péloche déjoue les attentes faciles (le film de vengeance, le bête film de combats sans émotion, le drame larmoyant à l'extrême,...), s'attache à des âmes empathiques qui encaissent sans broncher les coups (très) durs de la vie, et laisse joliment parler l'humanité qui habite cette tendre histoire d'un homme jouant littéralement sa vie pour le bien des siens.
Tant pis alors, si le film n'a fondamentalement pas de vrai méchant (Attila, violent et terrifiant, arrive trop tard pour réellement marquer de son empreinte le film), si les combats sont trop court pour vraiment avoir un impact sur les aficionados du genre (même s'ils sont chorégraphié avec soin), si le script reprend à nouveau un Van Damme en cavale (et que la mise en scène peine encore plus à mettre en valeurs) ou si sa critique sociétale se réduit à quelques séquences rarement appuyés (les inégalités sociales d'une nation se réfugiant dans la violence pour survivre, là où les plus riches font de cette colère et de ses " aptitudes " de guerre, un juteux outil de distraction); Lionheart a du coeur et des muscles, et c'est ce qui importe le plus.
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En héros au grand coeur, JCVD en impose même si son jeu n'est pas encore au sommet de ses possibilités (il faudra attendre des partitions chez Ringo Lam, notamment Replicant et In Hell, pour réaliser l'immensité de son talent), certaines séquences ont l'intensité nécessaire pour nous faire chavirer et même le score de John Scott fait joliment le job; y'a pas à dire, même s'il n'est pas toujours totalement défendable, Full Contact est un bon divertissement, voire même l'un des meilleurs films de l'éternel Frank Dux, et pas uniquement parce qu'il est le fruit de l'une des meilleures blagues autour du génie belge : " Il fait quoi JCVD quand il monte dans a voiture? - Il fout le contact ! ".
Fout le contact... Full Contact... pardon.
Jonathan Chevrier