[CRITIQUE] : Petite Forêt
Réalisateur : Yim Soon-rye
Avec : Kim Tae-ri, Ryu Jun-yeol, Moon So-ri,...
Distributeur : Borealia Films
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Sud-coréen.
Durée : 1h41min.
Synopsis :
Pas de travail, un amour à la dérive, des études ratées… Rien ne va dans la vie de Hye-won, 20 ans. Sur un coup de tête, elle décide de quitter la grande ville, laissant ses problèmes derrière elle. De retour au village, elle retrouve Jae-ha et Eun-sook, ses amis d’enfance. Alors que l’hiver se prépare, les journées de la jeune fille sont remplies de moments paisibles autour de repas préparés avec des ingrédients cultivés dans une nature préservée. Elle découvre peu à peu la véritable raison qui l’a poussée à revenir dans sa maison natale, où elle a vécu avec sa mère...
Critique :
#PetiteForet ou une pure séance cocon qui nous enlace avec douceur, un film littéralement en suspens dans le temps, sur le goût des bonnes choses et de la vie saine, à la nostalgie déchirante. Une ode naturelle à la liberté, incarnée avec prestance par la merveilleuse Kim Tae-ri pic.twitter.com/h6D971wdZF— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 3 juillet 2019
On ne vous le cache pas, le cinéma sud-coréen va mieux que bien, et c'est tant mieux.
Passé un festival de Cannes proprement exceptionnel, qui l'a vu repartir avec une Palme d'Or via la dernière claque signé Bong Joon-ho - le formidable Parasite, toujours en salles -, le voilà qu'il embellit déjà notre été ciné dès les premières heures de juillet, avec une pure séance cocon qui nous enlace avec douceur pour ne plus jamais nous lâcher : Petite Forêt de la méconnue Yim Soon-rye, porté par la révélation du chef-d'oeuvre Mademoiselle de Park Chan-Wook, la belle Kim Tae-ri.
Mise en images des bulles du manga Little Forest de Daisuke Igarashi (papa également du manga Les Enfants de la Mer, dont l'adaptation sur grand écran débarquera d'ici quelques jours dans les salles obscures hexagonales), transposée en Corée, le film suit l'histoire de la touchante Hyewon, une jeune femme dans la vingtaine qui quitte Seoul, où elle ne semble jamais vraiment avoir pu s'intégrer (des études ratées, des expériences sentimentales qui le furent tout autant), pour retrouver son village natale et faire le point sur son existence, à l'aube de l'arrivée de l'hiver.
S'il ne masque jamais vraiment l'un des thèmes centrales du cinéma asiatique de ses dernières années (les troubles et difficultés d'une jeunesse contemporaine à trouver sa voie et sa place dans la société), et qu'il ne laisse pas forcément non plus de côté le drame qui l'habite (la confrontation d'Hyewon à son passé, et notamment sa relation avec sa mère), le film de Soon-rye ne s'ankylose pourtant jamais de tout discours politique ou de traumas dramatiques, et préfère emprunter fougueusement et sincèrement la route du divertissement léger et ennivrant, sans véritable intrigue en son coeur.
Une véritable bulle de bienveillance faussement simpliste sur les petits plaisirs de la vie, entre le désir communicatif face à la nourriture (plusieurs séquences donnent faim, très faim), les retrouvailles avec des proches/amis et l'effervescence face à la beauté de dame nature, le tout emballé avec une mise en scène particulièrement séduisante, renforçant autant son charme que son caractère profondémment envoutant malgré l'universalité des moments qu'il dépeint.
Un métrage doudou littéralement en suspens dans le temps, sur le goût des bonnes choses et de la vie saine à la nostalgie déchirante, une pure exaltation sur pellicule de la liberté, incarnée avec prestance par une Kim Tae-ri qui nous fait succomber autant par son charisme que par sa candeur.
Notre existence n'est jamais plus belle que lorsquelle est simple, et au fond, le septième art aussi.
Jonathan Chevrier